De la déception mais un contrat rempli
La 50e édition de la Solitaire Urgo Le Figaro s’annonçait hors-normes avec un plateau unique, un parcours atypique et l’arrivée du tout nouveau Figaro Bénéteau 3. Elle s’est révélée hallucinante avec une météo complètement folle qui a distribué et rebattu en grand les cartes un certain nombre de fois, en témoigne le parcours d’Alexis Loison. Le skipper de Région Normandie, qui a d’emblée écopé de plus de 8h30 de retard sur le leader après une mauvaise option lourdement payée dans la première étape, s’est ensuite complètement relancé dans le match après un coup d’enfer aux abords de l’île d’Aurigny dans la troisième manche avant de voir ses espoirs de podium (et même de victoire) s’effondrer dans les derniers milles de l’ultime round. Au final, le Cherbourgeois ne manque la troisième place que de 17 petites minutes. Dérisoire après trois semaines de mer et 2000 milles parcourus entre Nantes, Kinsale, Roscoff et Dieppe. Si la déception est palpable chez le marin, celui-ci signe toutefois une très belle 5e place au classement général, son meilleur résultat sur l’épreuve depuis son arrivée sur le circuit.
« J’ai gros à gagner et gros à perdre, mais je suis prêt à jouer », avait lancé Alexis Loison avant le départ de la quatrième et dernière manche de la Solitaire Urgo Le Figaro. Le skipper de Région Normandie, qui occupait alors la 3e place au classement provisoire, pouvait tout aussi bien aller chercher la victoire que sortir du Top 10 à l’issue de ce dernier acte de 500 milles entre Roscoff et Dieppe via la Grande Basse de Portsall, Wolf Rock, Owers et Saint-Marcouf. Une ultime étape qui n’a, certes, pas ressemblé aux trois autres, mais qui a connu moultes rebondissements, des nouveaux départs et un nombre de changement de leaders conséquent. Alexis Loison a indiscutablement fait partie des grands animateurs de ce dernier round, menant les débats un long moment et enroulant en tête le phare de Wolf Rock, avant de connaitre des derniers milles plus difficiles et de boucler le parcours en 25e position, à trois quart d’heures du vainqueur, Éric Péron, mais surtout une poignée de minutes derrière Anthony Marchand et Corentin Douguet qui lui passent, de ce fait, devant au général. « Ça pique surtout ça m’est un peu tombé dessus comme ça. J’ai eu la sensation de bien maîtriser les 4/5 de l’étape, voire très bien et puis voilà… », explique Alexis qui rétrograde donc à la 5e place au classement, manquant le podium pour à peine 17 petites minutes. « C’est dur à vivre, c’est sûr, et en même temps, je me dis que je viens quand même de faire dans les cinq de ce Figaro. Un Top 5, c’était l’objectif de départ puisque je voulais améliorer mon meilleur score. Le contrat est rempli au final, mais c’est la manière qu’il aurait fallu un peu affiner, même si le résultat est évidemment top », détaille le navigateur normand qui, pour mémoire, avait terminé deux fois sixième de l’épreuve, en 2015 puis en 2016.
Déjà prêt à revenir plus fort
« Cette Solitaire a été dingue et faire cinquième de cette édition, ce n’est pas rien. J’améliore mon score, mais aussi ma façon de naviguer. Je montre vraiment que je suis ultra présent. Il ne manque pas grand-chose pour l’emporter et c’est à ça que je m’accroche aussi, parce qu’au final, je n’ai jamais été aussi proche », commente le skipper qui a navigué avec panache lors de ces trois dernières semaines puisque sur l’ensemble des quatre étapes courues, il a toujours mené au moins une fois. « J’ai ma façon de faire. Cela fait que parfois je me prends des revers un peu puissants, mais cela paie aussi quand ça passe. Je ne vais pas changer ma façon de naviguer, même si des petits ajustements sont nécessaires, notamment dans le registre du mental, même si j’ai fait un gros travail là-dessus. Je suis satisfait du boulot qui a été fait ces derniers mois, maintenant, on en découvre tous les jours. Je suis content de la façon dont je me suis entouré, que ce soit avec le Pôle Finistère Course au Large, avec Dominic Vittet pour la météo ou avec tous techniciens qui ont passé le bateau en revue pour la performance, le matelotage et le reste. Tous des gens avec lesquels j’avais vraiment envie de travailler ont tous répondu présents et de ça je suis très content », a ajouté Alexis d’ores et déjà prêt à revenir plus fort, et à enfin se hisser sur ce podium qui lui tend les bras, toujours avec le soutien de la Région Normandie, de Custo Pol et du Groupe FIVA.
Ils ont dit :
Hervé Morin, Président de la Région Normandie : « C’est une grande satisfaction de voir Alexis jouer les premiers rôles dans cette Solitaire du Figaro. C’est que nous espérions en faisant évoluer notre dispositif « Talent Normand » et en investissant dans un bateau. Alexis répond pleinement à nos espoirs et même au-delà ! Au travers de ses résultats, c’est toute la filière nautique normande qui est rassemblée et valorisée : l’excellence de la formation, la qualité des services et des plans d’eau, les savoir-faire des entreprises et de l’industrie, le dynamisme et le volontarisme des territoires normands »
Géry Trentesaux, Président de Géry Trentesaux Investissements : « Toute l’équipe de Courrier a suivi la course d’Alexis. Cette 50e édition de la Solitaire a été incroyable, d’abord de par des conditions météo, avec un manque de stabilité du vent sur un mois comme on en a rarement vu. La course n’a, de fait, pas été évidente. Des leaders ont pris une raclée et des challengers ont fait des prouesses. Une vingtaine de Figaristes sont d’un niveau excellent et dix d’entre eux peuvent gagner des étapes. Yoann Richomme, qui avait déjà fait forte impression sur la Route du Rhum, a une nouvelle fois été très impressionnant. Pour sa part, Alexis a fait un très beau Figaro et il manque de peu le podium. La voile est ainsi. C’est un jeu, avec du vent, des courants, des algues… Je le félicite néanmoins pour sa belle performance. »
Yannick Vergez, Président du Groupe FIVA : « Alexis manque le podium de peu. C’est décevant pour lui, évidemment. Jusqu’alors, il avait terminé plusieurs fois 6e. La victoire d’étape lui a échappée dans la manche n°3 alors qu’il l’avait dominée de A à Z. Il n’a pas eu trop de chance avec les algues à Ouessant et les minutes qu’il a concédées là à Anthony Marchand et Gildas Mahé sont probablement celles qui font la différence au bout du compte. Il méritait ce podium qu’il vise depuis un petit bout de temps, mais il y arrivera une prochaine fois. La Solitaire est toujours intéressante et cette année, je dois dire que ça a été vraiment passionnant. Le summum même, d’autant que les images de mer qui nous sont parvenues, je pense notamment à celles du passage d’Aurigny, ont été extraordinaires. »