Axel Allétru, dans le bon tempo
Axel Allétru, le pilote lillois, et François Beguin, son co-pilote, entament ce jour la sixième étape du Dakar en Arabie Saoudite, entre Ha’Il et Ryadh, à la 8ème position au classement général de la compétition dans la catégorie SSV et à la première en véhicule SSV de série. Très belle performance pour le duo #jepeux2020 qui peut légitimement avoir des ambitions puisqu’il se trouve à seulement 24 minutes des leaders à mi-parcours et avant la journée de repos demain. Entretien avec Axel Allétru qui rappelons-le est paraplégique…
- T’attendez-tu à ce que tu viens de vivre sur les 5 premières étapes de ton premier Dakar ?
Je ne suis pas surpris par ce que je viens de vivre. J’étais préparé à la dureté du Dakar. On sait que c’est le rallye le plus difficile au monde. Je m’attendais à ça. Je savais que ça allait être long et compliqué et qu’il faut prendre les choses par étapes. Nous avions, avec l’ensemble du team #jepeux2020, bien anticipé la logistique au bivouac et l’âpreté de la compétition.
- Quelles sont tes impressions de bizuth du Dakar ?
Je suis très content d’être là. Pour un débutant, j’ai évité pas mal de pièges. Nous avons emmagasiné de l’expérience en quelques jours. Mon vécu en motocross m’aide notamment dans la gestion du terrain. Cela me rappelle de bonnes sensations de moto. Je retrouve beaucoup de personnes du milieu de la moto ici. Cela fait chaud au cœur et nous partageons beaucoup.
- Quelle est la complexité du Dakar ?
Avec mon handicap, le Dakar est très, très dur. Je dirais même deux à trois fois plus difficile que les autres car le bivouac est dans le sable, je ne peux sortir de la voiture pendant les pauses. C’est un cercle infernal. Je passe plus de temps que quelqu’un d’autre dans la préparation. Je dois me lever plus tôt par exemple et c’est fatigant. Finalement, nous sommes perpétuellement à lutter contre le temps. Notre vie sur le Dakar est chronométrée. C’est la course contre la montre perpétuellement. Mais j’ai la chance d’avoir un co-pilote expérimenté. Je peux me reposer sur lui en course et me concentrer uniquement sur le pilotage. Merci à François d’accepter mon handicap et d’aller seul changer les pneus crevés ! Merci à l’équipe #jepeux2020, les trois autres équipages nordistes et belges notamment, et notre parfaite équipe de logistique.
- Comment te sens-tu physiquement ?
Je me sens dans un bon rythme. J’ai connu pire. Je fais, chaque soir, énormément de kiné afin de récupérer. Le plus compliqué pour moi est de devoir rester assis toute la journée dans la voiture. A un moment donné, il y a des crampes qui arrivent au niveau du dos et du cou et parfois je me dis : quand cette étape va-t-elle finir ? Une fois, le soir, la douche et la grosse séance de kiné passée, ça va… Je pense que je me suis bien préparé physiquement. J’arrive à encaisser le choc pour le moment et même si j’ai quelques douleurs, je passe outre au mental. J’ai l’impression d’être encore plus paralysé des jambes quand je suis en course à cause des vibrations. C’est une nouvelle sensation.
- Es-tu content de ta performance ?
Oui, nous faisons une belle course mais la route est encore longue. Nous sommes premiers en véhicule de série. Notre vitesse est limitée à 120 km/h et nous sommes devant des prototypes qui ont le droit d’aller jusque 130km/h, c’est une satisfaction. Notre défi est surtout d’aller jusqu’au bout et de couper la ligne d’arrivée. Vivement la journée de repos samedi… Elle va permettre de refaire la voiture et puis de se préparer pour la suite des événements avec du sable et des étapes « marathon ».