Le Roy de la Mini Transat
Pierre Le Roy a coupé la ligne d’arrivée de la deuxième étape de la Mini Transat Eurochef 2021 en tête à 14h02 en 13 jours 23 heures 2 minutes et 9 secondes. Le skipper lillois à bord du plan Raison TeamWork, remporte cette édition de la Mini Transat au classement général, dans la catégorie des prototypes, avec brio. C’est un véritable triomphe pour le météorologue de formation qui n’aura fait quasi aucune erreur sur ce deuxième acte entre Les Canaries et Saint-François en Guadeloupe. L’élégant Pierre entre dans la cour des grands mettant à distance suffisante ses adversaires directs pour gagner l’épreuve. Il avait un débours d’1 heure, 9 minutes et 19 secondes, sur Tanguy Bouroullec encore en mer, au terme de la première étape entre les Sables d’Olonne et Santa-Cruz.
Les impressions de Pierre à son arrivée : « Je suis hyper content. Jusqu’au bout, j’ai eu peur d’un retour. Je ne savais pas que j’étais premier avec autant de distance. C’est maintenant la libération ! Je me suis donné tout au long de cette deuxième étape sans jamais rien lâcher. Je voulais gagner et c’est fait ! Cela s’est joué vraiment sur la stratégie météo et non uniquement sur la vitesse de nos voiliers. J’avais un plan avant le départ et il a fonctionné. Je me suis fait confiance et j’ai donc fait les bons choix. Je voulais rempoter la Mini avec panache. Je crois que j’ai coché cette case. Je me suis fait mal physiquement et mentalement notamment avec les nombreuses sargasses qui m’ont causé des soucis. J’ai une grande pensée pour mon père qui nous a quitté lorsque j’ai reçu la coque de mon prototype. Je pense fort à lui. David Raison, l’architecte de mon bateau, a fait un voilier incroyable. A partir de 15 nœuds, il planait tout le temps. J’adore vraiment la course au large. Je souhaite dans l’avenir naviguer sur de plus grands voiliers, faire la Transat Jacques Vabre et la Route du Rhum et proposer mes services en routage météo. »
Flashback
Quelle course pour Pierre Le Roy ! Il avait déjà été un grand animateur de la première étape restant leader longtemps mais se faisant rattraper dans la dernière ligne droite sans grande conséquence au classement général provisoire. Sur la deuxième étape, malgré un départ moyen et quelques hésitations à cause d’un énorme anticyclone barrant la route vers les Antilles, Pierre a vite retrouvé ses esprits dirigeant son voilier au Sud au meilleur moment et jouant précisément les oscillations du vent, plaçant, dans le petit temps, des empannages au cordeau ! Il prenait alors le leadership et ne cessait de creuser sur ses adversaires, plongeant à la latitude de l’archipel du Cap-Vert, et réussissant en faisant de l’Ouest a enfin touché les alizés habituels. La suite se déroulait comme dans un bon roman puisque, le navigateur, qui a beaucoup navigué à Dunkerque, filait à belles vitesses en direction de la Guadeloupe avec une certaine insolence et beaucoup de maitrise. Au palmarès de la Mini Transat, Pierre succède à François Jambou et il devient le deuxième nordiste à gagner cette traversée de l’Atlantique en solo et surtout sans communication avec l’extérieur, après Thomas Ruyant en 2009, actuellement leader de la Transat Jacques Vabre, un signe ?
Un projet rondement mené
Cinquième de la Mini Transat 2019 dans la catégorie des voiliers de série, Pierre a très vite eu comme objectif suivant la victoire en prototype. Il a alors tout mis en place pour ce but final. Avec son compère Cédric Faron, Pierre a lancé la construction d’un voilier à étrave ronde signé de l’architecte David Raison, ancien vainqueur de la Mini avec TeamWork ! Mis à l’eau en février cette année, TeamWork, également soutenu par Arthur Loyd, Oslo, Custo Pol, et qui porte également les couleurs de l’association réseau Etincelle, a vite fait ses preuves. Pierre a cumulé cinq podiums en avant-saison dont une victoire en solitaire sur l’ancienne Transgascogne et en double sur le Mini Fastnet. Il s’est présenté fin septembre au départ de la Mini Transat Eurochef avec beaucoup d’assurance et la certitude qu’il pouvait aller au bout. Il achève ce jour une grande saison et va pouvoir désormais penser à sa la suite de sa carrière de marins sur les traces d’Yves Le Blévec, Ian Lipinski, Thomas Ruyant, Yannick Bestaven, Armel Tripon. Bob Salmon, fondateur de la Mini, en 1977, doit être heureux au paradis.