L’heure de Bourguès
Longtemps bras droit, homme à tout bien faire, « jack of all trades » de marins aux destinées sportives plus abouties, le Marseillais, breton d’adoption, Laurent Bourguès change radicalement de cap, et revient à ses rêves émergeants, la navigation au plus haut niveau.
Il sera dès le mois prochain à la barre de son Figaro Bénéteau3, en recherche assumée de performances, avant d’entamer dès 2024 une ambitieuse campagne autour de la construction d’un Ocean Fifty, cette excitante classe de multicoques de 50 pieds.
Débordant d’énergie, riche de près de deux décennies de gestion d’ambitieux projets de course au large et de construction de voiliers prototypes, Laurent entend sonner son heure. Bourguès, l’homme de projets, le marin, le compétiteur, est prêt. L’invitation aux partenaires est lancée et comme le souligne avec affection Thomas Ruyant, « il n’y a pas de trous dans la raquette Bourguès », un marin au fait d’une carrière marquée du sceau du professionnalisme et de l’engagement le plus absolu.
Professionnel jusqu’au bout des mitaines, mais aussi homme d’élégance et de principes, Laurent Bourguès aura attendu la victoire du projet LinkedOut dont il était le directeur technique dans la Transat Jacques Vabre en novembre dernier, pour annoncer à son skipper Thomas Ruyant sa décision de voguer dorénavant de ses propres voiles, vers ses horizons rêvés.
Préparateur d’Yvan Bourgnon, d’Yves Le Blévec, Tanguy de Lamotte et de tant d’autres projets océaniques, Laurent vient de passer 7 années d’une rare intensité aventureuse et technologique aux côtés de Thomas et de son Imoca LinkedOut. D’expériences à la tête d’un Team performant, à la proximité d’un marin au talent de mieux en mieux reconnu, il a aiguisé ses envies et affuté ses stratégies.
Dépourvu pour l’heure du soutien de tout partenaire financier, il construit sur son immense savoir-faire les bases d’un ambitieux parcours à venir. Le premier étage de la fusée Bourguès prend la forme du programme solitaire de la Classe Figaro. « Mon expérience à bord du Figaro 2 lors d’une Transat AG2R m’avait laissé sur ma faim techniquement » avoue-t’il. « Le Figaro 3 gomme nombre d’insuffisances de son prédécesseur et j’y prends mes aises avec facilité. » Une facilité qui s’accompagne pourtant d’un apprentissage que Laurent aborde avec son sérieux habituel. « Je sais la classe très compétitive, y compris dans son actuel renouvellement. Je connais mes forces et mes lacunes, que je travaille d’arrache pied au sein de Lorient Grand Large depuis janvier dernier. Je navigue beaucoup, en m’appuyant sur le vécu de Figaristes expérimentés. J’ai, grâce à la Mini (Deux participations en 2007 et 2009 ndlr) la connaissance du grand large. Ce sont les joutes au plus près des cailloux que je redoute. » Une spécificité de la Solitaire du Figaro inscrite en exergue de son programme.
Le circuit Ocean Fifty en ligne de mire
« C’est Yvan Bourgnon et son trimaran Orma qui m’ont véritablement mis le pied à l’étrier de la course au large voici près de 20 ans, lorsque je suis arrivé, fraichement émoulu de mes expériences Marseillaises en Laser et autres dériveurs » raconte Laurent. « J’ai pu ensuite enchainer avec de nombreux chantiers de préparation d’autres trimarans Orma (Gitana, Sodebo, Banque Populaire…).
Le multicoque est ainsi entré dans son ADN de coureurs au rythme des convoyages et navigations d’entrainement. « J’observe l’éclosion de la classe des Ocean Fifty avec appétit, et suite à ma saison en Figaro, j’inscris avec déterminisme une entrée rapide au sein de cette classe. J’ambitionne en effet de construire un trimaran de 50 pieds et de rejoindre ce circuit très attractif, très complet avec son mélange de régates inshore et de grandes classiques hauturières. »
La quarantaine rugissante
« Je me donne le temps de monter en puissance. Mon projet est ambitieux, car je me sais, à 40 ans révolus, à l’aube de mes meilleures années, fruit de décennies de travail au sein des teams les plus performants. Je sais oeuvrer en équipe, mettre les compétences au bon endroit dans le sens de l’intérêt général et du résultat sportif. Un bon classement chez les bizuts lors de la Solitaire serait un bon tremplin. J’ai toute une saison devant moi pour montrer ce que je sais faire sur l’eau et à terre. Je connais les ressorts du bon fonctionnement d’un team de haut niveau, avec son corollaire d’engagements auprès de partenaires motivés. L’heure est venue pour moi de me faire un nom et de partager et transmettre mon gout pour les défis et la course au large. »