MAXIME SOREL : D’UNE AVENTURE À L’AUTRE AVEC PASSION
Le navigateur Maxime Sorel, 10ème du dernier Vendée Globe, 5ème de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2022 est actuellement en phase de transition. Après une année vélique ponctuée par la naissance de son nouveau plan Verdier et de nombreux milles accumulés, Maxime passe en mode « montagne » afin de préparer sa tentative d’ascension de l’Everest. Elle débutera par une phase d’acclimatation dès début avril au Népal et un début d’aventure espéré début mai. Entretien…
- Comment se sont déroulés les jours après ton arrivée de la Route du Rhum, en Guadeloupe, à une très belle cinquième place ?
Nous avons fêté cette performance dès mon arrivée à Pointe-à-Pitre avec mes partenaires qui étaient 200 à être venus m’accueillir sur le ponton d’honneur à Pointe-à-Pitre. Cette arrivée a été intense en partage avec les collaborateurs de V and B, Monbana et du département de la Mayenne. Par la suite, j’étais très fatigué et j’ai fait une pause de cinq jours afin de commencer à recharger les batteries. J’ai enchaîné très vite en mer avec le convoyage retour en France auquel j’ai participé avec Gaston Morvan et Gurloës Terrien. Ce convoyage a été difficile pour moi, car il a fallu retrouver de la motivation après ma Route du Rhum, mais il était important que je continue à emmagasiner de l’expérience et des milles à bord du nouveau V and B – Monbana – Mayenne.
- Quels enseignements as-tu tirés de ta Route du Rhum et du convoyage retour ?
Cette cinquième place a été parfaite. Nous avons rempli beaucoup plus que nos objectifs initiaux en termes de communication, de satisfactions de nos partenaires et de mon équipe, techniquement et sportivement. Je crois pouvoir dire que nous avons fait un carton plein. L’IMOCA V and B – Monbana – Mayenne est sain et très performant. Le convoyage retour a également permis de continuer à apprendre et de cogiter sur de nombreux points d’amélioration comme les volumes des ballasts…
- Justement, en quoi va consister le chantier à venir de V and B – Monbana – Mayenne ?
Dès notre arrivée de convoyage à Concarneau, nous avons sorti le bateau de l’eau pour le mettre en chantier chez Kairos jusque mi-avril. L’idée est de démonter un maximum de pièces et de les vérifier. Nous avions aussi quelques sujets avant la Route du Rhum que nous avons réouverts. De plus, nous allons fabriquer des systèmes afin de rendre la vie à bord plus simple pour le bonhomme comme une nouvelle table à cartes, un matelas spécifique pour se reposer… Bref, on va revoir l’ergonomie. Nous allons aussi retravailler notre jeu de voiles en vue du Vendée Globe. Nous sommes également dans l’analyse des valeurs numériques accumulées lors des deux transats ce qui va nous permettre de partir sur des réglages de voiles plus fins et peu à peu gommer notre différentiel de vitesse par rapport aux leaders de la classe IMOCA ou en tout cas avoir une approche plus précise des angles d’attaque en mer en faisant les bons choix de voiles.
- Pendant ce temps, tu vas te préparer pour ta tentative d’ascension de l’Everest. Quel est ton quotidien ?
Je suis désormais à 90% à la montagne alors que mon équipe gère V and B – Monbana – Mayenne en Bretagne. L’idée est de se refaire une santé physique, car j’ai perdu beaucoup de masse musculaire, notamment dans les jambes, en mer. Pour finir, j’ai fait quasi une pause de 2 mois dans la préparation physique pour cette tentative. Je travaille très régulièrement avec un centre d’entraînement qui bénéficie de techniques avancées pour récupérer et habituer mon corps à manquer d’oxygène. Je vais ensuite enchaîner avec des stages en montagne pour pratiquer du ski de randonnée, des ascensions de cascades de glaces… ou tout simplement marcher avec le matériel que l’on aura pour l’Everest. L’objectif est de faire corps avec la montagne et de monter graduellement en puissance avant de partir pour le Népal.
- En quoi cette tentative va te servir pour ton métier de marin ?
Difficile comme question… Je n’ai pas encore vraiment la réponse. Je pense que cette tentative va surtout m’aider mentalement pour le prochain Vendée Globe. Je vais aller puiser d’autres choses en moi. Je vais également mieux connaître mon corps. Ce challenge est très ambitieux entre deux Vendée Globe et il va falloir qu’en juin j’arrive à repasser en mode « mer » facilement afin de préparer la Rolex Fastnet Race de juillet, le Défi Azimut en septembre et la Transat Jacques Vabre fin octobre. Cela ne sera pas si simple, mais j’aime les challenges.