Thomas Ruyant reprend le commandement
Le skipper nordiste du voilier LinkedOut Thomas Ruyant s’est emparé cette nuit de la tête du Vendée Globe. Il reprend le commandement de l’épreuve, une première place qu’il avait abandonnée on s’en souvient le 23 novembre dernier en Atlantique, aux prises avec des soucis de hook qui l’avaient contraint à arrêter son bateau pour grimper, à quatre reprises, en tête de mât. S’était ensuivit cette sérieuse avarie sur son foil bâbord. C’est ainsi sérieusement diminué sur le bord le plus usité en travers d’un Océan Indien des mauvais jours qu’il s‘est attaché à revenir, patiemment et en multipliant d’ingéniosité, sur le leader Apivia. Ce dernier vient à son tour de connaitre des soucis techniques qui permettent à Thomas, bien positionné en son Sud ces dernières 40 heures, de reprendre le leadership.
Si Thomas a impressionné Yannick Bestaven, la réciproque est aussi vraie ; « Yannick va très vite » raconte Ruyant. « Il est très bien revenu ces deniers deux jours, qui étaient très favorables aux foilers, avec un angle au vent et un état de mer propices à bien utiliser ces appendices. Je ne suis malheureusement pas sur le bon côté et je dois beaucoup « charger » le bateau pour avancer (mettre beaucoup de toile ndlr). En utilisant à fond mes ballasts et en portant beaucoup de toile, je fais giter le bateau et peux ainsi m’appuyer sur le coude restant de mon foil. Ce n’est pas de la navigation en vol mais cela me permet de m’accrocher ».
Thomas devrait, dans les toutes prochaines heures, empanner enfin sur le « bon bord ». « Je sens que le vent prend déjà de l’Ouest » décrit-il. « Vivement le Nord-Ouest, même si nous serons alors au portant dans le lit du vent, en vitesse vmg, qui n’est pas favorable à l’utilisation des foils, je me sentirai mieux de pouvoir ainsi profiter à 100% de mon bateau. »
Le Vendée Globe connait donc aujourd’hui un nouveau tournant, le leader Apivia à son tour contrarié par des avaries. Yannick Bestaven a réglé les siennes et repart de plus belle. Thomas s’est intelligemment laissé glisser au Sud, et profite ce matin d’un peu plus de pression que son adversaire. « Je suis désolé pour Charlie. J’ai été surpris de le voir ce matin quasiment arrêté » précise t’il, « Mais je ne vais pas ralentir. Je me suis battu pour être là où je suis aujourd’hui. Les prochaines heures sont propices à la vitesse, tandis que derrière, le groupe de chasse bute dans l’anticyclone. Je ne m’emballe pas. Je garde la tête froide, mais je suis content de me retrouver en tête après un demi-tour du monde. »
Les températures baissent drastiquement au fur et à mesure que LinkedOut plonge vers le Sud et les 50èmes. Thomas a sorti toute la panoplie de ses vêtement polaires. « Même avec les gants et le bonnet, ça caille à l’intérieur » s’amuse-t’il. Alors qu’il entrevoit la sortie de l’Océan Indien, un nouvel état d’esprit s’empare du skipper Nordiste. « Je vais découvrir le Pacifique, n’ayant pu y entrer il y a 4 ans suite à mon abandon au sud de la Nouvelle-Zélande. J’ai hâte d’y être, et j’espère que la mer y sera moins difficile que dans l’Indien. C’est apaisant de savoir que l’on n’aura pas de grosses tempêtes à venir. Je me concentre sur ma course, mes trajectoires et mon bateau. Je ressens une certaine sérénité. »