Rien ne va plus ! Records en vue !

Le report du départ de la 12ème édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe à mercredi 14 heures 15, a totalement rebattu la donne pour les 138 navigateurs en lice. A la corbeille les plans de route, routages et spéculations météos. Les solitaires s’élanceront avec en mains des cartes neuves, et en tête, de toutes nouvelles approches pour foncer vers la Guadeloupe. La route météorologique qui leur est proposée, certes moins « dantesque » que celle envisagée dimanche dernier, demeure dans la droite ligne des navigations automnales en Manche et dans le proche Atlantique. Mer forte, et une à deux dépressions à traverser restent au programme, mais sur un axe plus propice à faire route directe au Sud-Ouest, avec de jolies perspectives de voir l’autoroute des alizés s’ouvrir à bonne échéance, au point d’entendre ici et là, d’une Classe à l’autre, évoquer des perspectives de temps records.

Thomas Ruyant aura su, durant les heures hectiques qui ont suivi l’annonce du report du départ, rester dans sa routine et sa logique d’avant course. Moments privilégiés en famille, un peu de surf, le calme de Cancale et le skipper de LinkedOut accéléré par Advens n’aura en définitive pas perdu une once d’énergie. Sa tête est toute entière focalisée par le départ de mercredi, 14 heure 15, et les heures cruciales qui suivront le coup de canon. « Je fais un point régulier plusieurs fois par jour avec ma cellule météo, composée de Morgan Lagravière, Ronan Deshayes et Christian Dumard » explique Thomas. « Le scénario du départ s’affiche et s’imprègne en moi doucement, logiquement. Je suis de plus en plus mentalement dans ma course, Je visualise ce départ, qui sera tendu à n’en point douter car au près, face au vent, dans un étroit couloir délimité par la ligne de départ et la porte du Cap Fréhel. » 19 milles d’une navigation à haut risque, quand les différentes classes de la course tireront des bords de près, en solitaire, vers l’unique marque de parcours avant la Guadeloupe et la bouée de Basse-Terre. « Il est très important d’être tout de suite dans le tempo, au contact de la tête de course, dans le bon timing des manoeuvres » poursuit Ruyant. « Courants, trafic, zones d’exclusion, parc Eolien… c’est un départ sous haute tension, suivi d’emblée des premiers choix sratégiques. Il y aura un premier front à négocier très vite. Du point où on le traversera, dépendra la suite, avec de nombreuses bulles sans vent à éviter. Il peut se passer beaucoup de choses dès les premières 36 heures de course. »

Le dunkerquois se prépare ainsi à un début de course très engagé, marqué du sceau de la prudence. « Il y aura de la mer après la pointe de Bretagne et surtout, il ne faudra pas se tromper de trajectoire, si l’on veut se mettre en bonne position pour rallier rapidement les parties portantes du parcours. Si l’alizé continue de s’établir, les classes rapides, Ultimes, Ocean Fifty et Imoca pourront allonger la foulée et quelques records de classes pourraient tomber, les routages laissant entrevoir 10 à 11 jours de navigation pour les Imocas. »

LinkedOut rejoindra demain après-midi son mouillage d’attente devant Dinard. A 16h40, il partira du ponton et sera dans les écluses du Naye à 17h05. « J’ai grand hâte d’y être » conclut Thomas…

Record IMOCA sur le parcours de la Route du Rhum Saint Malo-Pointe à Pitre, 4 542 milles en 12 jours 4 heures 38 minutes et 55 secondes (François Gabart – 2014) 

Un baptême pour Vaincre la Mucoviscidose

En ce samedi, l’IMOCA V and B – Monbana – Mayenne mené par Maxime Sorel a été baptisé à 16h45 à Saint-Malo par Laurence Ferrari, journaliste, marraine nationale de l’association Vaincre la Mucoviscidose et Nils Berger, jeune patient atteint de la Mucoviscidose.

À quelques jours du départ de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, dans une ambiance au beau fixe, Maxime Sorel, parrain national de Vaincre la Mucoviscidose et ses partenaires en ont profité pour mettre en avant l’association, la recherche et ses patients. Rappelons que Maxime Sorel est engagé auprès de l’association depuis son enfance et que le Dragon représenté sur V and B – Monbana – Mayenne symbolise le souffle qui manque aux patients et le courage de croire en ses rêves…

Ils ont dit :

Laurence Ferrari, journaliste, marraine nationale de l’association Vaincre la Mucoviscidose, marraine du voilier V and B – Monbana – Mayenne : « C’est un grand honneur que Maxime m’a fait de me proposer d’être marraine de V and B – Monbana – Mayenne. C’est un joli cadeau parce que ce voilier est extraordinaire à tous points de vue, technique mais aussi humain. Puis, il porte les couleurs de l’association Vaincre la Mucoviscidose dont je suis marraine. C’est une responsabilité supplémentaire. Maxime porte magnifiquement l’association et il est à l’écoute des patients à travers ses nombreux défis. C’est une belle récompense pour notre association. Je suis très heureuse de soutenir ce projet. Nous allons suivre cette Route du Rhum de façon particulière. Derrière Maxime et son voilier, ce sont des milliers de jeunes malades qui ont beaucoup d’espoir car on a des traitements de plus en plus performants mais il reste un bout du chemin à accomplir. Nous avons encore besoin de dons pour faire avancer la recherche médicale. Il y a 30% des patients qui n’ont pas accès aux médicaments. Il est important de continuer à parler de l’association. Il y a 200 enfants qui naissent chaque année avec cette maladie. C’est une maladie extrêmement invalidante. Merci à Maxime et ses partenaires… »      

Nils Berger, 18 ans, patient atteint de la Mucoviscidose et parrain du voilier V and B – Monbana – Mayenne : « Je suis très fier d’être le parrain de ce splendide bateau qui porte un symbole très fort avec ce Dragon qui représente finalement le souffle qui nous manque. Par ce parrainage, je suis un peu l’ambassadeur de tous les patients notamment ceux qui n’ont pas encore accès au Kaftrio qui est un médicament très efficace. La prochaine étape est de le généraliser pour tous. Maxime nous donne beaucoup d’espoir. C’est un véritable exemple. Il nous inspire quotidiennement et il permet de faire connaître la maladie et la recherche. Nous en avons besoin. »   

Maxime Sorel, skipper du voilier V and B – Monbana – Mayenne, parrain national de Vaincre la Mucoviscidose : « C’est un réel honneur de prendre le départ de ma troisième Route du Rhum à bord d’un voilier neuf et prêt pour le grand départ. V and B – Monbana – Mayenne a déjà parcouru 4000 milles depuis sa mise à l’eau le 27 juin dernier. Je peux dire que c’est un bateau très bien construit et qu’il est bien né. Il ne cesse de m’étonner en termes de performance. D’autre part, c’est une fierté d’accompagner et de mettre en lumière, l’association Vaincre la Mucoviscidose dans mon projet. J’espère sincèrement être à la hauteur des enjeux qui touchent l’association notamment guérir un maximum de patients. Merci à Laurence Ferrari et Nils Berger de porter le même message que moi et d’avoir baptisé mon nouveau voilier. Merci à mes partenaires de me soutenir aussi fidèlement et pour une cause qui en vaut la peine. Cap sur la Guadeloupe ! »

Les partenaires V and B – Monbana – Mayenne : « Ce baptême a été un grand moment. Ce qui ressort en premier c’est le partage, la passion et l’humilité. Nous souhaitons beaucoup de réussite à Maxime et V and B – Monbana – Mayenne pour la Route du Rhum et pour la suite. Maxime est l’entrepreneur de ses rêves, il ose et anime son projet de main de maître. Au-delà du sport, notre défi est de soutenir un maximum l’association Vaincre la Mucoviscidose et mettre en avant ses initiatives. Que toutes nos forces soient avec lui et les nombreux patients atteints. »

David Fiant, président de Vaincre la Mucoviscidose : « Le baptême d’un bateau est un moment important dans la vie de son marin. Je suis heureux de voir Maxime prêt pour réussir ses objectifs à la barre d’un performant et superbe navire. Pour Vaincre la Mucoviscidose, c’est aussi la joie de voir notre combat voguer sur les océans, poussé par les vents, symbole si fort pour tous les malades à qui le souffle manque. Merci à Maxime de porter si haut nos valeurs avec autant d’allant et de générosité dans ses actions. Merci d’avoir permis à Niels de pouvoir être le parrain du bateau. Niels représente tous les malades qui ne peuvent prétendre aux derniers traitements contre la Mucoviscidose. Ils sont près de 2000 comme Niels à ressentir encore plus fortement dans leur chair la basse besogne de cette terrible maladie. Ainsi même si pour nombre d’entre nous, notre respiration est un filet d’air, nous sommes prêts à faire gonfler les voiles par le souffle de notre soutien. Alors va Dragon des mers ! Vole au-dessus des eaux, droit vers Pointe à Pitre ! »

Course mythique, voilier mythique

Même si le Belem ne sera pas sur la ligne de départ de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, le trois-mâts fera partie des festivités de la transat en solitaire qui a couronnée les plus grands comme Florence Arthaud, Philippe Poupon ou Laurent Bourgnon. Le navire sera visitable, à Saint-Malo, par le public les 29, 30, 31 octobre ainsi que les 1er et 6 novembre.

Christelle de Larauze, déléguée générale de la Fondation Belem : « En 2022, la route du Belem croise à nouveau celle de la Route du Rhum, 108 ans après sa dernière campagne transatlantique. Mais cette fois, il ne prend pas le départ mais encouragera, bassin Vauban, les voiliers les plus rapides au monde. L’aîné de tous les voiliers racontera, le temps d’une visite, les origines de la grande marine à voile. Surnommé « l’Antillais de Nantes », le Belem a été construit en 1896 pour ramener en France, depuis les Antilles et le Brésil, du rhum, de la canne à sucre et des fèves de cacao…. Et d’ailleurs, on y trouve toujours du rhum à bord, le rhum Belem de la maison Clément. »

Seul mais pas seul !

C’est bien en solitaire que Thibaut Vauchel-Camus, à bord de l’Ocean Fifty Solidaires En Peloton – ARSEP, va prendre le départ le 6 novembre prochain de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, mais c’est une véritable équipe qui se cache derrière le marin, originaire de Guadeloupe. Zoom sur l’entourage de Thibaut avec l’intéressé…

Un préparateur en chef

Laurent Gourmelon est le boat captain du Défi Voile Solidaires En Peloton depuis quelques années. Il est le bras droit technique de Thibaut. Il est donc un maillon très important dans les rouages de la mécanique sportive du troisième de la dernière Route du Rhum dans la catégorie des trimarans de 50 pieds Ocean Fifty. « Notre voilier sera totalement prêt au départ de la transat et c’est Laurent qui est le maître d’œuvre de la préparation technique » explique Thibaut. « Nous échangeons beaucoup quotidiennement. Il doit s’assurer que toutes les pièces du bateau soient opérationnelles pour la compétition. C’est mon homme de confiance sur tous les aspects  » technique ». Il a une vue d’ensemble de notre multicoque et agit en fonction de l’usure de certaines pièces, voire de casses à bord. Il anticipe les potentiels travaux comme les rouages des winchs par exemple. Nous partageons également nos réflexions quant à l’optimisation de notre machine, notamment au niveau ergonomique. Il est en quelque sorte la mémoire vive technique de notre projet à terre mais aussi en mer car il m’accompagne régulièrement sur les convoyages. Il a le mode d’emploi. Enfin, il est de précieux conseils s’il y a des soucis que je n’arrive pas à solutionner en course. » Laurent est accompagné dans sa tâche de préparation par Paul et Romuald.

Vincent Riou, routeur

Le vainqueur du Vendée Globe 2004 a navigué cette année avec Thibaut sur le Pro Sailing Tour. Il sera le routeur du projet lors de cette Route du Rhum. « Les multicoques, contrairement aux Class40 et aux IMOCA, ont le droit d’être routés sur cette épreuve car nous devons être beaucoup plus sur le pont en veille que sur des monocoques et nous ne pouvons pas passer trop de temps à la table à cartes, derrière notre ordinateur, à faire de l’analyse météorologiques » indique Thibaut. « Nous nous faisons donc aider par un routeur à terre qui est sur le pont de jour comme de nuit (au chaud chez lui) à proposer la trajectoire la plus rapide vers le but tout en restant sécuritaire. Vincent Riou, que je connais bien maintenant, me fera alors des propositions en fonction de la météo évidemment mais aussi des paramètres que je vais lui donner au fur et à mesure comme l’usure du bateau et du bonhomme, le temps que je vais mettre pour une manœuvre de changements de voiles etc… Il prend ensuite en toute confiance des décisions que je suivrai à la lettre car il aura de toute façon plus de recul que moi qui suis en mer, « au charbon » sur le sujet. »

Le cœur du projet

De son côté, Astrid van den Hove, qui accompagne Thibaut depuis  7 ans, est l’interface entre le monde extérieur et le Défi Voile Solidaires En Peloton, dixit Thibaut. « Astrid gère notre projet dans sa globalité. Elle est aussi un peu mon filtre perpétuel. Elle a un panel d’activités très larges puisqu’elle s’occupe des relations avec nos partenaires (avec Myriam Baron), avec la Fondation ARSEP et les patients atteints de la Sclérose En Plaques, des opérations de relations publiques, de la logistique des événements sportifs et des relations avec les organisateurs de courses, de l’administratif avec moi et de la communication du projet (graphisme, vidéo, stratégie, réseaux sociaux…), en collaboration, pour la presse, avec Tanguy Blondel. Par exemple, Astrid a mis en place toutes les opérations au départ de la Route du Rhum avec les écoliers et surtout autour de notre stand qui se voudra très fédérateur pour accueillir nos sympathisants supporters, patients et partenaires. De plus, Astrid est mon contact à terre lors des compétitions, hors Laurent pour la technique et Vincent pour le routage. Elle m’envoie aussi des compilations de messages d’encouragements au fil de mes épreuves et sera très opérationnelle à l’arrivée en Guadeloupe où nous aurons un large Fan-club, ce qui a une réelle importance pour moi car j’arrive à la maison ! »

Solidaires En Peloton

La marque sportive de la Fondation ARSEP, “Solidaires En Peloton”, est très active auprès du Défi Voile, ambassadeur des messages liés à la lutte contre la Sclérose En Plaques. « Danièle et Bernard Gentric, à l’origine de “Solidaires En Peloton”, sont bien présents. Leur engagement est très précieux. C’est un incroyable couple d’adolescents de 70 ans qui m’a aidé à impulser la dynamique de mon aventure sportive et sociétale » précise Thibaut. « Ils sont primordiaux pour nous car notre objectif premier, au-delà du sport, est de mettre en lumière cette foutue maladie, ses 120 000 patients atteints en France et la recherche. Quand j’ai un coup de mou en mer, alors que je suis seul au milieu de l’Atlantique, le fait de me dire qu’ils sont beaucoup de patients à me suivre m’aide à me surpasser et me rappelle que je suis là car je l’ai décidé, contrairement aux patients. »

La famille

« Angélique, ma femme, Tonie, ma petite fille, Clémentine, ma sœur, sont trois personnes qui comptent énormément pour moi dans la vie évidemment mais également quand je suis en mer. Elles me donnent beaucoup de force et me catalysent en quelque sorte car je suis exposé à des risques durant certaines phases. Je tiens un équilibre grâce à elles. Il serait plus compliqué de pratiquer mon métier de coureur au large si je n’étais pas autant soutenu par mes proches. »

Vous avez dit crise ?

La course au large n’est pas un long fleuve tranquille. C’est un sport mécanique et il y a toujours le risque qu’en mer il y ait des situations de crises liées à un gros problème technique ou physique… « Dans ces situations, je m’appuie à terre sur la direction de course et, pendant la Route du Rhum, j’aurais aussi le soutien de Victorien Erussard avec qui nous avons créé ce défi et qui a une grosse expérience. Il a déjà participé à la Route du Rhum et connaît très bien les spécificités de mon bateau. Il aura, si besoin, les bonnes attitudes pour épauler l’équipe et des solutions à apporter. Il sera appuyé d’un autre bon copain navigant à savoir Jérémie Lagarrigue. » 

Seul en mer mais tous derrière Thibaut !

Dans la peau de Nicolas Rondouin, non-voyant

Il est non-voyant. Il a 42 ans. Il est champion d’Europe de Blind Sailing, voile pour les aveugles. Nicolas participe activement à la vie du projet Class40 « A l’Aveugle – Trim Control » de François Jambou et Alexandre Le Gallais et suivra avec attention la Route du Rhum – Destination Guadeloupe du skipper concarnois. Le champion a beaucoup navigué avec François et son équipe ces derniers temps. 4 questions…

1) La voile est-elle accessible pour les non-voyants ?

Dans l’imaginaire, le sport de voile paraît totalement inadapté aux non-voyants. Dans les faits, ce n’est pas vrai et de nombreuses solutions sont arrivées pour faciliter la pratique. Il nous manque en effet la vue en navigation mais nous avons nos quatre autres sens pour nous aider et des technologies.

2) Comment les navigations se déroulent-elles alors ?

L’ouï et le touché sont très importants pour naviguer. Nous avons aussi les sensations du vent sur notre peau, les sensations de gîte qui nous donnent des indications sur l’allure. L’assiette du bateau est également un élément primordial qui nous donne des repères. Nous nous faisons aider de l’application SARA qui grâce à sa synthèse vocale nous donne de nombreux éléments comme les angles du vent, la profondeur, la distance à parcourir, les dangers via SARA navigation, les cartes… Les penons électroniques Trim Control imaginés par Michel Desjoyeaux sont enfin de bons indicateurs. Ils sont reliés à la centrale de navigation et nous permettent toujours via SARA de régler nos voiles, border ou choquer un centimètre ! En somme, la pratique de la voile par un non-voyant est maintenant tout à fait possible mais, pour ce qui est des bateaux de course au large, avec l’accompagnement d’un voyant obligatoire car nous ne pouvons pas être encore en totale autonomie. Je pense aux collisions par exemple. J’ajoute que le temps de préparation à la navigation est crucial. De mon côté, je demande toujours à faire le tour du bateau, souvent à quatre pattes, afin de repérer le plan de pont, le positionnement des winchs, l’emplacement des voiles…

3) Que penses-tu de ce défi « A l’Aveugle – Trim Control » sur la Route du Rhum ?

Je prends beaucoup de plaisir à être avec François Jambou et de naviguer avec lui. Cela a été le cas à plusieurs reprises et nous nous apprêtons à faire le convoyage entre Concarneau et Saint-Malo ensemble. Ce projet est une superbe vitrine qui va permettre, j’espère, à de plus en plus de non-voyants de sauter le pas et naviguer. La rencontre avec Michel Desjoyeaux a été aussi un grand moment. Nous avons navigué ensemble. Quand j’ai entendu sa voix à bord, je me suis dit : aucun doute, c’est le professeur ! Je tiens à remercier spécifiquement l’UNADEV et l’association Orion à Brest qui nous permettent de vivre ces expériences et qui nous aident à développer SARA notamment.

4) Comment vas-tu suivre la Route du Rhum de François ?

J’espère franchement que sur la cartographie de la course, on aura accès à des données via des fichiers excel. C’est la seule façon pour nous via « Voice Over » de l’I Phone de suivre la compétition.

La victoire, tout simplement

Off Groix, FRANCE – September 8 2022, Skipper Thomas Ruyant, Imoca Linkedout, Training prior for the route du rhum, on September 8, 2022 off Groix, France.
© Pierre Bouras

« Il me tarde d’y être ! » Thomas Ruyant, à un peu plus de deux semaines du départ d’un jalon majeur dans sa jeune et déjà riche carrière, la Route du Rhum-Destination Guadeloupe 12ème du nom, est à la joie et au bonheur de participer à ce qu’il considère avant tout comme une fête. Rassemblement des amis, réunion de tout un microcosme dédié à la mer et au sport de voile, rencontre avec les foules sentimentales, le Nordiste, Dunkerquois et carnavaleux dans l’âme, chérit ces moments rares pour un solitaire viscéral. Il se présentera ainsi devant Saint-Malo le 26 octobre prochain, animé de cette exaltation joyeuse, mais aussi d’une détermination sans faille à quérir le seul joyau digne de son engagement, la victoire à Pointe à Pitre.

Un LinkedOut au mieux de ses potentiels !

« Je n’en fais pas mystère, seule la victoire m’intéresse » lâche Thomas comme une évidence. « Notre LinkedOut, accéléré par Advens, est indiscutablement l’un des meilleurs bateaux de la flotte. D’autres voiliers de génération plus récente seront sur la ligne de départ, mais notre plan Verdier de 2019 est désormais parfaitement abouti, au meilleur de ses configurations et de ses évolutions. Il a encore progressé depuis la victoire l’an passé dans la Transat Jacques Vabre. Nous avons intégré les nombreuses réflexions suggérées par Morgan Lagravière et mes navigations de l’année m’ont mis en confiance… »

La confiance, le maître mot est lâché, dans une discipline nouvelle, celle des IMOCA volants, véritables fusées capables d’échapper de plus en plus longtemps, pour des vitesses de plus en plus échevelées, à l’élément liquide. « Nos Imoca à foils sont de plus en plus violents, brutaux. On ne s’habitue pas à cette violence, mais on l’anticipe, on la gère de mieux en mieux. C’est mon cas. En augmentant notre niveau de vigilance, de concentration, on parvient à vivre, plutôt que survivre dans la brutalité de nos voiliers. J’évolue ainsi avec de plus en plus de facilité à bord, y compris quand le bateau vole à plus de 30 noeuds. La Route du Rhum va se jouer aussi sur ce terrain de la capacité à encaisser cette violence dans la durée, car notre sprint ne durera pas 3 ou 4 jours comme les courses d’avant saison, mais bien une dizaine de jours. C’est cette aisance, nouvelle, qui crée chez moi l’impatience de partir, de vivre cette expérience du grand large à haute vitesse au dessus des flots. La pression ? Je me la mets tout seul, car mon seul objectif, est d’arriver premier… »

La grande fête Malouine

Et l’envie de partager, de communier est toujours aussi présente chez le Dunkerquois. « La Route du Rhum, c’est une vraie grande fête populaire. J’ai hâte de retrouver amis, candidats LinkedOut, concurrents, équipiers, partenaires et public autour des bassins. De tels temps forts de sont pas si courant dans notre sport, et un peu comme lors d’un départ de Vendée Globe, j’ai envie d’en profiter, de partager avec le public. Je fais juste attention à ne pas perdre d’énergie dans cet exercice, et je maintiens un bon niveau d’entretien physique. »
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