On dit souvent que l’on voit si un sportif est un champion quant il a la capacité à rebondir suite à quelques vicissitudes en termes de performance. Perrine Laffont, deuxième le week-end dernier en Italie en parallèle, vainqueure hier en single à Megève et aujourd’hui en parallèle, a démontré en peu de temps sa formidable capacité à rebondir suite à sa légère désillusion Olympique, quatrième à Pékin.
La Championne Olympique de ski de bosses 2018, totalement relâchée, a réalisé des runs d’anthologie sur la piste haut-savoyarde et ajoute un nouveau petit globe de Cristal à son palmarès, synonyme d’une nouvelle place de numéro 1 mondial en single.
L’athlète ariégeoise, 23 ans, n’en finit pas d’écrire l’histoire de son sport. Elle est à la tête ce jour d’une collection époustouflante avec pas moins de cinq petits globes de cristal de la discipline et deux gros globe Freestyle, 43 podiums en Coupe du Monde dont 26 victoires…
Quelle histoire ! Il y avait évidemment un peu de chagrin après Pékin pour Perrine Laffont mais la championne s’est remobilisée ces dernières semaines adaptant ses entraînements afin de trouver un équilibre entre un repos physique et psychologique nécessaire et la volonté de bien terminer sa saison en Coupe du Monde. Dès l’épreuve de Valmanenco le week-end dernier, la jeune pyrénéenne a démontré qu’elle était de retour à très, très haut niveau en terminant deuxième de l’épreuve parallèle et démontrant à ses coriaces adversaires qu’elle était toujours là et bien décidée à ne rien lâcher jusqu’aux épreuves ultimes en France à Megéve. Se coupant d’un maximum de sollicitations extérieures avant d’aborder les finales, entrant très tôt dans sa bulle, Perrine a trouvé les ressources pour se remettre dans les bons rails et afin de lâcher ses runs pour le plaisir, pour le fun et son amour du ski de bosses.
« Je suis heureuse de ces deux victoires devant les fans, ma famille, mon entourage qui m’ont donné beaucoup d’énergie. Je voulais profiter, prendre du plaisir sur ces runs de Megéve. C’est génial de finir en beauté ma saison en France. Cela ne pouvait pas finir mieux. L’adversité a été incroyable cette année et je tiens à féliciter mes concurrentes et également le staff de l’Equipe de France, la fédération Française de ski et mes partenaires. Ce matin, je ne me suis pas réveillée en très grande forme mais j’avais accumulé de la confiance hier et je connaissais mon niveau sur cette belle piste. J’ai pris les runs les uns après les autres et c’est passé ! Je continue à faire parti des meilleures de mon sport. Ce n’est pas la fin de l’ère Perrine Laffont ! »
Intégration des réfugiés par l’emploi : les acteurs s’engagent !
« La France prendra sa part dans l’accueil des réfugiés ukrainiens », a déclaré le président Emmanuel Macron lors de son allocution du 26 février dernier. Depuis le début de l’invasion russe, ils sont plus près de trois millions à avoir fui les combats et à avoir trouvé refuge à l’étranger selon l’ONU, principalement dans les pays de l’Union européenne.
Les Français ont fait preuve d’une grande solidarité vis-à-vis de l’Ukraine que ce soit à travers des dons, des manifestations de soutien ou en proposant des hébergements d’urgence aux réfugiés arrivés sur le territoire. Toutefois, il y a fort à parier que, passé le moment de l’émotion et avec les conséquences du conflit sur le pouvoir d’achat des ménages, la problématique de l’impact économique des réfugiés reviendra sur le devant de la scène. On a pu le constater lors des précédentes vagues migratoires les débats sur ce thème ont souvent été réduits à la question du coût de l’accueil. L’image alimentée par certains responsables politiques apparaît ainsi très éloignée de la réalité et masque les conséquences positives de l’intégration des réfugiés sur l’économie et la société.
TB PRESS IMPACT vous propose à travers cet article de revenir sur cette question en explorant les travaux académiques les plus récents. L’occasion également de pointer l’existence de dispositifs innovants mis en place par des acteurs engagés.
Lever les obstacles à l’accès à l’emploi des personnes réfugiées
Selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, il y avait en 2020 environ 436 000 personnes réfugiées en France, soit 0,65% de la population totale. Cette même année, la France a attribué près de 25 000 nouveaux titres de séjour au titre du droit d’asile, un document qui octroie à la fois un statut légal et qui permet aux réfugiés d’accéder au marché du travail.
Selon la littérature scientifique, le principal enjeu pour l’intégration des réfugiés et des demandeurs d’asile est de lever les obstacles qui pèsent sur leur accès à l’emploi. Les travaux les plus récents montrent que de nombreux facteurs entravent leur participation au marché du travail, bien qu’ils aient pour beaucoup des compétences à offrir et des expériences à faire valoir. De nombreux réfugiés vivent en effet un véritable parcours du combattant pour s’intégrer professionnellement : difficultés à faire reconnaître leurs compétences et qualifications, problèmes administratifs, barrière de la langue et difficultés d’ordre physique ou psychologique sont autant de freins à leur insertion professionnelle.
A titre d’exemple, le délai médian de traitement des dossiers était de 232 jours en 2020 auquel il faut ajouter en moyenne 7 mois pour la délivrance des premiers actes d’état civil, soit quasiment 15 mois d’attente, sans pouvoir être embauché. La Covid-19 a eu un impact certain sur l’allongement de ces délais et l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) s’est fixé pour objectif de ramener ce délai à 6 mois pour 2022. Un impératif si l’on se réfère à une étude réalisée par des chercheurs de l’université de Stanford[1] qui démontre qu’une année supplémentaire d’attente réduit le taux d’emploi des réfugiés de 16 à 23% par rapport au taux d’emploi moyen. Cet effet du temps supplémentaire sur l’emploi est selon eux davantage dû à un découragement d’ordre psychologique qu’à une détérioration des compétences.
Mobiliser tous les acteurs sur l’enjeu de la formation
Comme le rappelle le Conseil d’analyse économique[2], les programmes de formation et d’accompagnement jouent un rôle central dans l’intégration aussi bien sociale qu’économique. Depuis 2017, le ministère du Travail a ainsi lancé le dispositif HOPE, un programme qui combine un apprentissage intensif de la langue française, un apprentissage métier (avec l’obtention d’une qualification métier) ainsi qu’un hébergement, la restauration et un suivi administratif, social et médical tout au long du parcours. C’est ce caractère global de l’accompagnement qui fait sa réussite : selon un premier bilan, 70% des bénéficiaires accèdent à un emploi à l’issue du programme. Reste que celui-ci n’est ouvert qu’à 1 500 personnes par an en France. L’enjeu de l’intégration des réfugiés nécessite donc une mobilisation plus large, de l’ensemble les acteurs, et notamment un engagement fort du secteur privé comme le montre l’exemple de l’Allemagne.
Une étude réalisée par l’agence pour l’emploi allemande montre en effet que cinq ans après l’accueil de plus d’un million de réfugiés syriens, le bilan en termes d’intégration sur le marché de l’emploi est sans appel : environ la moitié des réfugiés étaient en emploi et plus de la moitié d’entre eux occupaient des emplois spécialisés ou nécessitant un niveau de qualification élevé. Le rôle actif joué par les entreprises dans leur intégration a été une des clefs de cette réussite car elles se sont massivement mobilisées pour former les réfugiés, à la fois sur les aspects techniques et linguistiques, et leur permettre de pourvoir des postes dans des secteurs soumis à de fortes difficultés de recrutement. La nature du tissu économique allemand, composé de nombreuses entreprises familiales, de taille intermédiaire et avec un fort ancrage local, a également été déterminant pour faciliter l’intégration des réfugiés sur le marché du travail.
Une triple opportunité pour les entreprises
En France aussi, les réfugiés constituent un vivier de compétences non négligeable. Car, il faut le rappeler, en dépit d’un taux de chômage toujours très élevé, de nombreux secteurs d’activité sont confrontés à une pénurie récurrente de main-d’œuvre. C’est notamment le cas de la grande distribution, du bâtiment, des services à la personne, de l’industrie ou encore du numérique. Au total, près de 900 000 projets de recrutement étaient jugés difficiles par les recruteurs en 2021 selon une enquête sur les besoins de main d’œuvre réalisée par Pôle emploi, avec pour conséquence un manque à gagner important en termes de croissance et de création de valeur.
Favoriser l’accueil et la bonne intégration des réfugiés représente donc un puissant levier pour stimuler l’activité économique. Pour les entreprises, les bénéfices sont mêmes plus larges car l’embauche de personnes réfugiées présente en réalité une triple opportunité : outre le fait qu’elle leur permette de répondre aux difficultés de recrutement, elle offre aussi la possibilité d’agir concrètement en faveur de la diversité des talents et des profils au sein des équipes et d’enrichir la culture d’entreprise. Selon une étude réalisée par Deloitte[3], cette diversité est source de créativité et d’innovation et confère aux entreprises un plus grand avantage concurrentiel. Les entreprises pratiquant une politique inclusive génèrent jusqu’à 30% de chiffre d’affaires supplémentaire.
De nombreux acteurs partagent déjà ce constat et se sont engagés en faveur de l’intégration des réfugiés. La création du collectif « Refugees are talents », qui regroupe dix grands groupes français et internationaux de secteurs variés (Accor, Adecco, Barilla, BNP Paribas, Ikea, Ipsos, Keolis, L’Oréal, Michelin, Sodexo) témoigne de cette volonté forte des entreprises de contribuer à changer le regard sur les réfugiés. C’est aussi un moyen pour ces entreprises d’attirer plus de talents attachés à la responsabilité citoyenne de leurs employeurs. Le rôle des structures associatives est également à souligner car elles sont nombreuses à mettre en place des solutions innovantes. On peut notamment citer des associations telles que Kodiko qui accompagne les personnes réfugiées dans leur insertion professionnelle et leur recherche d’emploi à travers du mentorat, LinkedOut qui met en relation des personnes en précarité, dont des réfugiés, en recherche d’emploi avec un réseau d’entreprises ou encore Tous tes possibles qui accompagne la construction du projet professionnel d’étudiants refugiés.
[1] Hainmueller et al., 2016, « When lives are put on hold: Lengthy asylum processes decrease employment among refugees », Science Advances, vol. 2, août.
[2] Auriol E., Péron M., Rousseaux P., 2021, « Quel est l’impact économique de l’accueil des réfugiés ? », Conseil d’analyse économique, novembre.
[3] Deloitte, 2020, « Diversité et inclusion. Faire de l’inclusion un levier de transformation des organisations », janvier.
“Depuis que je suis venue au Havre, j’ai retrouvé la joie de vivre, j’ai envie de me battre.” Ces mots sont d’Annie – candidate LinkedOut – suite à sa participation en novembre dernier au départ de la Transat Jacques Vabre aux côtés du voilier accéléré par Advens et skippé par le navigateur nordiste Thomas Ruyant. Comme beaucoup de personnes en précarité, Annie recherche un emploi. Elle a intégré le programme LinkedOut, le réseau de ceux qui en n’ont pas, fondé par l’association Entourage, et qui a pour objectif d’accompagner et coacher les exclus afin qu’ils retrouvent un job tout en sensibilisant un maximum d’entreprises au recrutement inclusif. Depuis 2019, Advens, leader indépendant de la cybersécurité en France, Thomas Ruyant et sa structure TR Racing, ont décidé de donner le naming de leur voilier à LinkedOut. Zoom…
230 candidats accompagnés
L’association SPORSORA ne s’est pas trompée lorsqu’elle a remis en 2021 le prix du sponsoring innovant à Advens à la suite de la 6ème position de Thomas Ruyant lors du Vendée Globe sur son voilier aux couleurs de LinkedOut. Le défi monté par Thomas Ruyant et Alexandre Fayeulle, Fondateur d’Advens, était totalement inédit, « un OFNI marketing », quand le sponsor a décidé de donner le naming du voilier volant de Thomas à LinkedOut.
En l’espace d’un Tour du Monde en solitaire et sans escale, puis d’une belle année 2021 ponctuée notamment par une victoire éclatante sur la Transat Jacques Vabre, la notoriété de LinkedOut a explosé. Le grand public a partagé 215 239 fois les CV des candidats à travers la plateforme internet et intelligente de LinkedOut, plus de 230 candidats ont été accompagnés vers l’emploi grâce à l’action des équipes de LinkedOut et depuis sa création, 61% ont retrouvé un emploi, 600 offres ont été diffusées sur le web, 93% des personnes en précarité intégrées au programme LinkedOut se sentent boostées et remobilisées dans leur recherche d’emploi et ce sont plus de 70 entreprises, dont Advens, qui ont recruté des candidats.
Une visibilité incroyable !
“La visibilité donnée par le bateau est incroyable et a permis au programme de prendre une autre dimension ! » indique Amandine Milcent, directrice du projet LinkedOut chez Entourage. « Nous l’avons vécu avec le Vendée Globe, qui était une sacrée opération, puis à nouveau lors de la Transat Jacques Vabre. Pendant cette dernière course, 44 entreprises nous ont contactés et ont déposé des offres sur la plateforme, soit 6 fois plus que d’habitude sur une même période, et le site internet a reçu plus de 10 000 visites ! Ce sont des chiffres impressionnants, qui illustrent la mise en lumière du projet donnée par le bateau LinkedOut. Cette aventure a été rendue possible par Advens, que nous remercions encore leur immense générosité .”
Advens, entreprise engagée
Du côté d’Advens, ce geste fort est une évidence. Le leader indépendant de la cybersécurité en France – qui souhaite mettre sa performance économique au service d’un impact sociétal et environnemental fort – s’est pleinement engagé en faveur de l’inclusion. Au-delà du sponsoring impactant, c’est une véritable prise de conscience pour l’entreprise et ses collaborateurs qui les a décidés à aller plus loin dans la lutte contre l’exclusion. Après la sensibilisation des équipes aux enjeux de l’inclusion, près de 10% d’entre-elles se sont portés volontaires pour être coachs de candidats, des initiatives de dons et mécénat de compétence se sont déployées, un premier candidat a été recruté… Évoluant d’un pas décidé sur la voie de l’engagement, l’entreprise Advens vient de mettre en place un dispositif sociétal d’un nouveau monde !
« Le numérique est partout, la cybersécurité est indispensable au bon fonctionnement des organisations, elle sert à faire tourner le monde, et à le protéger. C’est essentiel, mais pour nous, ce n’est pas suffisant » déclare Alexandre Fayeulle, Fondateur d’Advens. « Face aux urgences sociétales et environnementales, nous devons tous agir : chaque entreprise, chaque collaborateur, chaque citoyen. A travers la course au changement pour l’Inclusion que nous avons initiée avec LinkedOut et grâce à l’engagement de Thomas, nous agissons comme un accélérateur pour remettre à l’emploi les personnes en précarité. Nous sommes sur la bonne voie depuis notre Vendée Globe et notre victoire sur la Transat Jacques Vabre. 2022 sera encore plus fort et nous comptons continuer à propulser LinkedOut notamment lors de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. »
Donner du sens à la performance
« C’est un devoir » renchérit Thomas Ruyant. « Je pratique un sport très Solitaire bien qu’accompagné par une équipe. Depuis longtemps, je suis persuadé que les sportifs de haut niveau ont eux aussi un rôle à jouer et peuvent aller plus loin et contribuer au changement de notre monde. C’est une réelle fierté de porter les couleurs de LinkedOut et de pouvoir mettre mes performances au service des personnes en précarité qui ont elles aussi des compétences mais pas de réseau ni de reconnaissance. »
Après la voile, le football pour LinkedOut
C’est également une raison d’être pour le Groupe Randstad France qui, en voyant l’initiative d’Advens, a décidé d’offrir la visibilité du maillot des joueurs de football du célèbre club de foot Red Star, créé il y a 125 ans sur les bases de la mixité sociale. La course au changement pour l’inclusion ne cesse d’accélérer. Rendez-vous au fil de la saison du voilier LinkedOut et au départ de la Route du Rhum le 6 novembre à Saint-Malo !
Le grand départ du Belem en mer approche à grand pas. Le trois-mâts, son équipage et ses stagiaires embarqués appareilleront le 4 avril à 10h du Havre où le navire s’est refait une beauté cet hiver et en direction de Cherbourg, un premier séjour de navigation de 4 jours très attendu ! D’ici là, la Fondation Belem ouvrira le Belem au grand public les 19 et 20 mars et les 26 et 27 mars pour des visites quai du Cameroun toujours au Havre.
Ces visites payantes se tiendront de 10 à 18 heures ces 4 journées, une nouvelle occasion pour les Havrais, les normands et les touristes de découvrir ce musée flottant et notamment son petit roof qui a été restauré ces derniers mois !
Des visites scolaires seront également proposées la dernière quinzaine de Mars en collaboration avec la ville du Havre.
L’hivernage du Belem au Havre s’est déroulé avec le soutien constant de la ville du Havre, HAROPA PORT et le mécène historique de la fondation Belem, la Caisse d’Epargne Normandie.
La visite libre du Belem propose un voyage dans le temps guidé par 20 panneaux répartis sur les trois niveaux du navire et imprimés sur des voiles de bateaux. Un choix de matières respectueux de la nature du monument et de son authenticité. Ces panneaux décrivent l’usage des 17 espaces présentés, tout en rappelant leurs différents rôles et transformations successives. Des panneaux plus techniques expliquent les spécificités du gréement et caractéristiques du navire. Chaque visiteur reçoit un guide de visite très complet et peut interroger l’équipage mobilisé pour partager ses connaissances et sa passion.
Parcours classique :
• gratuit pour les moins de 6 ans, 4 € de 6 à 12 ans, 8 €
• Moins de 6 ans : gratuit
• De 6 à 12 ans : 4 €
• Plus de 12 ans : 8 €
Amis du Belem : gratuit, sur présentation de la ecard 2022 (envoyée par email)
Pierre Le Roy, grand vainqueur de la Mini Transat 2021 dans la catégorie des voiliers-prototypes, sera bientôt, très bientôt de retour en mer à bord de TeamWork. Le navigateur lillois, météorologue à Météo France dans la vie, a décidé de revenir à la compétition en prolongeant son histoire sur le circuit Mini à bord de son récent plan Raison qui a fait merveille entre Les Sables d’Olonne et la Guadeloupe à l’automne dernier. Pierre profitera également de cette saison pour construire d’autres projets de course au large, emmagasiner des expériences différentes sur d’autres supports et conseiller certains skippers en météo notamment à l’approche de la Route du Rhum. Il rêve aussi de Vendée Globe !
Retour en Mini
Le marin nordiste, après sa magistrale victoire sur la Mini Transat, a vite repris le chemin du travail chez Météo France à Villeneuve d’Asq (59). Il a aussi savouré sa performance tout en réfléchissant à son avenir au grand large. « Cette victoire a été incroyable. Elle m’a conforté dans mes choix et dans mes méthodes d’appréhension de la compétition à la voile » déclare Pierre. « J’avais décidé avant le départ de la Mini Transat de repartir pour une saison car mon voilier est récent et j’ai envie de profiter de ses capacités. Ce n’est pas souvent dans une vie de marins que l’on navigue sur une telle unité ! »
Il fallait donc ces derniers mois concocter un programme et également se projeter. « L’entreprise TeamWork a été ravie de notre collaboration sur la Mini Transat et a reconduit notre partenariat pour 2022. Je vais participer à la Lorient Plastimo début avril avec mon coach Tanguy Leglatin. J’ai encore une marge de progression. Tanguy va m’aider à franchir un nouveau cap. Je serai ensuite au départ de la Mini en Mai, ma course préférée. » Pierre se présentera par la suite sur Les Sables – Les Açores, l’objectif principal de son année sur le circuit très convoité des Mini 6.50.
Pierre, le conseiller
Entre temps, il continuera certainement à naviguer avec Nils Palmieri, l’autre skipper TeamWork qui évolue en Figaro Bénéteau et avec qui il a enchaîné les sorties cet hiver. De plus, Pierre conseillera un skipper IMOCA en météo cette année et pour la Route du Rhum tout en animant quelques conférences. « Ma passion pour la météo va m’amener naturellement à conseiller certains marins et pourquoi en router. Je vais intervenir aussi dans des conférences dont la thématique est comment les dernières technologies en matière de météo peuvent faire gagner des courses et des entreprises dans leur business ? »
Le Vendée Globe 2028 en ligne de mire
Et après ? : « Je rêve comme beaucoup du Vendée Globe. Je me fixe comme but d’être au départ de la Route du Rhum 2026 à bord d’un IMOCA tout en ayant déjà construit un projet pour la Transat Jacques Vabre 2025 et en ayant dans le collimateur le Vendée Globe 2028. Mon idée, à l’instar de ce que j’ai fait en Mini est d’apprivoiser un voilier à foil « première génération » et d’y aller étapes par étapes afin de progresser graduellement. Je ne suis pas contre, enfin, d’une première expérience sur ce circuit des voiliers du Vendée Globe dès 2023 et la Transat Jacques Vabre en tant que co-skipper. »
Elle a les yeux qui pétillent. Elle vient de naviguer en baie de Fort-de-France à bord de l’Ocean Fifty Solidaires En Peloton – ARSEP. Elle est atteinte de la Sclérose En Plaques, comme 120 000 autres patients en France. Thibaut Vauchel-Camus a profité de l’arrivée de la Transat Jacques Vabre pour inviter des personnes atteintes de la SEP à bord de son bolide. Le trimaran vole littéralement sur l’eau. Il pointe au-delà des 30 nœuds. Les invités sont heureux. Ils sont à bord de leur “voilier-ambassadeur”, aux couleurs de la Fondation ARSEP dédiée à la recherche médicale afin de lutter contre cette « foutue » maladie, toujours incurable.
Cette année, le Défi Voile Solidaires En Peloton, instigué par Thibaut et Victorien Erussard, fête ses 10 ans et continue, avec l’aide de ses mécènes, sa mission sportive et solidaire avec pour but d’améliorer la vie des patients atteints de la Sclérose En Plaques par la pratique du sport et le rêve qu’apporte la course au grand large
« Il existe de nombreuses allégories entre la vie de marin et celle des patients. En mer, je lutte contre les éléments, je dois faire face à une météo changeante, à des coups de baston, à des accalmies qui mettent le moral à rude épreuve. En revanche, et à la différence des patients, ce sont des problèmes que j’ai choisi. » relate Thibaut qui a pour objectif net et précis de remporter la Route du Rhum – Destination Guadeloupe en Ocean Fifty, lui l’enfant de cette course, originaire de Guadeloupe et vivant à Cancale, tout près de la ligne de départ !
« Notre aventure a 10 ans cette année et elle est la preuve que l’on peut faire du sport de haut niveau et avoir un impact sur la société en portant les couleurs d’une institution comme la Fondation ARSEP, le tout grâce à l’appui constant de mécènes qui savent se mettre en retrait au profit d’une cause. »
Thibaut et Victorien, sacré duo
Tout a débuté en 2012. Victorien et Thibaut avaient la volonté de monter ensemble un projet à multiples partenaires et surtout avec du sens, une « utilité » selon les mots de Thibaut. « Aux détours d’une conversation avec des amis, on nous parle de Sandrine, une patiente atteinte de Sclérose En Plaques. On nous explique que le moral est très important au fil de cette maladie, qu’elle n’est pas non plus très connue et qu’il est important de la mettre en avant, autant pour l’aide à la recherche que pour le moral des malades. » C’est parti !
Les deux compères se rendent à Paris à la rencontre de la Fondation ARSEP. Ils rencontrent Bernard Gentric, alors vice-président. Bernard vient de créer la marque sportive de la Fondation : “Solidaires En Peloton”, le timing est bon ! « Nous expliquons notre idée à la Fondation, à savoir réunir des mécènes pour financer le défi, mettre en lumière la SEP, faire naviguer des patients et collecter des dons pour la recherche. »
Le Défi Voile Solidaires En Peloton est né.
Thibaut et Victorien veulent démarrer avec un projet de Tour de France à la Voile. « Hélas, nous n’arrivons pas à le financer mais nous mettons un voilier de course-croisière aux couleurs de la Fondation et, dès 2012, nous faisons naviguer des patients en plus de notre engagement sur le circuit Formule 18 jusqu’en 2014 avec à la clé, deux titres de Champions de France » indique Thibaut.
Abnégation
En mai 2013, Victorien et Thibaut louent un Class40 et en novembre, ils prennent le départ de la Transat Jacques Vabre. La compétition Atlantique en double part non pas le dimanche comme d’habitude, car la tempête sévit en Manche mais le mercredi. La flotte doit même faire une escale forcée à Roscoff avant de repartir. « Dans un front violent, nous connaissons des problèmes de voile et d’électronique. Nous effectuons une nouvelle escale à Cascaïs cette fois. » Le duo repart avec 48 heures de retard sur les leaders. Peu à peu, au fil des milles en direction du Brésil, le tandem revient dans la course et termine à une belle 11ème place. La Fondation ARSEP, et les patients surtout, sont conquis par l’abnégation des marins. « Nous n’abandonnons pas. Nous nous battons jusqu’à la ligne d’arrivée. Cette résilience parle aux patients » raconte Thibaut.
Le patron de Concept Ty, mécène du projet, propose dès la fin 2013 à Victorien et Thibaut d’aller plus loin pour être plus performant. La construction d’un Class40 neuf débute, un plan Manuard, dernier cri. Victorien qui se projette déjà sur son projet actuel, Energy Observer, passe le flambeau à Thibaut. « J’étais le skipper-remplaçant lors de sa participation à la Route du Rhum 2006 en Multi50. Il m’avait dit à l’arrivée : la prochaine fois, c’est toi que je viendrais accueillir à Pointe-à-Pitre. »
Des dons pour la recherche médicale
Cette promesse est honorée à l’arrivée de la Route du Rhum 2014 à laquelle Thibaut fait deuxième ! Il est autant galvanisé de rendre son métier utile en boostant les patients atteints de la SEP que d’être accueilli comme un roi en tant que premier Guadeloupéen !
Les navigations s’enchaînent avec les patients. A l’issue de la saison 2014, grâce à plusieurs ventes de goodies et d’opérations Solidaires de ses mécènes, les marins remettent un chèque de 53 000 € à la Fondation. Le Défi Voile Solidaires En Peloton prend tout son sens.
En 2015, le monocoque Solidaires En Peloton – ARSEP remporte le Championnat Class40 et clôt la Transat Jacques Vabre à la 4ème place. En 2016, Thibaut gagne sa première grande course au large en solitaire, la mythique The Transat (ex Transat Anglaise), courue dans des conditions dantesques.
Une Route du Rhum 2018 au parfum de victoire
En 2017, Thibaut et ses fidèles mécènes décident de continuer cette aventure sportive et solidaire et de passer à la vitesse supérieure. Un trimaran Ocean Fifty est mis en construction. Thibaut profite de ce chantier pour revenir à ses premières amours sur des compétitions en catamarans rapides et volants, le Flying Phantom (3ème du championnat). Le trimaran de 50 pieds sera mis à l’eau en janvier 2018 et plus de 500 invités dont 80 patients embarqueront cette année-là. Thibaut s’illustre et gagne la DRHeam Cup. Il réalise une superbe Route du Rhum, montant sur la troisième marche du podium après une escale express aux Açores, chariot de Grand-voile cassé, alors qu’il était en tête. À son arrivée en Guadeloupe, l’enfant du pays est attendu en héros. La foule l’applaudit. Des patients sont sur le ponton. Thibaut, éreinté par la mer, tombe dans leur bras. C’est beau !
En 2019, Thibaut s’associe à Fred Duthil et signe une deuxième place sur la Transat Jacques Vabre. En 2020, alors que la crise sanitaire est entrée dans les vies et altère considérablement le programme de compétitions, le Défi Voile Solidaires En Peloton crée le “SEPtour”, 12 escales sur le littoral français à la rencontre des patients.
Le Pro Sailing Tour
En 2021, le Pro Sailing Tour fait son entrée. Les Ocean Fifty ont enfin un circuit dédié à leur classe de trimaran et une docu série produite grâce à des médiamans collés aux basques des équipiers durant toutes les courses !
Lors de la Transat Jacques Vabre de la même année, Thibaut et Fred (Duthil à nouveau) sont aux prises avec une déchirure conséquente de voile d’avant et n’obtiennent pas le résultat escompté. Ils apportent malgré tout une nouvelle fois beaucoup d’énergie à toute une communauté.
« Je vis avec ce projet des moments de dingue à la fois en mer, souvent seul, mais surtout avec les patients qui m’apportent vraiment. Nous avons des moments de partage très très forts. C’est fabuleux. »
Fin novembre 2021, l’Ocean Fifty Solidaires En Peloton-ARSEP fonce sur le plan d’eau martiniquais. D’autres patients embarquent. Ils sont ravis. Thibaut leur donne la barre, leur explique le fonctionnement de sa machine à vent. Distribution de sourires, une parenthèse enchantée dans la vie de personnes qui sont en difficulté physique et morale. 10 ans déjà, vive 2032 !