LinkedOut, vainqueur de la Transat Jacques Vabre catégorie Imoca

Thomas Ruyant et Morgan Lagravière ont franchi aujourd’hui jeudi 25 Novembre, à 14 heures 48 minutes et 10 secondes, heure métropolitaine, la ligne d’arrivée de la 15ème Transat Jacques Vabre à Fort de France, Martinique. Le duo aura mis 18 jours, 1 heure, 21 minutes et 10 secondes pour parcourir les 5 800 milles théoriques depuis Le Havre à la vitesse moyenne de 13,27 nœuds, mais il a réellement parcouru 6691,30 milles à 15,44 nœuds sous les couleurs de LinkedOut, le réseau qui remet à l’emploi les personnes en grande précarité, et Advens, premier pure-player français de la cybersécurité.

Thomas et Morgan remportent ainsi leur première grande victoire sur une classique transatlantique en Imoca. Un succès véritablement à mettre au crédit de l’exceptionnel complémentarité des deux marins aux profils, aux caractères profondément différents, réunis par une même passion pour la compétitions, la glisse et la performance vélique. Thomas s’est affirmé sur la partie stratégique, météo, gestion du bateau et Morgan a apporté toutes ses qualités de fin régatier et son expertise dans la gestion des trajectoire et du placement par rapport aux concurrents.

En associant leurs talent respectifs, ils sont parvenus à pousser leur plan Verdier à foils de 2019 au meilleur de ses capacités. Tenir ainsi sur la durée dans le « range » supérieur des potentiels du bateau, a nécessité un niveau d’engagement rare, une application de tous les instants aux réglages, à la recherche exacerbée du millième de noeuds qui ont forgé petit à petit leur succès. Face à une opposition des plus relevées, LinkedOut a régné avec  très peu de partage, en tête à plusieurs reprises depuis le départ du Havre, jamais classé au-delà de la 5ème place, et leader incontesté et sans discontinué depuis le 16 novembre dernier.

Leurs trajectoires sur ce parcours inédit de la Jacques Vabre, rendu complexe par ce passage à Fernando de Noronha, ont frisé le sans faute, toujours en phase avec des conditions météos, notamment ces alizés particulièrement erratiques, changeantes et inhabituelles pour la saison. Leurs choix de route aux moments névralgique de la course, lors des passages du Cap Vert notamment, se sont avérés judicieux pour s’emparer du commandement, et ouvrir la voie du pot au Noir, toujours en contrôle de leurs adversaires. La longue remontée de plus de 2000 milles le long du Nordeste Brésilien, en direction de l’Arc Antillais, a de nouveau été l’occasion d’une belle démonstration de maitrise des élément, quand LinkedOut plaçait dans le bon tempo ses empannages au plus près de la zone d’exclusion. Le portant vmg, l’allure préférée du bateau, a fait le reste pour augmenter les écarts et assurer la victoire finale.

 

Thomas et Morgan triomphent, avec près d’une journée d’avance sur le duo de favoris Apivia (Dalin-Meilhat) et Charal (Beyou – Pratt). Un an après le Vendée Globe et une frustrante 6ème place, et à un an de la Route du Rhum, Thomas Ruyant, son voilier LinkedOut et toute l’équipe de TR Racing touchent les dividendes de choix technologiques et humains pertinents. Il rajoute une ligne à son étonnant palmarès, vainqueur en 2009 de la Mini Transat, en 2010 de la Route du Rhum en Class40, et de la Transat AG2R en Figaro avec Adrien Hardy. 4 transats, 4 victoires sur 4 supports différents! Ce dernier succès dans la Transat Jacques Vabre consacre deux marins et un homme, Alexandre Fayeulle, patron d’Advens, qui avant le Vendée Globe décidait d’offrir le naming du bateau à l’association LinkedOut, qui oeuvre pour remettre au travail des personnes désocialisées.

 

Thomas Ruyant :

« On a voulu faire le show à l’arrivée avec Morgan. On a déboulé sur un foil sous le Diamant, devant tous nos amis ! Magique !  On est tout simplement heureux ! Tout n’a pas été parfait mais globalement, on gagne avec la manière, avec du panache, avec de la vitesse et de très belles trajectoires. Morgan a été l’homme, le marin que l’on attendait. Il nous a fait progresser. Le bateau était parfait. Toutes nos modifications suite aux courses de l’année se sont avérées judicieuses. Le reste était une question d’énergie, de quel niveau d’engagement nous étions prêts à mettre pour gagner. Et ça a été énorme. On n’a pas soufflé une minute. Sur une transat aussi longue, c’est impressionnant, mais c’est là que la complémentarité, la complicité avec Morgan a joué à plein. Il a un talent fou. C’est globalement et véritablement la victoire d’une équipe, d’un groupe, depuis Alexandre Fayeulle, ce visionnaire engagé, jusqu’à tous les membres de TR Racing qui ont construit ce succès. On ne désire plus qu’une chose, en profiter à fond avec tous nos amis et familles ! »

 

Morgan Lagravière :

« Depuis 19 jours, nous sommes totalement dédiés à la vie, à la marche du bateau ! Quel engagement ! Mais cette arrivée gomme tous les moments difficiles. C’est simplement magique, sous le soleil, dans cette lumière, sous ces rivages enchanteurs ! Je suis totalement dans l’émotion. Je ne suis pas dans la satisfaction. Juste dans le bonheur de voir les autres, amis, familles, préparateurs, partenaires… heureux. Heureux comme Thomas et moi. Notre complicité a été totale. Je ne saurai vous dire où je place cette victoire. La vie s’en chargera. Mais ce passage de ligne vient couronner une transat quasi parfaite, avec des moment durs, mais l’immense satisfaction d’avoir fait moins de fautes que nos adversaires, d’avoir fait globalement les bons choix, et d’avoir su manier cet extraordinaire bateau. »

 

Alexandre Fayeulle, Président Advens :

« C’est une grande joie. Un grand bravo à Thomas et Morgan qui ont réalisé une magnifique course démontrant tout leur talent au fil du parcours imposant leurs choix de main de maître. C’est une magnifique victoire pour Thomas. Elle couronne sa trajectoire ascensionnelle depuis quelques années. Elle souligne également son indépendance d’esprit, sa vision entrepreneuriale et sa capacité à s’entourer des meilleurs. Sa structure, TR Racing, est jeune. Elle n’a que 3 ans et c’est un premier aboutissement avant de se pencher sur de nouveaux objectifs ambitieux avec la Route du Rhum 2022 et surtout le Vendée Globe 2024 dont il prendra le départ avec un nouveau voilier. Ce succès sur la 15ème édition de la Transat Jacques Vabre est aussi la démonstration du modèle sociétale inédit imaginé par Advens. Je suis fier d’être à la tête d’une entreprise qui a un réel impact sur le monde et sur notre société. En mettant en exergue l’association LinkedOut, qui a pour but de remettre à l’emploi des personnes en grande précarité, nous avons un véritable rôle. Notre quête de performance est utile comme celle de Thomas et son équipe. Elle permet à LinkedOut de continuer son développement et de rendre heureux des citoyens que l’on oublie trop facilement. Je suis persuadé que les 160 candidats de la dernière promotion de LinkedOut vont retrouver un emploi au fil des mois qui viennent et que l’on aura contribué à notre manière à cette réussite primordiale dans un monde qui exclut de plus en plus. Nous sommes tous vainqueurs ! »

Jean-Marc Potdevin, fondateur de l’association Entourage à l’origine de LinkedOut :

“Bravo à Thomas et Morgan pour cette belle victoire sur la Transat Jacques Vabre, pendant laquelle ils ont montré leur talent et leur détermination à gagner pour mettre en lumière le projet LinkedOut ! Grâce à la course, ce sont 44 entreprises qui nous ont contactés et ont déposé des offres sur la plateforme, soit 6 fois plus que d’habitude, et plus de 10 000 visites sur le site. Ce sont des chiffres impressionnants qui prouvent que cela a donné une très belle visibilité au projet. Merci à Thomas et Morgan de ne rien avoir lâché tout au long de la course et d’avoir rendu visibles nos candidats avec brio. Merci aux entreprises qui ont la volonté de s’engager avec nous pour inclure les personnes exclues du marché de l’emploi. Et bravo aux candidats LinkedOut, qui ont soutenu les skippers tout au long de la course et qui sont déterminés à retrouver un travail.”

 

Le Roy de la Mini Transat

Pierre Le Roy a coupé la ligne d’arrivée de la deuxième étape de la Mini Transat Eurochef 2021 en tête à 14h02 en 13 jours 23 heures 2 minutes et 9 secondes. Le skipper lillois à bord du plan Raison TeamWork, remporte cette édition de la Mini Transat au classement général, dans la catégorie des prototypes, avec brio. C’est un véritable triomphe pour le météorologue de formation qui n’aura fait quasi aucune erreur sur ce deuxième acte entre Les Canaries et Saint-François en Guadeloupe. L’élégant Pierre entre dans la cour des grands mettant à distance suffisante ses adversaires directs pour gagner l’épreuve. Il avait un débours d’1 heure, 9 minutes et 19 secondes, sur Tanguy Bouroullec encore en mer, au terme de la première étape entre les Sables d’Olonne et Santa-Cruz.

Les impressions de Pierre à son arrivée : « Je suis hyper content. Jusqu’au bout, j’ai eu peur d’un retour. Je ne savais pas que j’étais premier avec autant de distance. C’est maintenant la libération ! Je me suis donné tout au long de cette deuxième étape sans jamais rien lâcher. Je voulais gagner et c’est fait ! Cela s’est joué vraiment sur la stratégie météo et non uniquement sur la vitesse de nos voiliers. J’avais un plan avant le départ et il a fonctionné. Je me suis fait confiance et j’ai donc fait les bons choix. Je voulais rempoter la Mini avec panache. Je crois que j’ai coché cette case. Je me suis fait mal physiquement et mentalement notamment avec les nombreuses sargasses qui m’ont causé des soucis. J’ai une grande pensée pour mon père qui nous a quitté lorsque j’ai reçu la coque de mon prototype. Je pense fort à lui. David Raison, l’architecte de mon bateau, a fait un voilier incroyable. A partir de 15 nœuds, il planait tout le temps. J’adore vraiment la course au large. Je souhaite dans l’avenir naviguer sur de plus grands voiliers, faire la Transat Jacques Vabre et la Route du Rhum et proposer mes services en routage météo. »

Flashback

Quelle course pour Pierre Le Roy ! Il avait déjà été un grand animateur de la première étape restant leader longtemps mais se faisant rattraper dans la dernière ligne droite sans grande conséquence au classement général provisoire. Sur la deuxième étape, malgré un départ moyen et quelques hésitations à cause d’un énorme anticyclone barrant la route vers les Antilles, Pierre a vite retrouvé ses esprits dirigeant son voilier au Sud au meilleur moment et jouant précisément les oscillations du vent, plaçant, dans le petit temps, des empannages au cordeau ! Il prenait alors le leadership et ne cessait de creuser sur ses adversaires, plongeant à la latitude de l’archipel du Cap-Vert, et réussissant en faisant de l’Ouest a enfin touché les alizés habituels. La suite se déroulait comme dans un bon roman puisque, le navigateur, qui a beaucoup navigué à Dunkerque, filait à belles vitesses en direction de la Guadeloupe avec une certaine insolence et beaucoup de maitrise. Au palmarès de la Mini Transat, Pierre succède à François Jambou et il devient le deuxième nordiste à gagner cette traversée de l’Atlantique en solo et surtout sans communication avec l’extérieur, après Thomas Ruyant en 2009, actuellement leader de la Transat Jacques Vabre, un signe ?

Un projet rondement mené

Cinquième de la Mini Transat 2019 dans la catégorie des voiliers de série, Pierre a très vite eu comme objectif suivant la victoire en prototype. Il a alors tout mis en place pour ce but final. Avec son compère Cédric Faron, Pierre a lancé la construction d’un voilier à étrave ronde signé de l’architecte David Raison, ancien vainqueur de la Mini avec TeamWork ! Mis à l’eau en février cette année, TeamWork, également soutenu par Arthur Loyd, Oslo, Custo Pol, et qui porte également les couleurs de l’association réseau Etincelle, a vite fait ses preuves. Pierre a cumulé cinq podiums en avant-saison dont une victoire en solitaire sur l’ancienne Transgascogne et en double sur le Mini Fastnet. Il s’est présenté fin septembre au départ de la Mini Transat Eurochef avec beaucoup d’assurance et la certitude qu’il pouvait aller au bout. Il achève ce jour une grande saison et va pouvoir désormais penser à sa la suite de sa carrière de marins sur les traces d’Yves Le Blévec, Ian Lipinski, Thomas Ruyant, Yannick Bestaven, Armel Tripon. Bob Salmon, fondateur de la Mini, en 1977, doit être heureux au paradis.

 

 

 

 

Revue de presse

En vrac quelques retombées web TB Press sur la Transat Jacques Vabre :

https://www.bfmtv.com/grand-littoral/videos/transat-jacques-vabre-thomas-ruyant-place-apres-le-depart_VN-202111080199.html

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/profession-reporter/transat-jacques-vabre-dans-l-intimite-du-marin-avec-son-bateau_4819241.html#xtor=CS2-765-%5Bautres%5D-

https://www.courseaularge.com/transat-jacques-vabre-sebastien-audigane-avec-francois-jambou-un-duo-atypique.html

https://www.ouest-france.fr/bretagne/concarneau-29900/entretien-le-navigateur-concarnois-francois-jambou-sera-au-depart-de-la-transat-jacques-vabre-d147a99a-302f-11ec-b653-4cec8da29c4d

https://www.leparisien.fr/seine-maritime-76/transat-jacques-vabre-thibaut-vauchel-camus-se-lance-dimanche-au-havre-contre-la-sclerose-en-plaque-04-11-2021-YI4TRABX4NHD7KRXOVSE37QU4U.php

https://actu.fr/sports/sports-nautiques/transat-jacques-vabre-lancien-skipper-de-fenetrea-erwan-le-roux-va-renouer-avec-la-competition_46137685.html

https://www.ouest-france.fr/bretagne/auray-56400/pays-d-auray-sur-la-transat-jacques-vabre-erwan-le-roux-et-xavier-macaire-vont-tout-donner-37a54862-3bea-11ec-b9a0-60ef7849bf45

 

Jean Marre en piste pour l’Atlantique !

Le jeune navigateur Jean Marre, originaire de Saint-Germain-en-Laye, prendra le départ de la deuxième étape de la Mini Transat Eurochef vendredi. Le skipper du voilier de série « Sport dans la Ville – Time for The Planet » est huitième au classement général provisoire après le rocambolesque acte 1 entre Les Sables d’Olonne et Santa-Cruz aux Canaries. Direction Saint-François en Guadeloupe avec l’ambition affichée d’arriver au bout de sa première traversée de l’Atlantique en solitaire et en compétition et, pourquoi pas, d’accrocher un top 10 ; ce qui serait une belle victoire !

  • De quoi as-tu occupé ton temps lors de ces trois semaines d’escale canarienne ?

J’ai eu, comme d’habitude, beaucoup de difficultés à reprendre mes esprits suite à l’intense première étape. Il m’a fallu une semaine pour récupérer. J’ai passé pas mal de temps avec les concurrents. Nous avons visité l’île de la Palma. J’ai aussi et évidemment préparé mon voilier pour la deuxième étape. Une pluie de cendre s’est abattue sur nos voiliers au ponton. Elle venait de l’éruption volcanique qui sévit depuis quelques semaines et qui fait beaucoup de mal à la population. Je pense à elle. 8000 personnes ont été déplacées à cause de leur maison détruite. Cela rend un peu futile notre histoire !
En tout cas, je vais m’atteler cette semaine à continuer à laver mon bateau et à démonter le plus possible de pièces mécaniques comme les winchs car la poussière peut faire des ravages.

  • Le jury de la Mini Transat a accordé une bonification de 24 heures à 80 concurrents suite à leur escale lors de la première étape. Qu’en penses-tu ?

C’est, à mon avis, la décision la moins pire. La plupart des concurrents est satisfait. Cela remet certains dans le jeu. Les écarts avec le premier sont importants à partir du quatrième au classement général mais il peut se passer de nombreuses choses sur cette deuxième étape et on verra les meilleurs à l’arrivée, j’en suis certain. Je ne m’occupe pas de trop de cette histoire. Je ne joue pas vraiment la victoire. Mon projet est nouveau. J’ai commencé la course au large il y a peu. Mon souhait est d’arriver en Guadeloupe dans les meilleures conditions. Je suis, tout de même, compétiteur et j’ai bien remarqué que la quatrième place n’est pas si loin et que, dans le même temps, le 12ème est également proche de moi en temps. Tout est donc possible ! J’ai appris sur l’acte 1. Je sais là où je dois m’améliorer. Je dois être plus constant dans mon effort, me concentrer dans mes prises de décision notamment dans les phases où je ne suis pas à l’aise à savoir le petit temps.

  • As-tu une vision de la météo à venir après le départ vendredi ?

Pour l’instant, c’est un peu n’importe quoi. Les alizés ne sont pas en place. Il est possible que l’on connaisse trois jours de molle dès le début de l’étape. C’est la cata ! Je pense que cette deuxième étape sera très longue, plus de 15 jours de navigation. J’ai hâte de m’y remettre et d’aller au bout de mon aventure. Je me sens tellement bien sur l’océan !

Morgan Lagravière, le vent pour passion

Il n’en finit pas de renaitre et de rebondir. Morgan Lagravière dessine sa carrière d’homme de mer en larges paraboles tantôt ascendantes, tantôt descendantes, au gré des fortunes que le vent et les océans poussent sur son chemin de vie. Depuis ses rivages enfantins de La Réunion et ses premiers bords en Optimist, il a avec bonheur touché à toutes les machines destinées à performer sur l’eau, du maxi trimaran au Kitefoil. Thomas Ruyant dit de lui qu’il est l’ami du vent et qu’en toutes circonstances, vitesse et performance l’accompagnent. Membre à part entière de l’équipage de l’Ultime Edmond de Rothschild, récent vainqueur de la Rolex Fastnet race, Morgan partage désormais à bord de l’Imoca LinkedOut, avec plaisir et envie, non seulement son talent si exclusif de performer, mais cette sensibilité singulière au vent, à la mer, à la vie trépidante des bateaux qui volent sur l’eau. Il sera au départ de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre le 7 novembre aux côtés du skipper dunkerquois. Zoom…

Une formation olympique

Tout commence, comme souvent, par un atavisme hérité d’un père et partagé par des frères « voileux » en diable. La Réunion et ses rivages déchirés par l’océan Indien offrent à la fratrie Lagravière d’extraordinaires terrains de jeux sur lesquels le jeune Morgan excelle dès l’âge de 6 ans, grimpant quatre à quatre les marches de l’expérimentation en Optimist, 420 puis 470, sous la houlette d’incubateurs de passion comme Gabriel Jean Albert son entraîneur et ami. Une voie semble se dessiner pour lui, qui passe par Antibes et Marseille, section sport étude, avec l’Olympisme pour but ultime. Stéphane Christidis est son partenaire en 49er, avec qui il frôlera la sélection pour les Jeux Olympiques de Pékin. « L’Olympisme me caractérise encore aujourd’hui » affirme-t’il, empreint de cette rigueur, de cette résilience, de ce perfectionnisme propre à la pratique exacerbée de la monotypie. « Ma priorité, c’est le sport, la gagne, la compétition. » Morgan Lagravière cultive contre vent et marée son sens innée de la vitesse, née de sa quête du plaisir de la glisse. « En course au large, la technologie vient rompre la logique du plaisir. Je m’attache à préserver l’intuition et les sensations tant en Imoca qu’en Ultime. C’est un point que j’ai en commun avec Thomas… »

L’homme oiseau

La quête de la vitesse sur l’eau passe aujourd’hui par le vol, par la capacité offerte par les nouvelles technologies d’arracher planches, monocoques ou multicoques aux éléments liquides, pour accélérer dans la durée non plus sur la crête des vagues, mais sur la résistance de l’air. Morgan l’homme oiseau se meut avec délectation dans cette nouvelle approche de la navigation hauturière. « Voler, piloter un avion est une autre de mes passions » avoue ce détenteur d’une licence de pilote privé. « J’ai un moment caressé le rêve de partir au Canada pour y devenir pilote de ligne. » Avion, foiler…. C’est encore une fois la sensibilité, l’approche intuitive de la gestion des éléments qui s’exprime, cette recherche de la symbiose parfaite avec les élément propulsifs naturels, liquides ou aériens.  « Je vis mes passions à fond. Dans l’instant. Sans calcul ni plan de carrière. Je suis ainsi devenu « addict »  au Kitefoil, un prolongement dans ma quête des sensations absolues de la glisse. C’est ainsi que je trouve mon équilibre, en prolongeant les exigences du sport de haut niveau inculquées par mon passé Olympique dans les pratiques saines des sports de glisse, de la voile et du vol, avec ma petite famille pour ciment. »

A 34 ans, Morgan Lagravière, a réalisé l’alchimie ciel, terre, mer, pour le plus grand bonheur de LinkedOut, TR Racing et Advens.

Transat Jacques Vabre : Erwan Le Roux et Xavier Macaire en piste à bord de Koesio

Sommaire :

>> Portraits des skippers

>> Le parcours 2021 de la Transat Jacques Vabre

>> Flashback sur trois victoires

>> Koesio, le dernier né de la classe Ocean Fifty

>> Un projet axé sur l’humain

>> Un nouveau partenaire, Koesio

 

ERWAN LE ROUX

Ces quinze dernières années Erwan Le Roux s’est construit un solide palmarès avec, notamment, un formidable succès sur la mythique Route du Rhum – Destination Guadeloupe en 2014 et, en prime, le temps de de référence sur le parcours dans la catégorie des Multi50 (11 jours, 5 heures, 13 minutes et 55 secondes), toujours d’actualité à ce jour, mais aussi trois premières places sur le Tour de France à la Voile (en 2008, 2009 et 2014) et autant de victoires sur la Transat Jacques Vabre (2009, 2013 et 2015). Le Trinitain n’est pas seulement doté des capacités à piloter des bateaux extrêmes ou à gérer une équipe, il se démarque également en maîtrisant remarquablement les principales techniques d’optimisation de la performance. Des qualités qui font de lui un marin redoutable et redouté. « Sur cette Route du Café, la gagne est ce que l’on veut aller chercher. On ne part pas sur une course de ce type avec un tel bateau et un tel équipier avec pour seul but de monter sur le podium. C’est d’autant plus vrai que je n’étais pas présent lors de la dernière édition, en 2019, et que je reviens cette année avec beaucoup d’envie. Tous les ingrédients sont réunis pour que ça se passe au mieux, même si la concurrence s’annonce hyper relevée chez les Ocean Fifty, avec sept bateaux, tous capables de l’emporter ».

XAVIER MACAIRE

Champion de France élite de course au large en solitaire en 2015, vice-champion en 2019, et récent deuxième de la célèbre Solitaire du Figaro, Xavier Macaire, tout comme Erwan Le Roux, fait partie de ces marins discrets mais redoutablement efficaces. « C’est quelqu’un de très pointu, notamment sur le plan météo. Il est capable de rentrer dans le détail d’un routage ou d’un choix stratégique, mais surtout, c’est un marin complet avec lequel il est facile d’échanger », assure le skipper de Koesio. Tenace et déterminé, le Sablais compte, de fait, de nombreux atouts dans sa besace. A commencer par une solide expérience du large et de la régate au contact après dix années de confrontation au plus haut-niveau sur le circuit exigeant des Figaro Bénéteau, mais aussi de nombreuses expériences en IMOCA dont une participation à la Transat Jacques Vabre 2019. « Jusqu’ici, j’ai peu de pratique en multicoque », concède Xavier qui a toutefois appris vite et bien de ces machines à trois pattes ces derniers mois. « Les Ocean Fifty sont de vraies mobylettes, à la fois techniques et exigeantes. Un peu flippantes aussi car à bord il n’y pas ou peu le droit à l’erreur. On peut vite se faire dépasser par la machine et le chavirage est une sanction radicale. Il faut donc bien gérer tous les paramètres et être perpétuellement dans l’anticipation. C’est périlleux, mais aussi excitant et challengeant », assure le Vendéen dont l’objectif est naturellement d’accompagner Erwan vers un quatrième sacre sur l’épreuve.

 

LE PARCOURS 2021 DE LA TRANSAT JACQUES VABRE

5 800 milles entre Le Havre et Fort de France via l’archipel brésilien de Fernando de Noronha : tel est le parcours réservé aux Ocean Fifty lors de cette 15e édition de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. Un tracé inédit, à la fois technique et piégeur, avec notamment deux passages dans le fameux Pot-au-Noir. « La portion entre le départ et les îles de Fernando est connue et sans véritables grandes surprises, avec les tempêtes de novembre et les premiers fronts à passer au plus vite pour trouver ensuite la porte des alizés, un jibe à caler sous l’anticyclone des Açores puis un long bord en bâbord amure jusqu’à l’entrée dans la zone de convergence intertropicale », explique Erwan Le Roux, bien conscient toutefois que la théorie demeure toujours bien moins complexe que la réalité, en particulier dans le célèbre Pot-au-Noir. « Lors de son passage, on peut jouer de malchance ou l’inverse. Tout est possible », détaille le Trinitain qui garde naturellement en tête sa mésaventure de l’édition 2017. « Alors qu’on cavalait en tête (avec Vincent Riou, ndlr) avec 150 milles d’avance à l’entrée de cette zone de marasme, on est ressorti avec 80 milles de retard sur Lalou Roucayrol et Alex Pella. Preuve que dans le Pot, les écarts peuvent se faire et se défaire en quelques heures seulement. Tout peut se jouer là. Après l’archipel de Fernando de Noronha ? C’est un peu la question. Normalement, en remontant le long de la côte nord-ouest du Brésil, l’on devrait avoir moins de mal à repasser le Pot-au-Noir. Il n’empêche qu’il ne s’agira pas d’un bord de tout droit pour finir. Il va y avoir de quoi jouer jusqu’au bout sur le plan stratégique, et l’on va aussi se retrouver sur la route des sargasses. Tout cela va rajouter encore un peu de piment à la recette de cette Transat Jacques Vabre qui n’en manquait déjà pas ! », termine Erwan qui devrait mettre entre 12 et 15 jours pour boucler le parcours.

FLASHBACK SUR TROIS VICTOIRES

Vainqueur de la Transat Jacques Vabre en 2009 avec Frank-Yves Escoffier, en 2013 avec Yann Eliès puis en 2015 avec Giancarlo Pedote, Erwan Le Roux est l’un des rares marins avec Franck-Yves Escoffier, Yann Eliès, Jean-Pierre Dick et Franck Cammas à l’avoir déjà remportée à trois reprises au moins. Chacune de ces victoires revêt une saveur particulière, ainsi que l’évoque le skipper de Koesio :

2009 : « C’est un souvenir unique au côté d’un personnage, Frank-Yves Escoffier, et d’un sponsor tout aussi emblématique, Crêpes Wahou !. Notre arrivée au Costa Rica a été complètement dingue, avec un feu d’artifice absolument mémorable. Finalement, tout a été incroyable du début à la fin. Pour moi, c’est clairement le démarrage de toute l’histoire. C’est la naissance d’un bateau mais aussi de la Classe Ocean Fifty. »

2013 : « C’est l’aboutissement d’une saison totalement folle lors de laquelle, avec l’équipage de FenêtréA – Cardinal, on a absolument tout raflé. Elle reste très particulière pour moi. Ça a vraiment été quelque-chose de courir avec Yann Eliès, l’un des ténors de la course au large. J’ai beaucoup appris à ses côtés et c’est aussi cela qui m’a sans doute permis de gagner la Route du Rhum l’année suivante. En résumé, ça a non seulement été une rencontre avec un marin exceptionnel mais aussi une victoire très fondatrice, très précieuse dans mon apprentissage. »

2015 : « Ça a été la plus dure. Avec Giancarlo Pedote, on a eu une multitude de galères mais on est parvenu à aller au bout en faisant preuve de beaucoup d’abnégation. Ça a également été une belle rencontre avec un personnage incroyable lui aussi. Quand je vois ce qu’il a fait sur le Vendée Globe ensuite, je ne suis pas étonné. Comme moi, c’est un gros bosseur. Nous avions d’ailleurs énormément travaillé et navigué toute l’avant-saison. De ce fait, nous avons disputé la course avec un matériel un peu fatigué, ce qui a généré des problèmes à répétition, mais ça a assurément été une expérience forte. »

2021 : « Un quatrième titre ? Franchement je n’y pense pas, ça ne hante pas mes nuits. Je ne fais pas la transat pour ça. Notre objectif premier avec Xavier reste d’arriver de l’autre côté. C’est le premier cap à franchir pour espérer gagner. »

KOESIO, LE DERNIER NE DE LA CLASSE OCEAN FIFTY

Construit sous l’impulsion de Fabrice Cahierc et mis à l’eau en septembre 2020, le trimaran aujourd’hui nommé Koesio, est le dernier né de la classe Ocean Fifty. Dessiné par le cabinet VPLP et doté d’une structure en « K », il a participé à l’ensemble des courses du Pro Sailing Tour cette saison avant de subir un vaste chantier d’optimisation, l’été dernier, dans le but de gagner à la fois en confort, en sécurité mais aussi et surtout en performance. « Nous avons réalisé en l’espace d’un mois ce que l’on fait normalement en trois. Le travail a été intense et toute l’équipe s’est énormément investie pour réussir le pari de tenir le planning. Nous avons démonté absolument tout l’accastillage de façon que la nouvelle peinture puisse être faite. Nous avons, par ailleurs, ajouté des planchers, des éléments électroniques et informatiques avec notamment un PC puis des écrans plus robustes, ainsi qu’un hublot afin de pouvoir rentrer dans le bateau en cas de retournement. Nous avons également rallongé la casquette, installé l’intégralité du système anti-chavirage, des panneaux solaires puis une pile à hydrogène. Enfin, nous avons refait l’ensemble des appendices puis remplacé l’ensemble des pièces du gréement dormant. Tous ces éléments doivent, je l’espère, nous permettre d’être plus efficace », explique Erwan Le Roux pour qui l’un des plus gros défis de la navigation en double est de réussir à gérer le bateau depuis l’intérieur de la casquette. En ce sens, s’il a fallu d’adapter, prendre de nouveau repères et apprendre de nouveaux gestes, le bateau dans sa nouvelle configuration laisse augurer de belles choses !

UN PROJET AXE SUR L’HUMAIN

Allier performance et efficacité n’est pas une chose aisée mais Erwan Le Roux a compris, et depuis bien longtemps, que le management par l’humain donne à chacun une place à part dans un projet. Une place motivante et valorisante, synonyme de bien-être, de confiance et de compétitivité. « Pour moi, il est important de fédérer les gens. Nos projets dans le domaine de la course au large sont évidemment très stimulants mais ils sont aussi exigeants. La préparation de bateaux tels que les nôtres imposent de la rigueur et de la précision. Rien ne doit être laissé au hasard », explique le navigateur, attaché à partager sa passion et son expérience avec le plus grand nombre. « Quand on a la chance de faire des métiers comme les nôtres et de naviguer dans des endroits magnifiques, on a envie d’en faire profiter les autres, qu’ils soient partenaires, collaborateurs ou observateurs. Et quand on voit leurs sourires et leurs yeux qui brillent lorsque c’est le cas, ça n’a pas de prix. Cela permet de trouver un équilibre. De faire redescendre la pression dans les moments importants », détaille Erwan, également animé par la transmission de l’expérience et des savoir-faire en désacralisant, par exemple, les sciences auprès des lycéens. « La course au large est un sport mécanique. C’est une niche pour la science, la physique et la technologie. Pour beaucoup d’élèves, ces matières ne semblent pas concrètes lorsqu’elles sont étudiées à l’école. L’idée est de montrer aux jeunes de première et de terminale comment elles s’appliquent dans notre domaine en particulier et, pourquoi pas, susciter des vocations ».

UN NOUVEAU PARTENAIRE

Alors que son changement d’identité a été annoncé mi-septembre, Koesio, champion français des services numériques de proximité auprès des TPE-PME, a choisi, dans le même temps, de s’engager au côté d’Erwan Le Roux dans son projet Ocean Fifty sur la Transat Jacques Vabre – Normandie Le Havre 2021. Le navigateur a ainsi désormais pour mission d’incarner la nouvelle désignation de la marque dont la vocation est de fédérer les 2800 collaborateurs et plus de 180 agences locales en France, Belgique et Luxembourg, sous une même bannière et de faire émerger un acteur global de la transformation numérique pour les entreprises. « Le fait de jumeler l’activation de notre nouvelle marque avec du sponsoring a pour but d’augmenter la notoriété de l’entreprise et de mieux faire connaître ses valeurs. Pourquoi la voile ? Parce que c’est à la fois un défi humain, un défi sportif, un défi d’équipage mais aussi un défi environnemental. Pourquoi l’Ocean Fifty ? Parce que c’est un bateau parmi les plus sportifs et les plus technologiques de la course au large, porteur de très belles images. Pourquoi Erwan Le Roux ? Parce que, comme souvent, il s’agit avant tout d’une histoire d’hommes et que, pour nous, il incarne l’humilité, l’engagement, la loyauté, l’honnêteté et la rigueur, des valeurs qui correspondent à notre team. De plus, il a un très grand palmarès et mène aujourd’hui un bateau performant, le dernier-né de la classe. Le cocktail est parfait et surtout, il intervient dans le bon tempo », détaille Pieric Brenier, PDG de Koesio, un groupe qui, en en 30 ans, s’est construit en France en fédérant des entreprises qui ont conservé le sens de la proximité et de l’engagement, autour d’une expertise numérique unique.  « Aujourd’hui il est important d’incarner cette expertise, cette singularité au travers d’une identité et d’une marque commune, pour nos clients et pour nos collaborateurs, qui sont l’essence de notre réussite. »