Aymeric Chappellier, magnifique 2e !

CLASS 40 n°151 – AINA – CHAPPELLIER Aymeric / 2 ème des Class 40

Arrivé à Pointe-à-Pitre ce mercredi à 1h16 (heure de Paris), Aymeric Chappellier s’est adjugé la deuxième place en Class40 – sans conteste la catégorie la plus fournie et la plus combative de cette 11e Route du Rhum – Destination Guadeloupe avec pas moins de 53 bateaux au départ -, coiffant le britannique Phil Sharp dans les derniers milles après un duel incroyable qui aura tout simplement duré seize jours et demi. Un mano a mano redoutable qui s’est, en effet ouvert dès la sortie de la Manche et qui n’a jamais cessé de s’intensifier jusqu’au début du contournement de Basse-Terre où le skipper d’AINA Enfance et Avenir a définitivement pris l’avantage en faisant preuve d’une audace sans limite, mais aussi d’une détermination sans faille. Car c’est bien à force d’opiniâtreté que le Rochelais est allé chercher cette belle place, que ce soit dans le mauvais temps lors des premiers jours de course, dans les surfs endiablés des alizés, dans les coups durs comme lorsque son spi médium a explosé et qu’il a fallu le réparer ou dans le tour de la Guadeloupe qui s’annonçait piégeur et dans lequel il a lâché ses coups avec précision, sans jamais perdre de vue son objectif.

Si la victoire décrochée par Yoann Richomme dans la catégorie des Class40 est belle, le duel qui a opposé Aymeric Chappellier et Phil Sharp dans cette 11e édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe restera à coup sûr, lui aussi dans les annales de la course. Les deux hommes, inséparables du début à la fin, se sont en effet, rendu coup pour coup sur l’ensemble des 3 542 milles du parcours. « Ça a été un coup à toi, un coup à moi, exactement comme cela s’est passé sur toutes les courses du circuit depuis deux ans », a expliqué le skipper d’AINA Enfance et Avenir qui avait déjà pris le dessus sur son adversaire lors de la Transat Jacques-Vabre et sur les 1000 Milles des Sables, mais qui s’était incliné lors des Sables – Horta, de la Normandy Channel Race ou de la Dhream Cup. « Cette fois, elle a été pour moi. J’ai fait un super coup sous un nuage juste aux abords de l’île. J’ai attaqué dans un grain à 28-30 nœuds sous grand spi et grand-voile haute en partant du principe qu’à 10-15 heures de l’arrivée, je pouvais prendre tous les risques, y compris celui de perdre un spi. Ça a été un peu rock and roll mais c’est passé. Après ça, je ne me suis pas trop posé de question. J’ai coupé au plus court avec juste la peur que ça ralentisse un peu trop à Basse-Terre avec la tombée de la nuit mais quand j’ai compris que j’allais y arriver encore de jour, j’ai relâché la pression », a indiqué le Rochelais qui a finalement terminé avec un peu plus de deux heures d’avance sur son poursuivant. Son meilleur ennemi, comme il le dit lui-même, qui a pourtant souvent eu légèrement l’avantage sur cette transat, comptant même parfois jusqu’à 35 milles de marge. « Ça s’est joué au gré des petits décalages mais aussi de nos pépins techniques respectifs », a détaillé Aymeric qui a bien cru qu’il avait perdu son spi médium et qui s’est acharné à le réparer pour garder toutes ses armes jusqu’à la fin tandis que le Britannique a été confronté à des problèmes de pilote automatique.

« Cette Route du Rhum n’est qu’une étape »

« L’un comme l’autre, on a toujours été à bloc. Ça a vraiment été une course très engagée et j’avoue que je suis vraiment passé par des hauts et des bas en permanence. Au final, je n’ai rien à regretter. Je termine avec le sentiment du travail bien fait et presque pas si rincé que ça car l’an passé, j’ai réussi à trouver des bons modes de réglages de bateau, ce qui m’a permis de m’accorder quelques siestes et de rester lucide aux bons moments. Je savais que la dernière journée allait être longue et j’ai pu rester relativement frais pour bien jouer les petits nuages en mettant des alarmes dès que le vent tournait de plus de 10 ou 15°. Je n’ai jamais rien lâché, je me suis battu jusqu’au bout pour atteindre mon objectif. Ces deux dernières années, j’ai tout mis en œuvre pour être en mesure d’aller faire une belle perf sur cette Route du Rhum. Pour faire partie des favoris. Je n’ai, certes, pas gagné, mais cette deuxième place est une belle récompense malgré tout et je suis heureux de la partager avec Picoty, Brétéché, Realites, Taupin et Volteo, les partenaires du projet, sans oublier bien sûr l’association AINA Enfance et Avenir dont je suis fier de porter les couleurs », termine Aymeric Chappellier qui s’est affirmé, une fois de plus, comme un grand champion. « Nous sommes heureux. Heureux comme tout. Aymeric a fait une très belle course. Il nous a tous fait vibrer et cette deuxième place, il est allé la chercher à la force de se détermination, porté par la belle dynamique des partenaires qui vont tous, forcément, garder des belles images en tête de cette Route du Rhum qui n’est qu’une étape car l’aventure se poursuit », a assuré Stéphane Commery, directeur du projet.

 

Le podium pour Thibaut Vauchel-Camus et Solidaires En Peloton – ARSEP

Thibaut Vauchel-Camus monte sur la troisième matche du podium de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe dans la catégorie des Multi50. A bord de son trimaran aux couleurs des 100 000 patients atteints de la Sclérose En Plaques, le navigateur de 40 ans a coupé la ligne d’arrivée à 23h 18’ 44’’ (heure de Paris, 18h 18’ 44’’ heure locale) après 12 jours 09 heures 18 minutes et 44 secondes de course, à 11,91 nœuds de moyenne sur le parcours théorique (3 542 milles). Il est le premier guadeloupéen et malouin à Pointe-à-Pitre et réalise une belle performance pour sa troisième traversée de l’atlantique en solitaire, la première en Multi50, malgré quelques soucis techniques et une escale forcée aux Açores. Thibaut Vauchel-Camus effectue une année 2018 de premier plan réussissant à mettre à l’eau un nouveau trimaran, porter un message fort et fédérer de nombreux partenaires fiers de se mettre dans l’ombre pour mettre en lumière la Fondation ARSEP, ses patients et ses chercheurs qui ont besoin d’une aide constante pour réduire un maximum la Sclérose En Plaques qui touchent de plus en plus de français.

Thibaut Vauchel-Camus à son arrivée :

« Je suis tellement content. C’était un truc de dingue ! Je suis ravi d’offrir la troisième marche du podium en Multi50 à la Guadeloupe, aux patients atteints de la Sclérose En Plaques, à mes supporters. Cette Route du Rhum a été une première pour moi en Multi50 et elle a été difficile. Les premiers jours ont été compliqués avec des passages de fronts sur passages de fronts mais nous sommes restés sérieux. J’étais en tête jusqu’à mon avarie et mon escale expresse qui a été hallucinante tant mon équipe a été forte. L’histoire a été tout de même très belle. J’avais une complète confiance en mon bateau. Les Multi50 sont fabuleux pour la vitesse et les sensations. Il fallait toujours être sur le qui vive et j’ai réussi à préserver mon bateau pour finir à grandes vitesses entre Basse-Terre et la ligne d’arrivée. J’ai pris beaucoup de plaisir sur cette Route du Rhum et j’ai déjà quasi hâte de revenir dans quatre ans. Merci à mes nombreux partenaires dont Transport Delanchy, Sanofi Genzyme, Tomate Jouno Mygoo, B&B Hôtels, Foncière Magellan, Thélem Assurances… sans qui rien ne serait possible.”

Bernard Gentric, vice-président de la Fondation ARSEP et président du Défi Sports Solidaires : « Thibaut est devenu au fil de ces sept ans aux couleurs de Solidaires En Peloton et de la Fondation ARSEP une source inspirante qui donne espoir à l’ensemble des patients atteints de la Sclérose En Plaques. Il est la confirmation pour tous qu’il faut toujours garder cet espoir. Ce qu’il vient de nous faire vivre est un exploit épique. Il a vécu des aléas sur sa Route du Rhum et il a réussi à se relever au fur et à mesure à l’instar des difficultés rencontrées par les patients. Nous sommes heureux et fiers d’avoir un ambassadeur comme Thibaut. Je tiens évidemment à le féliciter et à remercier toutes les équipes, les supporters, les partenaires qui soutiennent ce Défi Voile Solidaires En Peloton. Cette aventure met en exergue la force d’un collectif. »

Michaël Gregorio, l’un des parrains du Multi50 Solidaires En Peloton – ARSEP : « Je suis très heureux et très fier d’être le parrain du voilier de Thibaut. J’ai été impressionné par son parcours sur cette Route du Rhum, notamment suite à son avarie. Il ne s’est jamais découragé dans des conditions pourtant très difficiles lors de la première semaine de course. J’ai hâte de lui parler et de lui dire qu’il porte magnifiquement les couleurs de la Fondation ARSEP et des patients atteints de la Sclérose En Plaques. »

« Ba moin en tibo » : flash back

La Route du Rhum – Destination Guadeloupe de Thibaut Vauchel-Camus commence réellement début 2018 quand, après une année de construction au chantier ENATA, le trimaran Multi50 bleu, dessiné par le cabinet VPLP, est mis à l’eau. Le Défi Voile Solidaires En Peloton entreprend alors une course contre la montre.

Suite au baptême de son voilier au printemps à Saint-Malo, Thibaut enchaîne une saison haute en couleurs auréolée notamment par une victoire sur la DRHeam Cup. Une année ponctuée de Grands Prix, d’entraînements, de nombreuses rencontres avec les partenaires du projet et, c’est tout le sens du Défi Voile Solidaires En Peloton, de belles navigations avec les patients.

Le 4 novembre dernier, quand Thibaut claque la porte de sa maison juchée sur la pointe du Grouin, c’est avec émotion qu’il descend à pied vers son trimaran, pensant sans conteste à tout ce qu’il avait accompli en à peine deux ans : mener un Multi50 flambant neuf sur la plus grande des traversées en solitaire en compétition, porter les couleurs de la Fondation ARSEP, partir de sa région d’adoption pour aller vers sa Guadeloupe natale à quarante ans, âge de l’épreuve également !

14H00, coup de canon ! Le voilier bleu rugit de plaisir sur la ligne de départ et franchit Fréhel en deuxième position après Armel Tripon (Réauté Chocolat). Trois fronts dépressionnaires attendent les Multi50 engagés. Dans une mer hyper formée avec des creux atteignant les 8 mètres, un vent flirtant les 35-40 noeuds, Thibaut tient bon la barre malgré le mal de mer et l’obligation de veille constante.

Après des heures, des jours difficiles à travers le Golfe de Gascogne, le skipper solidaires et ambassadeur de la Fondation ARSEP se maintient dans le top 3. Puis à la faveur d’une option à l’Ouest, il prend la tête en Multi50 avant le passage des Açores avec plus de 150 milles d’avance sur le deuxième ! Les vitesses enregistrées par le dernier vainqueur de The Transat (en Class40) et son bateau en disent long sur l’implication et l’acharnement du marin. C’est alors que l’avarie survient…

Le haut de la grand-voile de Solidaires En Peloton – ARSEP se détache brutalement du mât. Le chariot et rail de têtière explosent. Très vite, Thibaut, avec ses impeccables routeurs Fabien Delahaye et Fred Duthil, décide de faire route vers Sao Miguel, aux Açores. Une opération commando débute. Les partenaires du Défi, Victorien Erussard, l’ami et co-fondateur de cette aventure, Jérémie Lagarrigue, le constructeur, les supporters, les prestataires se sont merveilleusement mobilisés. Six experts se retrouvent en un instant à Sao Miguel. Le skipper peut se reposer, son équipe répare le bateau blessé. Moins de 18 heures séparent l’appel de Thibaut signalant son avarie à plus de 100 milles des Açores, de son retour dans la course à ville allure !

Les galères continuent avec une montée dans le mât pour une histoire de hook et des soucis d’énergie qui ralentissent la progression de Thibaut. Mais les alizés approchent et c’est au contact du roi Le Roux et du fort Roucayrol, malheureux suite à son chavirage, que la bataille continue jusqu’à l’arrivée au pays tout en glissade. Une troisième place, synonyme de beaucoup de travail mais également de plaisir. Une histoire à l’image de “Tibo” (bisou en créole), petit par la taille, grand par le talent, de bonne humeur en toutes circonstances, au grand cœur et marin jusqu’au bout des ongles. Cet homme aime être en mer et on aime le suivre. Rendez-vous est pris en 2019 pour la Transat Jacques Vabre…

 

 

REVUE DE PRESSE

Quelques belles retombées ces derniers jours pour TB Press et ses clients :

http://sport24.lefigaro.fr/voile/route-du-rhum/actualites/multi50-jeu-d-equilibre-sur-l-atlantique-932028

https://www.ouest-france.fr/route-du-rhum/videos-saint-malo-laurent-voulzy-soutient-le-bateau-aina-6050403

https://www.franceinter.fr/emissions/vous-les-femmes/vous-les-femmes-04-novembre-2018

https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille-metropole/route-du-rhum-2018-coup-depart-skippeur-amateur-lillois-romain-rossi-1568836.html

http://www.leparisien.fr/sports/route-du-rhum-les-conseils-du-loup-de-mer-armel-le-cleac-h-a-l-amateur-romain-rossi-02-11-2018-7931511.php

http://sportbusiness.club/campings-tohapi-lache-la-tv-pour-le-sponsoring-voile/

http://www.courseaularge.com/antoine-carpentier-voile-histoire-de-famille.html

https://www.france.tv/france-5/le-magazine-de-la-sante/769421-le-magazine-de-la-sante.html

https://www.rtl2.fr/actu/regions/le-belem-accoste-a-port-vendres-pour-l-hiver-7795237697

6e édition du Salt and Speed : à plus de 60 nœuds ?

A partir de ce lundi et jusqu’au 16 novembre, le site de Salin-de-Giraud, dans les Bouches du Rhône, va être animé par la 6e édition du Salt and Speed. Le quadruple champion du monde de Kitespeed, Alex Caizergues, va tenter de battre son propre record du monde de vitesse, un run de 500 mètres réalisé à la vitesse moyenne ahurissante de 57,98 nœuds (107,3 km/h) sur ce même plan d’eau l’automne dernier, mais aussi essayer de franchir la barre symbolique des 60 nœuds (110 Km/h) et ainsi de se rapprocher du record de vitesse absolu à la voile détenu depuis l’automne 2012 par le multicoque Vestas Sailrocket 2 (65,45 nœuds). Pour cela, le rider provençal espère naturellement trouver la bonne fenêtre météo mais compte également sur une toute nouvelle aile à caissons développée spécifiquement cette année en vue d’un nouveau record. Un record que lui disputera une nouvelle fois l’Américain Rob Douglas, champion du monde en titre. De quoi garantir un maximum de pression, mais aussi et surtout un incroyable spectacle !

Alex, le 13 novembre 2017, vous aviez battu votre précédent record qui remontait à 2013 avec un run à 57,98 noeuds. Comment estimez-vous vos chances de le faire tomber cette année ?

« L’année dernière, nous avions bénéficié de superbes conditions, avec du vent très fort. Je n’avais toutefois pas été dans l’eau au moment où le vent avait été le plus violent. Sur le plan météo, cela nous laisse donc un petit peu de marge de manœuvre. De plus, j’avais fait trois passages à plus de 57 nœuds donc dans ma tête je savais que le record était dans la poche et je n’ai pas été incité à me mettre plus la pression que ça. Forcément, aujourd’hui, tant que je ne verrai pas 58 ou 59 nœuds moyen sur mon GPS, probablement que je ne m’arrêterai pas. Et encore moins si Rob Douglas débarque comme prévu en deuxième partie du Salt and Speed ! Cela va naturellement me mettre la pression mais je ne lâcherai rien car je sais que je peux aller plus vite aujourd’hui qu’il y a un an, notamment en raison de la progression du matériel. »

Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

« On a quelques nouvelles solutions techniques sur lesquelles on a travaillé avec F One, mon sponsor Kite, dont une nouvelle aile à caissons élaborée par Robert Graham. Jusqu’à présent, on était sur des ailes à boudins, c’est-à-dire des ailes de kite classique, à armatures gonflables. On a conçu une 6m², un tout petit peu plus petite, en surface, que l’aile que j’avais l’année dernière pour le record qui était une 6,4m², mais qui, produit autant voire plus de puissance. On a travaillé sur ça parce que depuis 5-6 ans, en course racing, les mecs ne naviguent qu’avec des ailes à caissons qui sont plus efficientes qu’une aile à boudins classique. On teste aujourd’hui ces caissons sur une version d’aile de vitesse. Le point d’interrogation sera sa stabilité dans le vent très fort, chose que je n’ai pas encore pu tester. Je ne sais donc pas exactement comment ça va réagir, ça sera un peu la surprise… J’espère une bonne ! Pour ce qui concerne la planche ? Ce sera la même que l’an passé. »

Quelles sont les limites ?

« Aujourd’hui, on n’a pas de limite en termes de vent. L’année dernière, on avait eu autour de 50-55 nœuds avec des rafales à 60, et je naviguais en 6,4 m². En réalité, les limites sont avant tout liées au matériel car à 60 nœuds, ça commence à être très compliqué de tenir cette taille de toile-là. Je suis en effet obligé de passer en 5 m² aile à boudins. Si ça passe à 65 nœuds, on peut imaginer que je passe en 4 m² mais après ça devient assez délicat sachant que le Mistral est un vent instable, et que c’est encore plus vrai quand il est très fort. Les limites physiques ? A vrai dire, plus que sur la force, c’est dans la tête, sur l’habitude de monter à ces vitesses-là, sur l’endurance, sur la connaissance de son matériel et sur la motivation que ça se joue.»

Dans quelle mesure le fait passer la barre des 60 nœuds est-il envisageable ?

« L’année dernière sur le run où j’atteint ma vitesse max, c’est-à-dire 62,5 nœuds en vitesse de pointe, ça s’est fait sans trop de difficulté. Je n’ai pas eu plus peur que ça car j’étais totalement en contrôle. On peut imaginer que, cette année, si je fais un run avec des vitesses max comprises entre 60 et 63, ça ne va pas être la catastrophe et que, par ricochet, je peux envisager des vitesses moyennes à 60 nœuds surtout que comme je l’ai dit, l’aile à caissons que je vais utiliser cette année sera plus puissante et elle accélèrera plus fort que mon aile à boudins précédente. »

A ces vitesses, quelles sont les plus grosses appréhensions ?

« Je n’ai généralement pas d’appréhension pendant un run en lui-même. En revanche, il y a toute une phase de prise d’élan pour atteindre une vitesse optimale en entrée de run et la façon dont j’arrive à exploiter le vent à ce moment-là qui sont primordiales. Si je prends un départ « bidon », que je ne passe pas la ligne de départ à fond, mon run est assurément bon à jeter et il faut que je le fasse en entier malgré tout (le run complet fait 800 mètres de long), qu’on m’aide à passer dans l’étang d’à côté puis que je remonte jusqu’à la zone de départ, ce qui me fait prendre largement 15 à 20 minutes et me fait prendre le risque de gâcher un bon créneau de vent. »

Que s’est-il passé pour vous depuis votre record il y a un an ?

« Un peu comme l’année précédente, j’ai enchainé un mois et demi d’entraînement en Afrique du Sud, à Capetown. Après cette période hivernale, j’ai participé à l’intégralité de l’Engie Kite Tour, la Coupe de France de Speed Crossing. Une discipline qui est assez proche de la vitesse mais qui se joue en flotte. Cette année, on avait trois étapes autour du littoral français, que j’ai remporté dans ma catégorie, ce qui est plutôt satisfaisant. En août, il y avait le Championnat du Monde de vitesse au Sultanat d’Oman où malheureusement j’ai fini 2e derrière Rob Douglas. On a eu des conditions qui n’étaient pas forcément mes préférées, avec du vent léger à médium. Au bout du compte, on n’a pas beaucoup couru comparé à l’année dernière là où, au même endroit, on avait eu des supers conditions et où j’avais gagné. Parallèlement à tout ça, j’ai fait pas mal de trips photos un peu partout dans le monde. En bref, j’ai passé de nouveau beaucoup de temps sur l’eau. » 

Les cinq grandes dates qui ont marqué votre carrière ?

« – Le 19 avril 2005, je participe à ma première compétition dans le cadre du Mondial du Vent à Leucate. J’en garde un souvenir mitigé car avant le départ de la première course, j’ai cassé toutes mes planches de vitesse que j’avais mis des mois à développer avec mon shaper de l’époque. J’ai donc couru avec des planches que je ne connaissais pas et pas très adaptées à mon gabarit. A l’arrivée, je finis 12e, ce qui, somme toute, n’est pas un si mauvais résultat mais surtout, c’est grâce à cette épreuve que je me dis que c’est vraiment du Kite et de la compétition que j’ai envie de faire dans la vie !

 – Le 17 avril 2006, je remporte ma première compétition à Port-Saint-Louis du Rhône, en l’occurrence l’étape française de la Coupe du Monde PKRA Speed, ce qui me permet d’être sacré, peu après, vice-Champion du Monde PKRA Speed.

– Le 9 septembre 2007, je remporte mon premier titre de Champion du Monde à Walvis Bay, en Namibie. Un moment fort.

– Le 9 octobre 2007, je décroche mon premier record du monde et réalise la troisième meilleure performance de tous les temps sur l’eau. Un truc incroyable !

– Le 12 octobre 2010 en Namibie, je deviens le premier homme à franchir le mur des 100 km/h sur l’eau avec un engin à voile. Pour moi, ça a été un vrai truc de passer cette barre symbolique avec un run à 100,19 km/h, soit 54,10 nœuds. »

Courrier Recommandé s’offre la Rolex Middle Sea Race

L’équipage du JPK 11.80 Courrier Recommandé mené par le yachtman lillois Géry Trentesaux remporte la Rolex Middle Sea Race (609 milles) au classement général toutes classes devant 130 concurrents. Autour de la Sicile au départ et à l’arrivée de Malte, le clan Courrier réalise une nouvelle grande performance au terme d’un peu plus de trois jours de navigation dans des conditions souvent musclées.

« Quelle belle course ! » déclarait hier Géry, l’un des plus grands palmarès français en IRC et dans les compétitions du RORC. « Nous avons toujours été quasiment en tête dans notre classe. Nous avons atteint le détroit de Messine avant notre concurrent le plus coriace. Le vent avait faibli à ce moment mais il a ensuite repris de la force. Au près puis au portant dans une brise qui a atteint les 38 nœuds, nous avons alors creusé l’écart avec jusqu’à 50 milles d’avance sur nos poursuivants. Nous étions rapides et nous avons bien géré les phases de transition en n’hésitant pas notamment à garder notre spi alors que les conditions à certains moments étaient dantesques. » 

Géry était accompagné sur cette Rolex Middle Sea Race des expérimentés navigateurs François Lamiot, Franck Le Gal, Arnaud Aubry, Jean-Pierre Kelbert, Xavier Guéguen et Alexis Loison, tous impressionnés par le touché de barre de leur skipper dans la brise. Chapeau !

Les résultats de la Rolex Middle Sea Race

Dernière ligne droite

Sebastien Marsset, Skipper du Class40 Tohapi sur la Route du Rhum 2018

Sébastien Marsset vient d’en terminer avec une longue et fructueuse session d’entrainement en Bretagne Sud, sous la houlette de « Lorient Grand large ». Le skipper de Campings Tohapi a validé en conditions de course ses nombreux choix techniques de l’été, et c’est le coeur léger qu’il aborde à présent les derniers jours avant son grand départ pour Saint-Malo, et le départ de la 11ème édition de la Route du Rhum. Entre impatience d’en découdre, et envie de faire un beau voyage, le Nantais mesure pleinement sa chance d’avoir, en moins d’une année, pu, et su se donner les moyens de construire un projet sportif crédible, et de partager une aventure humaine rare. Campings Tohapi est attendu le 24 octobre, dernier délai, dans le bassin des concurrents, au pieds des remparts de la Cité corsaire. Derniers sentiments d’un futur solitaire :

Un marin heureux de sa préparation
« En jetant mon dévolu sur le Sabrosa 40 MK2 de François Angoulvant, N°139 de la Class40, je savais qu’il me faudrait beaucoup travailler pour l’adapter à la Route du Rhum » explique Sébastien. « J’ai donc scrupuleusement étudié les statistiques météos de la course, afin de définir avec précision les types de voilures les plus sollicités durant cette course. Tout le travail d’amélioration a ainsi consisté à me doter des voiles les plus performantes dans les types de temps que nous risquons de rencontrer tout au long des 3 542 milles de course. Je dois dire que je suis plutôt satisfait du résultat. Le bateau a beaucoup progressé cette année, aux allures importantes pour ce profil d’épreuve. »

Ne pas se laisser griser…
Une course majuscule attend désormais Campings Tohapi, dans cette Class40 de tous les records, avec pas moins de 53 engagés où l’on dénombre plusieurs skippers internationaux, des femmes et des ténors de la discipline, dotés de bateaux neufs particulièrement performants. « C’est vrai que la Class 40 a effectué ces dernières années un prodigieux bond en avant » poursuit Seb, «  les nouveaux bateaux affichent des vitesses de pointe et moyennes impressionnantes, tutoyant régulièrement les 30 noeuds, soit plus rapides que les multicoques des années 1990… Mais je ne ressens pas de pression particulière par rapport à cette concurrence exacerbée. Je redoute plus la casse matérielle. Il faudra savoir mettre le curseur de la vitesse, de l’engagement et de la performance au bon endroit dès le départ, ne pas se laisser griser par la surenchère inévitable lorsque l’on sera au coude à coude durant les premiers jours. La route vers Pointe à Pître est longue et il importera de savoir « en garder sous le pied », et ne pas brûler trop vite toutes ses cartouches. »

La poésie du grand voyage
« J’emporte pour 17 jours d’avitaillement » ajoute le skipper de Campings Tohapi. Le record de l’épreuve, établi voici 4 ans par l’espagnol Alex Pella, est de 16 jours, 17 heures et 47 minutes (10,79 noeuds de moyenne). Sébastien affiche sa détermination à performer. Au delà du résultat et du sport pur, il préserve cependant une tendresse et une hâte contenue pour la jubilation que procure le voyage, la navigation en solitaire. « Au sortir de la frénésie de Saint Malo qui s’annonce intense, je serai heureux de me retrouver seul aux commandes. J’ai gardé de mes expériences dans la Volvo Ocean Race des souvenirs de moments uniques passés au bout du monde, à contempler des paysages marins inaccessibles. L’arrivée sur l’arc antillais, la vue des premiers ilots, fera partie de ces moments magiques que l’on vient chercher dans cette course. Je demeure sensible à la poésie du voyage, à ce sentiment d’immense indépendance que l’on ressent en mer. »