La boucle est bouclée !

Arrivée Etape 2 – Saint-François (GUADELOUPE – FR)

Ce lundi 13 novembre à 1h41 (heure de Paris), Caroline Boule est arrivée en Guadeloupe, bouclant ainsi les 2 700 milles de la deuxième étape de La Boulangère Mini Transat en 15e position chez les Proto. Une place dont elle s’empare également au classement général de l’épreuve (avant jury). Si le résultat sportif est en-deçà de ses attentes, la skipper de Nicomatic est toutefois parvenue à aller au bout de son aventure malgré les embûches. A avancer au-delà de ses limites et ainsi à relever le défi de traverser l’Atlantique en solitaire sur un bateau de seulement 6.50 mètres grâce à une détermination inébranlable.

« Au moment où j’ai franchi la ligne je me suis que c’était dingue, que j’avais traversé l’Atlantique ! C’est quand même assez fou de faire ça tout seul sur un si petit bateau ! Lorsque l’on vit entouré de « voileux », on pense que c’est normal de faire ce genre de choses, mais en réalité, ça ne l’est pas du tout ! », a commenté Caroline à son arrivée à Saint-François, très tôt ce lundi matin. De fait, faire le grand saut à travers l’Atlantique en solitaire en Mini 6.50 est une aventure totale, intense, au plus près des éléments. « C’est un engagement de chaque instant, la nécessité de mobiliser, seul, toutes ses ressources », a confirmé la skipper de Nicomatic qui, très vite après le départ de La Palma, n’a pas eu d’autre choix que de faire escale à Puerto de la Estaca, dans le nord-est de l’île Canarienne de El Hierro à la suite d’un problème de pilote. « A partir du moment où je me suis retrouvée derrière, j’ai compris que ce n’était plus pour la performance que je faisais cette Mini Transat. Mon principal objectif est alors devenu d’arriver de l’autre côté coûte que coûte et j’ai fait de mon mieux pour ça », a assuré la navigatrice qui s’est alors totalement engagée dans l’action, repoussant ses limites à au-delà de ce qu’elle pensait atteignable et imaginable.

Des pistes à explorer

« Ça a été extrêmement dur tout le temps mais ça valait le coup !  Il y a eu des moments géniaux et d’autres particulièrement éprouvants. Ce que j’ai trouvé le plus difficile, c’est le fait d’être trempée en permanence. Je pense que je vais avoir du mal à m’en remettre psychologiquement », a avoué Caroline Boule qui est également nettement sortie de sa zone de confort physiquement. « Nicomatic est un bateau très innovant mais aussi très exigeant. Il n’empêche que j’ai pris énormément de plaisir sur cette deuxième étape, ce qui n’avait pas été le cas lors de la première. La dernière journée a indiscutablement été l’un des meilleurs moments de ma course. Il y avait du vent très fort. Je n’avais plus d’aérien donc je ne sais pas quelle force de vent il y avait, mais j’avais deux ris dans la GV puis mon spi médium arisé, et ça volait vraiment très bien », a relaté la skipper qui a ainsi grappillé de nombreuses places dans les derniers milles, confirmant le remarquable potentiel de sa machine. « Le bateau n’a que deux ans et il est tellement différent des autres que je pense que c’est normal qu’il ne soit pas encore au niveau de ceux qui gagnent mais après cette expérience il est certain que les enseignements seront nombreux. Je suis fière d’avoir tracé ma route ces deux dernières années. Au-delà de cette transat, ce projet a été un défi entrepreneurial intense avec la construction d’un voilier très innovant qui arrive d’ailleurs en très bon état en Guadeloupe mais aussi l’animation d’une super équipe et de partenaires géniaux. Je sors de cette aventure très positivement et avec beaucoup de nouvelles envies au grand large », a terminé la régatière qui a toutefois réussi l’essentiel en menant sa monture de l’autre côté de l’Atlantique.

 

Caroline Boule : « Ce genre d’expérience apprend la résilience »

Arrivée vendredi en fin de journée à Santa Cruz de La Palma, Caroline Boule a bouclé les 1 350 milles de la première étape de la 24e La Boulangère Mini Transat en 20e position chez les Proto au terme de onze jours de mer. Onze jours marqués essentiellement par de petits airs et des conditions de mer chaotiques qui ne lui ont pas permis d’exploiter le potentiel de son bateau volant d’autant qu’elle a été confrontée, dès le quatrième jour de course, à des problèmes électroniques. Poussée dans ses retranchements, physiquement mais aussi et surtout mentalement, la skipper de Nicomatic a toutefois su trouver les ressources pour aller au bout de ce premier acte qui lui a appris la résilience. Tant et si bien que si elle affiche un retard de plus de 28 heures sur le leader au classement général, elle choisit de faire face à ses erreurs et se focalise d’ores et déjà sur la deuxième manche, bien consciente qu’à ce stade, rien n’est encore écrit mais qu’à l’inverse, tout reste à faire !

Bien souvent en course au large, rien ne se passe comme prévu. Le scénario de la première étape de La Boulangère Mini Transat entre Les Sables d’Olonne et Santa Cruz de La Palma l’a montré, et nombreux sont les favoris qui en ont fait les frais. Pour ce qui la concerne, Caroline Boule a connu une course difficile. Une course qui, jamais, ne lui a permis d’exploiter le formidable potentiel de son bateau hyper-technologique. « J’étais sûre que sur les 1 350 milles du parcours, je trouverais un moment où je pourrais voler or cela n’a pas été le cas. Il y a globalement eu de petits airs et les seuls moments où il y a eu du vent, c’est au moment où la mer était très croisée. Trop, pour que le bateau puisse décoller. Cela m’a beaucoup frustrée », explique Caroline Boule, qui s’est retrouvée en proie à de nombreuses émotions, bien évidemment amplifiées par l’enjeu et la brièveté des moment-clés lorsque tout se joue. « Nicomatic est un bateau très innovant. Sur le papier, il est plus rapide que les autres. Forcément, je voulais me comparer à ceux de devant mais j’ai vite oublié que mes rivaux ont des machines qui sont sur le circuit depuis plusieurs années ou dont le mode d’emploi est connu. La donne est différente pour moi. Avec le type de bateau dont je dispose, je suis une sorte de pionnière. Je me dois donc de ne pas être trop impatiente », déclare la navigatrice. De fait, à chaque jour et chaque heure passés sur l’eau, elle découvre davantage sa monture. « Lors de cette première étape, j’ai navigué dans des conditions que je n’avais encore rencontrées. Je suis toujours en phase d’apprentissage. Pour finir par voler dans la mer, il faut juste que je trouve le bon réglage », souligne la skipper qui a, par ailleurs, été confrontée à des problèmes électroniques peu après avoir franchi le cap Finisterre, au quatrième jour de course.

Regarder ses erreurs en face

« Il y a eu une gestion de l’énergie permanente. Je me disais que j’avais deux batteries : celle du bateau et la mienne. Je pouvais emprunter sur l’une pour aider l’autre mais ce qu’il ne fallait surtout pas, c’est que les deux soient à plat en même temps », relate Caroline qui a dû organiser son rythme à bord en conséquence : barrer beaucoup, dormir le jour lorsque le panneau solaire prenait le relai, mais aussi couper et se priver de certains appareils comme la VFH, l’AIS, le pilote automatique ou encore les GPS, pour économiser un maximum ses batteries. « Le fait d’avoir réussi à aller au bout de cette première étape en ayant été plusieurs fois en black-out m’a finalement mis en confiance. J’ai appris beaucoup de choses. Aujourd’hui, je sais que je peux gérer toute seule n’importe quel type de situation ou presque », expose la régatière qui a clairement repoussé ses limites. Affronté ses peurs et élargi sa zone de confort. « Avec le recul, je me dis que mentalement, ça a été un travail incroyable. A plusieurs reprises, j’ai pensé abandonner. J’ai remis énormément de choses en question. Ce genre d’expérience, ça apprend vraiment la résilience », assure Caroline qui a d’ores et déjà tiré de nombreuses leçons de ce premier volet de la compétition, et qui se projette maintenant sur le second. « J’essaie de me remettre dedans tout de suite. Cela fait deux ans que je travaille pour ce projet. L’objectif, à présent, c’est de me focaliser sur le positif. C’est ainsi que je fonctionne dans la vie d’une manière générale. On n’a jamais envie de regarder ses erreurs en face parce que ça fait mal mais il est nécessaire de le faire. Sur cette première étape, il y a des choses qui m’ont manqué. J’ai commis des erreurs de stratégie, j’ai eu des problèmes d’énergie et j’ai eu du mal à voler sur mon bateau. Ce sont trois points que je vais travailler ces deux semaines pour revenir plus forte sur l’étape 2 », termine Caroline Boule qui garde en tête que lors de la dernière édition, Hugo Dhallenne avait fini la première manche avec un retard de près de 24 heures sur le premier avant de finalement l’emporter en Guadeloupe, dans la catégorie des Série. Et que, de ce fait, rien n’est impossible !

La Boulangère Mini Transat : objectif victoire pour Caroline Boule !

Course en solitaire, sans assistance et sans moyens de communication modernes, La Boulangère Mini Transat est définitivement une épreuve atypique dans l’univers de la course au large. Depuis sa création en 1977 par Bob Salmon dans le but de renouer avec l’esprit aventureux des premières transatlantiques, elle a permis à près d’un millier de marins de traverser l’Atlantique. Cette année, ils seront 90 à faire le grand saut, parmi lesquels Caroline Boule, indiscutablement l’une des grandes favorites de cette 54e édition dans la catégorie des prototypes. A la barre de Nicomatic, un bateau volant hyper-technologique et novateur, la navigatrice compte en effet de très nombreux atouts dans son jeu pour performer sur les 4 050 milles du parcours entre Les Sables d’Olonne et Saint-François, via Santa Cruz de La Palma. Elle pourrait même, de ce fait, devenir la toute première femme à inscrire son nom au palmarès de l’épreuve.

Le compte à rebours est lancé pour les concurrents de La Mini Transat La Boulangère. C’est en effet ce dimanche 24 septembre à 14 heures que sera donné le coup d’envoi de l’épreuve au large de port Olona. « Je suis vraiment impatiente d’y aller ! », annonce Caroline Boule.

De fait, après deux années de préparation lors desquelles elle a notamment lancé la construction d’un prototype d’exception, en l’occurrence un plan Sam Manuard, largement optimisé au niveau aéronautique et doté d’un cockpit différencié qu’elle et son équipe ont réussi le tour de force de terminer en l’espace de quatre mois et demi seulement, la navigatrice s’apprête désormais à s’aligner au départ de sa première transatlantique en solitaire. « J’ai voulu un projet ambitieux et je me suis donné les moyens pour qu’il le soit. Mon objectif, c’est clairement la victoire à l’arrivée en Guadeloupe, mais je n’oublie pas qu’il s’agit justement de ma première participation à l’épreuve, contrairement à la plupart de mes principaux adversaires dans la catégorie des Proto », détaille la skipper de Nicomatic qui va notamment devoir faire face à des concurrents récidivistes tels que Federico Waksman, Julien Letissier ou encore Marie Gendron. « Mon point fort, c’est clairement mon bateau », détaille Caroline qui possède l’un des Mini 6.50 les plus récents de la flotte, mais aussi et surtout incontestablement le plus novateur.

« Il est plus rapide que les autres quasiment à toutes les allures et dans toutes les conditions. Son seul point faible, c’est le petit temps », avance la navigatrice qui s’est effectivement montrée extrêmement à l’aise sur les allures allant de 70 à 150° du vent, au-dessus de 8 nœuds, lors des épreuves d’avant-saison. « Ce qui me fait un peu peur, c’est de ne pas réussir à gérer mon énergie. Nicomatic est un voilier à bord duquel il est parfois difficile de dormir ou même, plus généralement, de se reposer. Le but est de trouver le meilleur compromis pour être rapide le plus souvent possible et ne pas m’écrouler de fatigue dans un moment qui pourrait s’avérer crucial ».

Une passion pour les bateaux volants et l’innovation

Si sa machine est exigeante physiquement, elle impose également beaucoup de finesse sur le plan de la conduite. « En ce sens, il est évident que mon expérience en Moth International est un atout. Je conduis mon Mini comme je conduis un dériveur, en jouant les contre-gîtes et les surfs », souligne la skipper, rompue à l’art de la régate au contact mais encore peu expérimentée au large. « La météo et la stratégie sont des choses que je continue encore de découvrir », assure-t-elle après avoir toutefois d’ores et déjà montré qu’elle apprenait vite et bien, terminant notamment 2e de la Plastimo Lorient et 2e de la Puru Transgascogne cette saison. « La concurrence est particulièrement relevée cette année. Jamais n’on a vu autant de marins capables de prétendre à la victoire sur une même édition. C’est très stimulant », poursuit Caroline dont la principale appréhension demeure naturellement la casse matérielle. Une casse qui pourrait la stopper net dans son élan et anéantir tout le travail réalisé depuis deux ans par elle et son équipe composée, entre autres, de Benoît Marie, le vainqueur de la Mini Transat 2013 en Proto. « Nous avons réalisé un gros chantier cet été lors duquel nous avons renforcé tout ce qui avait cassé jusque-là en y mettant trois ou dix fois la charge », avance la skipper qui a laissé le minimum de place possible au hasard, et qui se réjouit par ailleurs de la tendance météo annoncée. « Les premiers jours de mer ne devraient pas être très ventés. Ça me va bien. Cela va me permettre de rentrer dans le match en douceur. Je sais que sur les 1 350 milles de la première étape entre la Vendée et les Canaries, je ne vais pas manquer d’occasions de voler ». De voler et d’affirmer, d’emblée, ses ambitions !

Caroline Boule en bref…

Née à Varsovie, Caroline Boule passe les 18 premières années de sa vie en Pologne où elle s’initie au 49er puis au Laser Radial avant de s’expatrier en Grande-Bretagne afin de continuer ses études. Sur place elle pratique le Team Racing durant quatre années au plus haut-niveau, ce qui lui permet d’acquérir des bases solides dans l’art de la régate. La régate qu’elle poursuit sur le circuit Moth International une fois son arrivée en France, en 2021, et sur lequel elle fait la rencontre de Benoît Marie. Vainqueur de la Mini Transat 2013 en Proto, ce dernier lui fait découvrir la classe des Mini 6.50. Dès lors, l’histoire est en marche pour la jeune navigatrice qui, une fois sa thèse en physique à l’Ecole Polytechnique de paris en poche, parvient à convaincre l’entreprise Nicomatic, qu’il l’accompagnait jusqu’alors en Moth à foil, de faire le grand saut avec elle et de lancer la construction d’un bateau volant. Un prototype ultra performant et totalement novateur à bord duquel elle ne cache pas ses ambitions de victoire dans cette 54e édition de La Boulangère Mini Transat.

En savoir plus sur la MINI : https://minitransat.fr/