Julia Simon ; la tête plus forte que les jambes

Epuisée, vidée, rincée… mais heureuse. Julia Simon termine sur les rotules une éprouvante saison 2024/2025. Mais quelle saison! jugez plutôt! Troisième de la coupe du monde et deuxième Française, avec 4 podiums et deux victoires, la Beaufortaise a surtout, et pour la deuxième saison consécutive, éclaboussé de toute sa classe, de tout son talent et de sa hargne les championnats du monde de Lenzerheide (Suisse), dont elle revenait illuminée de quatre breloques en or! Année à succès, année contrastée, mais année une nouvelle fois à marquer d’une pierre blanche dans une carrière qui se singularise désormais au sommet des hiérarchies nationales et mondiales. Julia Simon tutoie en effet au nombre de victoires la légende Française Sandrine Bailly, et rejoint avec 4 titres mondiaux Marie Dorin-Habert, à deux unités de Magdalena Forsberg et Liv Grete Poirée (6 titres chacune).

Le talent et la gniac !

« Je fais l’impasse sur le 72ème tournoi des Douanes programmé la semaine prochaine en Italie! » Julia Simon a rangé sa carabine, et n’aspire même plus à profiter à ski des dernières neiges.  » Cette saison a été très épouvante » explique-t’elle. « Je n’ai jamais véritablement trouvé mon pic de forme, et j’ai dû toujours m’appuyer à ski sur le combat. » Car de combattante, Julia en a en effet étalé toutes les facettes, accrocheuse en diable lorsque les jambes ne répondait plus exactement à ses insatiables ambitions. C’est bien la tête, plus souvent que les jambes qui a porté la savoyarde en tête des courses. A l’image de son tir, exercice cérébral par excellence, qui rarement l’aura trahi, lui permettant notamment de signer cette éclatante victoire sur l’Individuel des Championnats du Monde avec un époustouflant 19 sur 20. « J’ai pu à plusieurs reprises pratiqué mon biathlon » insiste-t’elle « J’ai signé de nombreux 10/10 ou 20/20 qui confirment le bien fondé de ce que j’ai mis en place lors de ma préparation. Je n’ai pas toujours eu les jambes que je voulais et j’ai beaucoup pioché physiquement. J’ai puisé loin dans mes ressources mais j’ai su trouver mentalement beaucoup de force. Cette victoire sur l’Individuel des Championnats du Monde m’a permis de véritablement reconstruire mon biathlon, car ce format n’était a priori pas mon favori. J’ai longtemps ressenti une sorte de fatigue mentale, que j’ai combattu pied à pied pour terminer cette saison avec au final beaucoup de satisfactions. J’en ressors grandie! »

J’aspire au repos !

Julia va désormais couper drastiquement avec le biathlon. « J’aspire au repos et à la sérénité. Je vais certainement partir en vacances, et me laisser porter par mes envies, ou mes non envies, histoire de recharger tranquillement mes batteries mentales. J’ai beaucoup appris sur moi-même ces dernières semaines, sur ma capacité à m’accrocher, à rebondir, à lutter contre moi-même. Je vais certainement modifier mon approche du biathlon, de ma préparation, en me projetant course après course, pas au-delà. Je dispose à présent d’une certaine expérience et je veux en jouer, faire preuve de maturité, savoir trouver la fraicheur au bon moment, rester dans mon biathlon, à l’image peut-être d’une Franziska Preuss, redoutable d’intelligence en course. »

Rendez vous en novembre, avec les JO en point de mire.

Place donc au relâchement, au lâcher prise pour Julia Simon, qui ne se voit pas renouer avec le biathlon et sa préparation avant la fin mai. « Je vais prendre du temps pour moi, et faire ce que j’ai envie. » Rendez-vous donc le 29 novembre en Suède, à Oestersund, pour une nouvelle saison que les Jeux Olympiques d’Antholz-Anterselva (Italie) viendront animer du 8 au 22 février 2026. Une date à n’en point douter déjà gravée en lettres d’or dans l’agenda de Julia.

Palmarès saison 2024/2025

Deux victoires en Coupe du Monde.
Trois 2eme places.
Une 3eme place.

Championne du monde de l’individuel.
3 fois championne du monde de relais.

Une victoire en relais féminin.
Deux 2emes places en relais féminin.
Deux 3emes places en relais féminin.

Julia Simon, de nouveau reine des Mondiaux à Lenzerheide : « J’ai fait mon biathlon »

Imperméable aux qualificatifs les plus élogieux venus saluer ses récentes performances, Julia Simon se remet doucement, méthodiquement des intenses émotions, tant physiologiques que psychologiques des derniers championnats du monde disputés la semaine dernière à Lenzerheide en Suisse. La Beaufortaine, déjà symboliquement déclarée reine des Mondiaux l’an passé à Nove Mesto (Rép. Tchèque), se présentait cette année nimbée d’incertitude, après un début de saison en pointillés. Elle repart avec une nouvelle quadruple couronne mondiale, quatre médailles d’or dont une particulièrement chère à son coeur, celle de l’Individuel qui lui avait échappé l’an passé, sur ce format si exigeant. Elle franchit une nouvelle étape dans la hiérarchie mondiale des athlètes les plus sacrées sur des championnats du monde, avec désormais 13 médailles dont 10 en or, qui la placent à égalité pour la cinquième place des biathlètes féminines les plus titrées, à quelques longueurs de la légende Norvégienne Marte Olsbu-Roiseland.

Retrouver le naturel…
Actuellement 4ème de la Coupe du Monde, et dans le haut des classements des différents formats du biathlon, c’est pourtant sur la pointe des skis que Julia se présentait au départ de ces championnats du monde avec en tête un seul mot d’ordre, « simplicité ». Ou comment évacuer d’emblée la pression héritée de Mondiaux stratosphériques réalisés l’an passé, couronnés déjà de quatre titres. « Lenzerheide constituait bien l’objectif prioritaire de ma saison » avoue-t’elle. « Je me suis préparée de manière idéale aux Saisies, et la forme physique est revenue au bon moment. J’ai senti que j’avais la condition pour jouer devant. Cela met en confiance pour le tir et les bonnes sensations se sont enchainées. Le biathlon est un tout, un indissociable ensemble. Il me fallait retrouver mon naturel, faire « mon »  biathlon. »

Régularité au plus haut niveau
4 titres en 2024, et 4 titres en 2025. Julia écrase les bilans. Elle est désormais titrée sur tous les formats dont l’Individuel. « Ce n’est pas mon format favori, celui pour lequel je ne me sens pas taillée, et je ressens une grande fierté pour ce titre et pour mon bilan sur ces deux saisons. Il témoigne de ma régularité, de ma consistance au plus haut niveau. »

Surfer sur cette dynamique
Si Julia termine ces championnats du monde sur les genoux, elle conserve cependant intacte son envie de performer sur la fin de saison. Trois grands rendez-vous l’attendent dans le cadre de la Coupe du monde le mois prochain, à commencer dès le 6 mars prochain par Nove Mesto en République Tchèque. « J’ai quelques jours pour récupérer, refaire de l’énergie. Il me faut rester moi-même, simple et naturelle. Je veux m’appuyer sur ma forme actuelle et sur mon capital confiance pour terminer cette saison en beauté. Je suis en tout cas fière d’être au niveau des championnes que j’admirais plus jeune… »

Julia Simon, sans fard ni esbrouffe !

Le biathlon, rien que le biathlon mais tout le biathlon. A la veille des championnats du monde de Lenzerheide en Suisse, du 12 au 23 février prochains, la savoyarde Julia Simon  poursuit la lente et méticuleuse construction de cette alchimie unique qui est l’essence de son sport, ce mélange d’optimisation physique et d’excellence mentale, pour allier performance à ski, et précision derrière la carabine. Actuellement 4ème de la Coupe du Monde, et deuxième tricolore après l’étape d’Antholz – Anterselva, la native d’Albertville vient de rajouter cet ingrédient souvent essentiel et décisif dans la quête de résultats au plus haut niveau, le plaisir. Elle avait l’an passé éclaboussé de toute sa classe les Mondiaux de Nové Mesto, remportant 4 titres dont deux médailles d’Or individuelles. La barre est haute pour retrouver ce niveau de performance, mais Julia est plus que jamais habitée de cette même rage de vaincre qui l’a l’an passé portée sur les plus hautes marches des podiums.

Le goût de l’effort.
D’une nature profondément ancrée dans les valeurs de la terre, et de ses Alpes natales, Julia chérit et entretient le goût de l’effort et du dépassement de soi. La hargne, la bagarre, la confrontation au contact est souvent son carburant pour forcer les décisions. Si la pratique du ski, Alpin puis de fond, s’est vite imposée comme une évidence au sein de son club des Saisies, le tir lui est venu par amusement, par jeu. « Une révélation » avoue t’elle, « Surtout en position debout, où j’ai très tôt montré de grandes facilités et un tir très naturel. »  Loin de ses montagnes, peut-être aurait elle pratiqué l’athlétisme qui l’inspire. L’effort, encore et toujours. Le fond devient son terrain d’expression, qui la pousse à explorer ses limites.

Pilier de l’équipe de France
La France est, avec la Norvège, une des nations phares du biathlon. Et les féminines de briller particulièrement grâce à un renouveau perpétuel de ses cadres. Julia est ainsi une des locomotives de l’équipe tricolore, bien consciente de l’extraordinaire émulation qui propulse chaque année de nouveaux talents au firmament de l’équipe. A 28 ans, Julia se sent en maitrise de son art et compte bien atteindre son paroxysme à l’occasion des prochains Jeux Olympiques, en 2026 en Italie. « Je sais ce qui fonctionne, comment aligner mes planètes entre tir et condition physique. J’ai désormais une bonne dose d’expérience dans la gestion des courses, du stress, de la pression. Il me faut juste savoir être moi-même, en constance. »

L’équilibre entre sport et travail du bois.
« J’ai fait très tôt le choix du biathlon, dès le lycée où peu de matière m’intéressait. Issue d’une famille d’agriculteurs, et à l’heure des choix de filière, j’ai très vite ressenti une appétence, un intérêt pour la menuiserie et le travail du bois. J’ai donc fait un CAP et je découvre depuis les vertus apaisantes du travail de cette manière. J’y apprends la patience, le goût du travail bien fait. Je suis engagée auprès du fonds de dotation ONF agir pour la forêt. C’est aussi le parfait dérivatif qui m’extraie totalement de l’omniprésence du biathlon. En ferai-je mon métier ? C’est à voir, car le biathlon m’a aussi fait découvrir le monde. J’ai envie de communiquer, de partager. Le sport féminin doit prendre toute sa place dans la société, et j’aimerai m’y engager… »

Une ambition intacte.
« Oui, je veux toujours plus. Je n’ai pas le sentiment d’être rassasiée de titres. J’ai toujours envie de grandir et de découvrir. Je veux renouveler ces expériences de biathlon complet, bien réalisé, en maitrise. C’est pour cela que je travaille et que je m’accroche dans les moments de doute. »

En bref :
Né le : 09 octobre 1996, à Albertville
12 victoires individuelles
1 gros globe (2022 / 2023)
5 petits globes (Relais dames 2023 / 2024, poursuite, mass start, relais mixte, relais dames 2022/2023)