Entrepreneur visionnaire, profondément humaniste, Alexandre Fayeulle révolutionnait en 2020 le sponsoring sportif en offrant à une association, LinkedOut, le nom de son tout nouvel Imoca, construit pour Thomas Ruyant dans l’optique du Vendée Globe 2020. Trois ans plus tard, il poussait un peu plus loin encore sa vision de l’utilisation du sport et de la course au large en particulier, pour transformer la société en créant une écurie de course au large à deux bateaux, portant tous le seul et même nom d’une grande campagne de sensibilisation et de transformation, appelée VULNERABLE. Son objectif, contribuer à faire émerger un nouveau projet de société, qui place l’humain et le vivant au centre de tout, avec un credo tout droit inspiré du coeur de métier de ce leader de la cybersécurité à travers sa société Advens, « hacker » le logiciel de la société de la performance, qui épuise les individus, nos sociétés et la planète. Boulonnais bon teint, terrien viscéral, Alexandre a très vite, au contact de Thomas Ruyant, appris à déchiffrer le langage de la navigation hauturière. La passion faisant le reste, il jette un éclairage pertinent sur les 40 jours de course écoulés dans ce Vendée Globe de tous les superlatifs.
« Quelle intensité ! »
« Je suis très impressionné par le rythme, l’intensité de ce Vendée Globe. Je suis aussi très surpris de l’incroyable résistance des hommes et du matériel dans de telles conditions. C’est là à mon sens la clé de la seconde moitié du tour du monde, jusqu’à quel point les bateaux et les skippers vont pouvoir résister à cette cadence infernale et tenir la distance. Quelle est la capacité des hommes et des machines à tenir encore un demi-tour du monde avec cette intensité ? On saura à l’arrivée qui a placé le curseur du compromis performance/préservation à la bonne hauteur. Les leaders n’ont-ils pas trop entamé leurs ressources, et de quelles réserves disposent-ils encore ? »
Le temps long…
« Le classement actuel est tout à fait logique et récompense ceux qui ont pris le plus de risques et mis le plus d’engagement. Sam et Thomas s’inscrivent parmi les plus prudents. Ils ont joué les premiers rôles jusqu’à l’Equateur. Ils s’inscrivent depuis dans la durée, et dans une logique de préservation. Qui aura eu raison à la fin ? Qui aura su placer le curseur au bon niveau ? Tout ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que les 2 skippers VULNERABLE sont en forme et leurs bateaux à 100% de leur potentiel. Même si le classement actuel est plutôt déceptif, j’apprécie leur sagesse, et leur capacité à accepter des événements défavorables. Thomas a gagné en maturité et assume ce choix de la prudence et du temps long. La seconde moitié de ce Vendée Globe est la plus difficile. Je suis convaincu que la fraicheur des hommes et l’intégrité préservée des bateaux seront des facteurs décisifs pour le sprint final en Atlantique. »
Prendre conscience de sa vulnérabilité.
« Ce Vendée Globe est la parfaite illustration des messages que nous souhaitons partager à travers notre campagne pour la prise de conscience de nos vulnérabilités. Le culte de la performance à tout prix, en sport comme dans l’entreprise, a ses limites et mène à l’épuisement des individus, de nos sociétés et de la planète. Pour durer, il faut savoir préserver ses ressources et accepter ses limites, ainsi que le font Sam et Thomas, et on verra à l’arrivée si cette attitude aura payé sur cette course. Ménager sa monture paie à long terme. Je souhaite à Thomas et à Sam d’en faire la démonstration »
La campagne VULNERABLE
« L’accueil de la campagne par le grand public est exceptionnel depuis son lancement aux Sables d’Olonne. Notre stand y a accueilli entre 80 000 et 100 0000 visiteurs. Nous avions 1 000 supporters le long du chenal et 10 000 personnes se sont déjà abonnées sur notre site vulnerable.org. Par ailleurs, alors que nous démarrons seulement le volet professionnel du projet, déjà 500 entreprises ou organisations professionnelles nous ont rejoint. »
Il fallait aller vite ! Poussés par l’impérieuse nécessité de demeurer le plus longtemps possible en bordure d’une dépression accrochée au large du Brésil, les Imocas à grand foils des dernières générations ont dévoré l’Atlantique Sud, en alignant d’ébouriffantes journées à 550 milles et plus. L’émulation entre des skippers tous biberonnés à la culture de la performance et de la gagne aura fait le reste. Aux côtés du leader Charlie Dalin (Macif-Santé Prévoyance), Thomas Ruyant (VULNERABLE), mais aussi Yohan Richomme (Arkea Paprec) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), sans négliger Jérémie Beyou (Charal) et Nicolas Lunven (Holcim PRB), tricotent avec précision leur entrée dans l’Océan Indien, en profitant à coups d’empannages d’un étroit couloir de vent, avant de plonger plus au Sud en bordure de la Zone d’Exclusion Antarctique où sévissent les flux perturbés d’Ouest.
Changement de décor, de températures, de reliefs maritimes et de couvertures célestes pour les solitaires hier encore accablés de chaleur et qui retrouvent ces dernières heures avec plaisir leurs vêtements polaires. La régate planétaire se poursuit pour les leaders heureux de changer de bord et qui envisagent avec satisfaction la perspective de tracer dès ce week-end et toute la semaine prochaine un bord rectiligne et efficace tribord amure en direction de l’Est, via une latitude plus hurlante du côté des 50 degrés de latitude Sud. Comme l’indique joliment Thomas Ruyant ce matin, le temps se fait plus long, la solitude plus palpable, et la réalité du Vendée Globe, construite sur le sport et l’aventure, s’incruste davantage encore dans le quotidien des marins, plus confrontés que jamais à leur vulnérabilité.
Morceaux choisis des réflexions de Thomas au 19ème jour de course :
Nouvelle ambiance !
“C’est une nouvelle ambiance depuis hier et la fin de notre long et délirant bord bâbord. Le jour se lève très tôt, vers 4 heures. Le vent est très “rafaleux” et oscille entre 17 et 20 noeuds. La mer est formée mais facile. Le bateau passe sans forcer.”
Vite et en tribord dans l’Indien.
“On sort d’une semaine de folie, mais cela ne s’arrête pas brutalement. On a quelques empannages à faire mais on va continuer de glisser vite, en tribord amure cette fois dans l’Indien. Il faut rester dans cette petite veine de vent pour passer sous Bonne Espérance.”
Un Atlantique Sud de folie.
“Ces 5 jours en Atlantique Sud resteront dans ma mémoire. Je n’étais jamais allé aussi vite, aussi longtemps. On était sur un genre de reaching rapide, pas ou peu de vmg. Il fallait être dessus en permanence, à l’attaque pour profiter de cette dépression et de ce vent de Nord Ouest. On voit aujourd’hui, avec cette transition sous l’Afrique, que ça valait la peine de s’arracher. On a créé une cassure dans la flotte, et on va pouvoir garder du vent pour entrer dans l’Indien.”
615 milles en 24 heures !
“Seb Simon a été impressionnant ! Je ne crois pas que son record (615 milles) puisse être battu de sitôt. Je suis heureux des moyennes que nous avons tenues. C’était superbe.”
Rythme de vie.
“Je tiens un bon rythme, de vitesse mais aussi de vie, de sommeil et d’alimentation. Je vérifie régulièrement le bateau, et j’effectue les petites réparations immédiatement.”
Les 40èmes…
“On est déjà par 40° de latitude Sud, les 40èmes pas très rugissants. Ce n’est pas encore l’ambiance particulière du Grand Sud, mais on sent que la mer commence à se former. Mais notre folle cavalcade de la semaine nous a habitué à cette houle. Beaucoup d’oiseaux mais je n’ai pas encore vu d’albatros.”
Voir Crozet !
“On aborde l’océan Indien dans un vent de Nord Ouest assez soutenu. Il y aura un empannage à faire pour plonger vers la zone des glaces en tribord amure quand le vent passera Sud Ouest. On devrait passer près des îles Crozet, qui font partie des Terres Australes et Antarctiques Françaises, par 45 ° Sud. “
La guerre des carènes !
“Cette régate est planétaire. Le niveau est incroyable. Je suis heureux d’être dans ce bon paquet de tête. J’observe les classements, les performances et positions des uns et des autres. Les carènes signées Verdier étaient très à leur aise sur une mer relativement plate, sur une navigation plus lofée. Les plans Koch Finot-Conq, Paprec-Arkea et mon VULNERABLE devraient mieux s’exprimer dans une mer plus formée, car on s’arrête moins dans les vagues, avec une navigation qui privilégiera le vmg. Les plans “Verdier” ont des formes de coques tendues et puissantes contrairement aux plans “Koch », plus ronds et bananés pour améliorer le confort à bord et le passage dans la mer. Si je dois faire des différences, ce sera dans l’Indien.”
Solitude !
“J’entre en solitude, un sentiment assez bizarre, qui me plait bien. J’entre dans un temps long. Je sens que je suis parti pour un grand voyage.”
A noter :
La VMG « Velocity Made Good » correspond à une donnée entre la vitesse du bateau et l’angle de CAP. La VMG fait référence à l’optimisation entre la vitesse d’un voilier variable suivant la direction du vent et la distance à parcourir. On parle aussi de compromis cap/vitesse.
Des Sables-d’Olonne au cap de Bonne-Espérance : Alex Thomson avait mis 17 jours 22 heures et 58 minutes lors de l’édition 2016-2017
Heureux qui comme Goodchild profite d’un beau voyage. Le skipper Britannique de VULNERABLE respire, inspire avec chaque mille avalé le bonheur, la plénitude d’être en mer et d’évoluer, après plus de 6 000 milles de course (déjà !), dans le bon wagon des leaders. Pointé depuis le départ à 24 reprises en tête de son premier Vendée Globe, le bizut a quelque peu rétrogradé durant ces derniers jours de folie expérimentés par les foilers en travers de l’Atlantique Sud. Son plan Verdier de 2019, moins taillé pour ces longs runs de vitesse pure, au portant et sur mer parfaitement carrossable, pointe néanmoins en une très honorable 7ème place, en capacité d’exploiter les vicissitudes du Grand Sud à son profit, dès que l’occasion se présentera. Le cap de Bonne Espérance, marqueur du Vendée Globe, et qui précède en son Est, au niveau du cap des Aiguilles, l’entrée dans l’Océan Indien, fait basculer les solitaires dans un autre imaginaire, exaltant et sombre, que Sam aborde avec une distanciation, un recul, un flegme tout Britannique, en quête perpétuel de l’osmose parfaite avec son bateau et l’océan. Alors que s’avance une délicate transition à négocier au millimètre entre la dépression Brésilienne “coupable” des allures vertigineuses de la semaine, et en voie d’affaissement en Atlantique Sud, et l’arrivée de flux d’Ouest soutenus en bordure de la Zone d’Exclusion Antarctique, Sam dresse un bilan tout en mesure d’un premier quart de course parfaitement maitrisé.
Es-tu satisfait de ta place compte tenu des performances des bateaux récents qui t’entourent?
« Je suis satisfait de ma place (7ème à l’heure où nous écrivons ces lignes. ndlr) Je suis assez fier de moi, de pouvoir faire cette régate sans me prendre la tête. Les adversaires, les classements, je les regarde sans me poser trop de questions. Il y a des choses frustrantes et des choses positives. Je m‘occupe de ma régate et de faire les choses proprement. On vient de passer la barre des 25% du parcours déjà effectués. On a passé la longitude de l’arrivée du Vendée Globe. Le vrai tour du monde commence aujourd’hui. »
As-tu le sentiment d’avoir limité les dégâts face aux foilers plus récents?
« Oui. J’ai un peu limité les dégâts. J’aurai pu aller un peu plus vite mais je voulais préserver le bateau. J’aurai pu faire un choix de voiles différents, changer de voiles à certains moments… mais globalement, je n’ai pas fait les choses trop mal. »
La suite semble compliquée. As tu une vision claire de ta route?
« Je n’ai pas de vision très claire sur les prochaines 24 heures. Sur l’Indien, les fichiers ne s’accordent pas et les choix de routage sont différents. Je dois regarder ce qui est le mieux pour le bateau, en ayant une analyse très globale sur la situation. Je ne suis pas en mesure de définir une stratégie claire à moyen terme. A court terme, il faut faire du Sud Est pour attraper les nouveaux flux d’Ouest. »
Le Cap de Bonne Espérance est-il un marqueur important dans ce Vendée Globe? que représente t’il pour toi?
« C’est un marqueur important, comme l’équateur, puis les Kerguelen, Leeuwin, le Pacifique, Nemo etc… Mais Bonne Espérance marque l’entrée dans les mers du Sud. On en parle beaucoup mais c’est en réalité le cap des Aiguilles qui signale l’entrée dans l’Indien. »
Vois-tu dans les prochains jours possibilité de te rapprocher des premiers?
« Je ne regarde pas la route ni la météo des premiers. Ils vont me distancer tout comme je vais distancer les coureurs qui me suivent. Je ne sais pas si ça va ralentir devant et si je vais pouvoir revenir sur eux. Je suis totalement focalisé sur ma course, et j’essaie de bien faire les choses pour moi et mon bateau. Tant mieux si je peux me rapprocher. »
Que penses tu de la performance* de Sébastien Simon?
« Il est impressionnant! Très très fort! On a fait 646,60 milles l’an passé en équipage sur un Imoca similaire, Holcim-PRB lors de The Ocean Race. J’ai du mal à comprendre comment il a fait en solo. Certes, il y avait peu de mer mais ce n’était pas tout lisse non plus. Chapeau à lui et j’espère qu’il n’a pas cassé sa machine. »
*615,33 milles (soit 1 139,6 kilomètres)
Cette traversée de l’Atlantique Sud a été idéale en vitesse et en trajectoire. Qu’en penses-tu?
« On ne peut pas rêver mieux en efficacité. Tout droit depuis Itajai ! Le changement entre la première et la deuxième semaine a été radical. On enquille les milles et on avance bien. »
As-tu pu effectuer une vérification du bateau?
« J’ai fait un peu de vérifications mais avec cette vitesse, il est difficile d’inspecter l’avant du bateau en détail. Il y a deux ou trois trucs qu’il faudra que je règle quand il y aura moins de vent, ce soir peut-être. »
Dans quel état d’esprit vas-tu entrer dans l’océan Indien?
« Je vais essayer de continuer comme je fais depuis le début. Tout se passe bien physiquement et moralement. Je ne fais pas la croisière mais je ne me prends pas la tête quand les autres vont plus vite. C’est la bonne méthode pour moi. Rester en phase avec mon bateau et les éléments. »
La zone des glaces rabaissée. Une bonne chose?
« Cela ouvre le terrain de jeu. C’est bien. On aime aller le plus Sud dans cet endroit du monde. Le début de l’Indien ne nous oblige pas à y aller mais j’aime bien avoir de la place pour évoluer au Sud. »
Les températures fraichissent-t’elles?
« Après le passage sous une ligne de nuages hier, la température a chuté. Il n’y a plus que 20 degrés dans le bateau, contre 36 un peu plus tôt. On commence à mettre des vêtements chauds pour les manoeuvres sur le pont. »
Thomas Ruyant a retrouvé son bateau, son équipe, son public et ses supporters aux Sables d’Olonne, après une belle coupure familiale, loin des pontons et des foules passionnées. Il repousse d’heure en heure la montée du stress, des premières interrogations du départ d’une course hors norme dont il a patiemment, savamment, ordonné, organisé et structuré les moindres aspects. Le Nordiste est bien là où il voulait être, après ses deux riches expériences de 2016 et 2020, fier du projet monté avec son partenaire Advens, ses équipiers, ses techniciens, heureux de son bateau et de ces perspectives de régates planétaires au plus haut niveau, pour lesquelles il s’est si minutieusement préparé. Pourtant pas au point de revendiquer le moindre statut de favori. C’est au jour le jour, mille par mille qu’il écrira son Vendée Globe, oublieux de ses déboires passés, assoiffé d’aventures, humble devant la tâche. « Je suis un bizut des mers du Sud! »
« J’ai Vendée Globe ce week-end ! »
« Je suis dans l’état d’esprit que je cherchais. J’ai bien anticipé les choses, pour revenir aux Sables lundi dernier l’esprit libéré. J’ai coupé pendant 8 jours, avec mes enfants, sans penser Vendée Globe. J’ai bien dormi, bien mangé, fait du sport. Je ne ressens pas encore la pression. Je sais que la marée Nordiste de mes supporters arrive*. Ce sont des moments de partage important. Mais je suis pressé de partir. Je n’ai ni stress ni angoisse. On a navigué lundi avec le bateau et toute l’équipe. Un super moment. Je suis heureux de voir l’équipe fonctionner dans une belle ambiance, très efficace. Je suis heureux de faire ce chemin avec cette équipe-là. Je mesure le chemin parcouru. Je ressens de la fierté. J’ai le bateau que je voulais. Je le connais bien. C’est un super bateau de Vendée Globe. Je ne ressens pas du tout ce que j’ai vécu en 2016 et 2020. On découvrait alors les grands foilers en 2020. Aujourd’hui, je suis serein et à l’aise. Je sais ce qui m’attends. On fait de moi un habitué du Vendée. Or, ce n’est que mon troisième départ. Donc je vais tout redécouvrir et découvrir, des scenarii différents, des adversaires différents. D’autres on fait The Ocean race, des tours en Ultime. Ma maturité vient d’une certaine maitrise de ces machines à grands foils. On a été parmi les premiers avec ces grands foils. J’aime aller vite avec ces bateaux. J’y suis habitué. Grâce à tous les marins qui sont passés à bord, Antoine Koch, Morgan Lagravière, Sam… J’ai une meilleure connaissance de la technique. Nos bateaux sont complexes, rien n’est acquis.»
Le match va être dingue !
« 40 bateaux, c’est beaucoup. Il y a une quinzaine de grands marins capables de jouer aux avant-postes et on oublie probablement de sérieux outsiders. Toutes les équipes ont progressé et il y a un bel alignement des compétences. Il me faudra les observer de près car cela fait partie de la bagarre sur l’eau. On ne parle pas de marquage mais il faudra garder un oeil sur les vitesses, les comportements, voir qui est en forme, qui est à l’attaque. Si les analyses météos sont similaires, on a des bateaux qui peuvent optionner à quelques degrés près. Nos bateaux ouvrent le jeu avec leurs combinaisons de voiles singulières, leur formes particulières. La flotte sera groupée durant les 3 premières semaines, mais il y a un tel niveau que les écarts se feront sur de petits décalages. Avec ce Vendée Globe, on n’est pas loin du challenge ultime, sur un truc hors norme. Je pars serein, sans m’interroger sur l’avenir. Totalement concentré sur mon Vendée. On a mis beaucoup d’énergie pour parvenir à cet état. Je suis fier de ce que l’on a fait. »
Morceau par morceau
« La météo du départ n’est pas encore établie. Cela change encore beaucoup. Je veux profiter de ce public, des amis, de la famille. Je veux offrir un beau spectacle. On devrait avoir du portant assez vite, jusqu’à l’équateur. Attention à ne pas prendre trop de retard si le départ est vraiment très mou. Une Transat est un sprint, mais sur ce parcours, entrer dans les mers du sud placé est important, car cela peut partir par devant! En Atlantique Nord, on n’est pas encore dans le dur du Vendée et cela peut partir vite. Une bonne descente de l’Atlantique est importante. Une fois dans le train des dépressions du Sud, d’énormes écarts peuvent se créer. J’essaie de ne pas regarder trop loin. Réguler mon bateau dans la seconde, dans l’instant présent est jouissif. On se donne des objectifs à court, moyen et long terme. Je ne me projette pas sur l’arrivée, mais sur les premiers temps forts, Finisterre, Alizé, pot au noir… morceau par morceau. »
La clé de mon Vendée
« Chaque Vendée Globe est différent. Chaque histoire est différente. La météo et les concurrents construiront le scenario. L’arrivée dans le Grand Sud te change, dans ta façon de naviguer, de vivre. On sent l’onde, la longue houle qui vient de loin! Ca pousse fort. Là, tu comprends que tu as changé de planète. Et pourtant, il faudra toujours continuer le sport, la régate, la compétition! C’est cela qui me motive, me donne envie, aller vite, en sécurité, pied au plancher, sur un bateau solide et éprouvé. Mais j’ai surtout envie de préserver le beau travail qui a été fait sur le bateau. Il faudra savoir le protéger, lever le pied par moment. Trouver ces compromis sera la clé de mon Vendée. »
The British solo sailor Sam Goodchild is not one to get carried away in the heat of the moment, but even he can’t hide his excitement as he edges ever closer to his first participation in the Vendée Globe solo round-the-world race.
Now just a few days from the start from Les Sables D’Olonne on November 10th, Goodchild, who races alongside Frenchman Thomas Ruyant in the Lorient-based TR Racing team, has been spending a few days back at home after delivering his boat to the race village.
“I’m excited and aware of how lucky I am to be here and trying to savour the moment a bit,” said the 34-year-old Englishman who lives with his French wife and two children in Lorient. “The Vendée Globe is something I first wanted to do pretty much 20 years ago and now we are here at last – so yeah, it’s scary and exciting all at the same time.”
The skipper of VULNERABLE, the battle-hardened 2019 Guillaume Verdier-designed foiler formerly named LinkedOut, said arriving into Les Sables d’Olonne and taking the boat up the famous canal to the race village was surprisingly routine. But then he got to the dockside in the Port Olona marina and it began to dawn on him that the Vendée Globe was starting to become a reality.
“It didn’t really hit me until we were on the dock and there were all the flags and the other boats and the activity amongst the shore crews and people asking you about how excited you are. Then you start thinking about it and I guess it’s quite a big deal, isn’t it ?” he reflected.
After spending a week at the home of the greatest solo race of them all “soaking up the atmosphere,” it was time to get back to the family for the last time before the final build-up to the race start. Goodchild has been “chilling out,” taking care of last minute personal items – like popping out to buy toothbrushes and two tubes of toothpaste – and checking in regularly with his boat captain Robin Salmon to make sure everything is just as he wants it.
He admits that along with the excitement there are some pre-start nerves as the start of his first solo round-the-world race draws ever closer. “It’s going into the unknown and spending time on my own I guess, so you never know how things are going to turn out and there is definitely a bit of apprehension there,” he said.
The sailor who produced a stunning first season in the IMOCA class last year to win the IMOCA Globe Championship, is regarded by many as a potential winner of this race at the first time of asking even though his boat is not of the latest generation. That is a reflection of Goodchild’s competitiveness and experience, his excellent temperament for solo offshore racing and his boat’s long record of success in single and double-handed racing.
Taken together it’s turned him into the “great outsider” in the 40-strong field, but Goodchild himself is not thinking along those lines, as he made quite clear. “Honestly, I don’t really spend much time thinking about it at all,” he said. “I am focused on trying to put myself in the best position to comlete finish the race. I’m not even thinking about a podium or a top-10. I am just thinking about the choices we have made on the boat and what we can put in place to increase my chances of finishing.”
Goodchild and Ruyant are in a unique position in the IMOCA fleet in the way they have benefited from being part of one team with two skippers and two boats in the build-up to this race. Both boats carry the same name in VULNERABLE, as part of a mission by Alexandre Fayeulle, chairman of the team’s founding partner, the cyber security leader Advens, to tackle the causes of environmental and social crisis in modern society. And, as Goodchild points out, this has been a hugely positive structure.
“It’s definitely unique to be preparing a Vendée Globe with two boats in the same team. And it’s been a very healthy and very constructive relationship which was the aim from the start, so that’s great,” he explained. “The goal was to have two boats in the best condition possible at the start. I think we’ve done a good job of helping each other, and probably the natural difference being that this is my first Vendée Globe and Thomas’s third. He’s going very clearly for the win and I’m going more for just finishing, which means it isn’t a direct competition of him versus me, if you like.”
Goodchild has talked in the past of the enormous benefit to him of being surrounded by a team of experienced people who have done it all before and he noticed this more clearly than ever after his boat dismasted near the Azores in June, during the New York Vendée-Les Sables D’Olonne race. That mishap could have seriously impacted a less well-organised team, but TR Racing responded smartly, secured a brand new spare mast and got the boat back in the water ahead of schedule.
“Having a team around me who have prepared this boat for a Vendée Globe before is a massive boost,” said Goodchild. “But the second element is the reactivity and professionalism when issues come up. If you look at that dismasting, for example, the problem was resolved quickly and efficiently and didn’t impact us at all because we are surrounded by people who have got the experience to find a solution to make it happen in the quickest and easiest way possible.”
That dismasting was the third in Goodchild’s career, having been on the Ultime Spindrift when she lost her rig at the start of a Jules Verne record attempt and then lost his rig in the Route du Rhum when sailing a Class 40. He says he tries to use those experiences in a positive way.
“You definitely learn stuff from all those experiences. This is a sport where it is an endurance challenge and finishing the race is part of the way to win them. But finishing is a big deal and you can think of some great sailors who struggled to finish the Vendée Globe. So you learn from all these things and the idea is to use them to make you stronger. So definitely, it is an experience, it’s a strength and it’s something you learn to deal with and build on, whether that’s sailing differently, preparing differently or how hard you push in different conditions,” he said.
Finally, there’s the good luck charm. In Goodchild’s case it is becoming quite a well known one thanks to social media. It’s a little blue unicorn that Goodchild’s daughter gave him in 2019 at the beginning of the Transat Jacque Vabre and it will be sailing every mile of his Vendée Globe with him at the chart table of VULNERABLE.
“She’s not feeling particularly nervous about the Vendée Globe,” he offered with a broad smile, “that’s because she’s already done The Ocean Race, so it’s no big deal!”
Dans les temps impartis par la Direction de course du 10ème Vendée Globe, et en compagnie d’une bonne trentaine d’autres engagés, les deux IMOCAs VULNERABLE de Sam Goodchild et Thomas Ruyant sont venus aujourd’hui jeudi 17 octobre en milieu d’après-midi, s’amarrer aux pontons concurrents de Port Olonna. Débute ainsi un à la fois long et court stand-by pour les navigateurs solitaires, tous plus ou moins prêts, plus ou moins impatients dans l’attente du coup de canon libérateur du dimanche 10 novembre prochain. Sam et Thomas vont, chacun à leur manière, appréhender cette dernière ligne droite. Thomas, riche de l’expérience des deux précédentes éditions, Sam dans la douce euphorie des premières fois. Au programme des deux hommes, un premier séjour Sablais principalement dédié aux sollicitations de l’organisation, et à leurs « teammates » de TR Racing, pour procéder à d’ultimes mises au point, informatiques notamment, suivi d’une belle semaine loin de tout, en famille, coupé de l’effervescence certes bienveillante des foules sentimentales, mais énergivores, avant une dernière semaine vendéenne à la disposition du public, des médias, des amis et des partenaires.
16 ans pour arriver là !
« On sent monter l’énergie ! » Sam Goodchild profite à fond de cette première remontée du chenal des Sables en compagnie de son équipe technique. « 16 ans que je rêve de ce moment » lâche-t’il dans un regard qui raconte la passion, l’engagement mis ces dernières années pour prétendre à disputer le Graal de la course au large en solitaire. « On entre dans la phase active, cruciale du projet. Ces trois prochaines semaines seront à la fois longues, et très courtes, tant les agendas sont déjà bien remplis, entre échanges millimétrés avec mes équipiers sur les mille et un détails à finaliser ou répéter, la famille, les amis, les partenaires, le public. Je veux en profiter à plein. Cette course est à nulle autre pareille. L’engouement est palpable. Ca y est ! On est dans le concret ! » Du partage, beaucoup, du repos, un peu, Sam Goodchild est prêt, son bateau au maximum de son optimisation. Reste à doser ces derniers jours, entre euphorie, impatience, fébrilité, et la nécessaire sérénité propice à engranger un maximum de repos et d’énergie avant la grande boucle, aventure de toute une vie.
Gérer l’émotion…
Son de cloche légèrement différent chez Thomas Ruyant, qui revit les instants de ces précédents départs en 2016 et 2020. « Pas d’émotion particulière aujourd’hui, car la remontée du chenal qui m’importe est celle que je compte bien effectuer après avoir bouclé le tour. On sent, avec le village et les pontons qui se remplissent, que quelque chose d’énorme se prépare. Le jeu pour moi est de repousser le moment où toute cette pression cumulée deviendra difficilement tenable. Savoir ce qui nous attend procure un sentiment mitigé, de désir et de crainte. Privé de départ pour cause de Covid il y a quatre ans, le public va répondre en masse cette année, et l’émotion du départ s’annonce colossale, difficile à gérer, et énergivore. Mais on ne s’en passerait pour rien au monde ! » Thomas, à l’instar de son camarade d’écurie Sam Goodchild, coupera de manière radicale à l’issue de la semaine en cours, pour partir en famille, et ne revenir que le 4 novembre. Il laisse son VULNERABLE aux bons soins de son boat captain Ronan Deshayes. « J’ai une super équipe qui va continuer de peaufiner le bon travail déjà effectué. Je n’ai jamais été si bien préparé. Les gars vont gérer cette semaine des micro-détails. Je suis serein. Toutes mes affaires personnelles pour le tour du monde sont déjà à bord. Restent les petits dossiers administratifs de Monsieur tout le monde à mettre au propre avant de quitter le monde des terriens pour plus de deux mois. La pression peut venir, la montée d’adrénaline aussi. Je sais la chance que j’ai de vivre ceci. Partir sera un soulagement. D’ici là, je profite… »
La glace et le feu. Co-équipiers à terre, adversaires sur l’eau. Tel est le « Gentlemen agreement » mis en place au sein de TR Racing par les deux navigateurs de l’écurie de course au large, le Français Thomas Ruyant et le Britannique Sam Goodchild. A l’instar des rivalités mythifiées dans le sport automobile par les duels fratricides et pourtant légendaires entre Alain Prost et Ayrton Senna, Nigel Mansell et Nelson Piquet ou Michael Schumacher et Nico Rosberg, la synergie technique, logistique et humaine établie depuis près de deux années entre les deux voiliers VULNERABLE s’arrêtera avec le coup de canon de départ du Vendée Globe.
A partir de cet instant, chaque skipper jouera sa partition propre, et exprimera sur l’eau ses particularités, forces et faiblesses individuelles. A un mois de ce moment fatidique, on perçoit déjà dans l’approche et la préparation de ce tour du monde sans assistance et sans escale par Sam et Thomas, les différences, les nuances dans la conception de la vie de marin en solitude. Fidèle à son image d’homme tranquille, Sam s’épanouit dans la sobriété, la mesure et la modération, tandis que Thomas, déjà riche de deux expériences autour du monde, cisèle les détails de ce qui sera son environnement de vie 70 et quelques jours durant. Leur équipe procède à organiser et installer à bord tous les équipement et avitaillements nécessaires à la vie en haute mer sous des latitudes drastiquement différentes. Mais charge aux marins seuls de définir les pourtours de leur jardin secret, le petit réduit personnel où selon les vicissitudes de leur longue route, ils chercheront évasion ou réconfort.
Musique ?
Certes, leurs lofts préfigurés par le cockpit et la cellule de vie de leur VULNERABLE offrent un point de vue imprenable sur la mer. Mais encombrés de toute un arsenal d’accastillage et d’informatique, ils n’engagent guère à la flânerie. Thomas et Sam, dans le confort relatif de leurs sièges de veille moulés à leur dimension, leurs matelas de bannette à leur gabarit et leurs poufs d’assoupissement, ont chacun leur routine de vie marine. Quitte à sembler austère, Sam, peu féru de musique, et bien que son VULNERABLE dispose d’enceintes et d’écouteurs, n’écoute pas de musique à bord. Seul le murmure ou le grondement de son bateau l’accapare entièrement. « A terre, je ne suis pas mélomane, et peu enclins à suivre des Séries. Ma femme m’a proposé une liste et il est vrai qu’il sera important, à certains moments, de savoir se déconnecter de la course, et une bonne série ou film pourront me sortir de la réalité exclusive de la course. »
Thomas, fort de ses deux tours du monde, connait ces instants où l’esprit, le cerveau, ont besoin de « débrancher ». « Certaines tensions, de course, d’environnement météo, de compétition, peuvent devenir pesantes, et la musique, voire un film, ou un extrait, permettent de changer un état d’esprit, un point de vue, une pression. Je trouve l’exercice de la lecture difficile, car trop de pensées parasites viennent troubler le fil de l’histoire. Mais selon l’humeur, une certaine musique, reggae, Ben Harper ou la simple variété Française brise la ritournelle des pensées négatives, et remettent le moral en place. »
Communication
Parler, communiquer, voir, admirer, se projeter …sont aussi des passe-temps chéris des deux marins. « Chaque fois que possible, j’aime me connecter à ma famille, ma femme et mes deux filles » admet Sam. « Pas de rendez -vous programmés, mais des coups de fil impromptus, quand j’en ressens le besoin. Une photo, un message apporte tant de réconfort! » Thomas Ruyant a appris à profiter de ces mystères dont la nature a parsemé la route de son tour du monde. « La proximité de ces îles lointaines et mystérieuses, Fernando, Sainte Hélène, Amsterdam, Kerguelen… déclenche en moi un processus imaginaire, d’interrogations géographiques et historiques. Ce sont des moments très riches où l’imagination est stimulée. Converser avec un bateau jeté par le hasard sur notre route est aussi un moment improbable qui rajoute à la magie de ce voyage… »
Candies et M&Ms
Lien concret avec la terre, la nourriture constitue un moment apprécié à la fois de plaisir et de régénération des corps et de l’esprit. Les deux marins VUNERABLE se sont appuyés sur l’équipe de TR Racing, notamment Agathe Simonet et Marion Petit, pour boucler un avitaillement soigneusement, scientifiquement dosé en calories, calculé pour leurs dépenses énergétiques propres, selon l’endroit du globe où ils évolueront, des glaces antarctiques aux chaleurs tropicales. « J’aurai aussi quelques friandises, bonbons et chocolats typiquement anglais » avoue Sam. « Pour moi, bonbons et M&M, mais aussi fromage et charcuterie » précise Thomas le Nordiste. Et l’alcool ? « J’avais l’an passé du whisky à bord lors du passage au Cap Horn » se souvient Sam. « Nous n’y avions pas touché! » Et Thomas de préciser. « Peut-être quelques mignonettes de Champagne, pour Neptune et pour les passages des caps mythiques, Horn notamment. »
Breaking News :
Homologation par le Conseil du World Speed Sailing Records d’un nouveau record du monde :
Record revendiqué : Monocoque – 24 heures en solitaire
Bateau : « Monocoque IMOCA 60 « For People » VULNERABLE
Skippé par : Thomas Ruyant
Heure de départ : 14:30:18 UTC 3 décembre 2023
Position de départ : 31.46167 -59.74892
Heure d’arrivée : 14:30:18 UTC 4 décembre 2023
Position d’arrivée : 33.23738 -49.30830
Temps écoulé : 24 heures 00 minutes 00 secondes
Record précédent : 536.81NM ‘Hugo Boss’ 2017
L’écurie de course au large TRR et son skipper – titre, Thomas Ruyant, au départ de son troisième Vendée Globe le 10 novembre, prendront part à The Ocean Race Europe 2025 à bord du plan Koch / Finot Conq VULNERABLE et à The Ocean Race 2027, Tour du Monde en équipage avec escales. Un nouvel exercice cohérent avec la croissance internationale de son partenaire historique Advens.
« Si le Vendée Globe mobilise toutes nos ressources au sein de TR Racing, nous sommes aussi déjà en réflexion active sur les trois prochaines saisons » déclare Thomas Gavériaux, directeur général de TRR. « A la suite du Tour du Monde en solitaire de Thomas et Sam Goodchild, nous passerons en mode « équipage » avec des participations à The Ocean Race Europe en 2025, The Ocean Race Atlantic, entre New York et Barcelone en 2026 et The Ocean Race en 2027. Nous participerons à The Ocean Race Europe avec le voilier actuel de Thomas et nous travaillons actuellement à la construction d’un nouveau voilier pour 2026. »
The TRR ocean racing team and its skipper, Thomas Ruyant, who will be setting off on his third Vendée Globe on November the 10th, will be taking part in The Ocean Race Europe 2025 aboard the Koch / Finot Conq designed VULNERABLE and in The Ocean Race 2027, a crewed round-the-world race with stopovers. A new exercise for the entire team, in line with the international growth of its long-standing partner Advens.
“While the Vendée Globe is currently mobilising all our resources within TR Racing, we are actively planning the next three seasons,” says Thomas Gavériaux, CEO of TRR. “Following Thomas and Sam Goodchild’s solo circumnavigation of the globe, we will be shifting to fully crewed mode, with participations in The Ocean Race Europe in 2025, The Ocean Race Atlantic, between New York and Barcelona in 2026 and finally The Ocean Race in 2027. We will race The Ocean Race Europe with Thomas’ current boat and are in the process of designing and building a new boat IMOCA for 2026 »
Le skipper de VULNERABLE Sam Goodchild a de nouveau confirmé lors de la grande course de 48 heures du Défi Azimut-Lorient Agglomération qu’il faudra plus que jamais compter sur lui lors du prochain Vendée Globe (Départ 10 novembre).
Le champion du monde IMOCA 2023 a parfaitement tenu son rang tout au long des 450 milles d’un parcours technique à souhait dans le Golfe de Gascogne, qui a offert aux 19 solitaires toutes les allures dans un large “range” de vent et de conditions de mer. Au près, travers au vent ou aux allures portatives, le plan verdier de 2019 semble s’améliorer avec l’âge, aux avant-postes de l’épreuve dès le coup de canon donné sous Groix jeudi après-midi. Peu d’erreurs à souligner dans la trajectoire toujours efficace du plus Breton des Britanniques, qui aura disputé les accessits aux ténors de la flotte, pour ne s’incliner ce matin que face à un Dalin redoutable au près.
Sam, malheureux en juin dernier durant la course New York -Vendée, ne garde à l’évidence aucune séquelle de son démâtage. Mieux, son appétit de large et de régate au contact en sort multiplié et le binôme marin accompli – voilier au maximum de son optimisation, laisse augurer d’un tonitruant tour du monde. Sa 2me place du jour, en rupture avec son abonnement aux troisièmes places, en fait plus que jamais l’épouvantail sur lequel il faudra compter.
Sam Goodchild : « Je suis très heureux de cette course. Ce fut plus un sprint qu’un Vendée Globe et je me suis senti heureux et à l’aise avec le bateau et avec la façon de naviguer. Au final deux belles journées et une seconde place, pour cerise sur le gâteau. C’est rassurant à deux mois du Vendée Globe. Je suis surpris d’être si proche des nouveaux bateaux. Les conditions m’ont bien aidé et le bateau va vite dans certaines conditions. On a aussi bien géré la stratégie, j’ai su faire de bons choix. On a confirmé tout ce que nous savions. Le bateau est très bon. Il n’est jamais le plus rapide mais jamais le plus lent. C’est toujours intéressant de jouer avec des gens qui vont vite. On naviguera différemment sur le Vendée Globe mais c’est très rassurant ».
De son côté, Thomas Ruyant clôt les 48 heures du Défi Azimut à la 7ème place. « J’ai connu quelques péripéties lors de la première nuit au reaching. J’ai fait ensuite quelques erreurs de trajectoire. Cela ne se joue jamais à grand-chose. Cela fait du bien de faire des nuits en mer. »
With just two months to go to his first appearance in the Vendée Globe solo round-the-world race, Britain’s Sam Goodchild is in a good place with his preparations on his IMOCA, VULNERABLE, and is ahead of schedule.
The 34-year-old 2023 IMOCA Globe Series Champion, who races alongside Frenchman Thomas Ruyant in the Lorient-based TR Racing team, may not have had the perfect return to competition this year, when his boat dismasted during the New York Vendée-Les Sables d’Olonne race in June, but that dark cloud has had a silver lining.
With a new mast stepped and a planned winter re-fit completed two weeks ahead of schedule, because the boat was in the shed earlier than planned, Goodchild is ready to go on the biggest challenge of his career. The former Pro Sailing Tour champion in the Ocean Fifty class, who produced a spectacular run of podiums in his first full season in IMOCA last year, is loving the build-up.
“It’s starting to get busy, for sure,” said the Brittany-based father of two who is married to a French woman. “I mean we kind of knew it was coming so it is not a complete surprise. But it has gone from being a fairly normal pace to now, when something is happening every day until the start (November 10th), so things are getting busier.”
Goodchild’s VULNERABLE, the former LinkedOut raced so successfully by Ruyant, not only has a new mast, it also has new sails for the Vendée Globe and will start the round-the-world marathon as among the highest rated second generation IMOCAs in the 40-strong fleet. Right now, Goodchild and his team are into the fine-tuning stage of pre-race preparations.
“We are pretty happy, pretty comfortable,” summarised the self-effacing Brit. “We are on top of most things we wanted to be on top of. We are into details with the team in terms of final preparation and, for example, what we take and what we don’t, what are our back-up systems, how they work, what we need in terms of spares and things like that – so we are in a pretty happy place.”
Like many of his rivals Goodchild is taking advantage of pre-race weather strategy workshops being run by the renowned French sailing meteorologist Jean-Yves Bernot at the Pôle Finistère Course au Large training centre at La Forêt-Fouesnant. Even though Goodchild has been to the Southern Ocean as recently as last year’s Ocean Race, he knows he can learn a lot from Bernot.
“It’s good to go through the Vendée Globe course with thim,” he said. “Jean-Yves has obviously got a bank of knowledge which is huge. He has done this I don’t know how many times, so it’s interesting to hear his experience, especially for parts of the course where we don’t actually go very often.
“We go back and forth across the Atlantic fairly often, but the Southern Ocean is much rarer and the south Atlantic doesn’t happen that often either, so it is nice to go through the standard weather patterns of those areas and start to get your head in the game a bit in terms of what to expect, what could happen and what it has been like in previous races.”
One thing is clear with Goodchild: This is a very special project for him. Although he has set sail three times previously on non-stop round-the-world voyages, in Jules Verne record attempts – twice in the maxi-tri Spindrift and once in Sodebo, all of which ended prematurely – this is very different.
“I guess it’s special because of the amount of energy and time I’ve put into it,” he explained. “It was amazing to sail on Sodebo and Spindrift, but the reality is I got a phone call and they said ‘do you want to go sailing round the world?’ and I said ‘yes,’ and six months later we set off. Whereas with the Vendée Globe I’ve been much more integrated into the building of the project and how we are doing it, and it’s something I’ve been aiming for and wanting to do for nearly 20 years. So it’s got a bit more weight to it, for sure.”
The next step in the build-up is the annual IMOCA Class showcase in Lorient, the Défi Azimut starting on September 10th. Goodchild is looking forward to entertaining guests from the team’s founding partner, the cyber security leader, Advens, and sharing his plans with them.
“It’s nice to share the project with people and there are very few times of year when all the people involved in the project are in the same place. The Défi Azimut is one of them and it’s the only one where we are not three days away from the start of a transatlantic race or a round-the-world race when things can get a bit stressed, so it’s a good time to enjoy it a bit more as well,” he said.
He will also be looking to put both himself and his boat through their paces during the Défi Azimut 48 Hours solo race. “It will be dictated by the weather, but obviously you don’t want to break anything and especially not crash into anyone – the worst case scenario,” he said. “It will be good to spend 48 hours racing and doing so 100% in Vendée Globe configuration with the sails and foils.”
The British sailor originally from Falmouth in Cornwall who spent much of his childhood living aboard a family cruising yacht in the Caribbean, is thoroughly enjoying being part of TR Racing surrounded, as he says, by a shore and technical team full of people “who’ve already done it before.” And he likes the efficient way the team operates. “Everyone’s got their job, their role and they know what they’re doing,” Goodchild said.
It is now five months since TR Racing became the first in IMOCA sailing – and the sport generally – to name two boats identically, with both Goodchild and Ruyant racing VULNERABLE as part of a mission by Alexandre Fayeulle, chairman of Advens, to tackle the causes of environmental and social crisis in modern society. Goodchild says this ambitious and innovative communications mission is highly effective.
“Communications programmes are made to make people think and provoke discussion and that’s working with this one,” he said. “The overall objective is multifaceted, but that’s part of its strength. You can put your own twist on it and that’s consciously done. I completely trust our communications team who are putting it all together and making it work, led by Alexandre. They have been ambitious before and they have managed to make it work and this is no different.”
Fanions à poste, voiles bien étarquées, équilibre subtil sur la tranche des foils, c’est bien en configuration course et performance que les deux IMOCA VULNERABLE de Thomas Ruyant et Sam Goodchild foncent vers l’échéance Sablaise du 10ème Vendée Globe. Fin août, Thomas Ruyant et Sam Goodchild ont d’emblée repris leurs navigations de conserve, comparant bord à bord réglages et performances et tirant le meilleur parti d’une synergie unique et propre à TRR et Advens pour mutualiser analyses et résultats. De performances, il sera naturellement question dès cette semaine à Lorient, à l’occasion du Défi Azimut et ses nombreux formats de course propices à se comparer, se jauger entre protagonistes du prochain Vendée Globe et ce, en solo comme en équipage.
14e édition du Défi Azimut – Lorient Agglomération : entre plaisir et performance !
Du mercredi 11 au dimanche 15 septembre, le quatorzième Défi Azimut – Lorient Agglomération va proposer aux postulants au prochain Vendée Globe sa désormais célèbre trilogie Runs de vitesse – course de 48 Heures en solo et Tour de l’île de Groix en équipage. 22 skippers s’aligneront dès mercredi sur les Runs, premier acte de ce si particulier rendez-vous, avant de disputer la course de 48 heures au large de la Bretagne, puis le Tour de Groix. Thomas et Sam voient aussi en cette dernière confrontation avant les Sables d’Olonne, un joli moment de partage à offrir à leurs équipes, partenaires et supporters. Ils se présentent à domicile avec leurs plus beaux atours, au paroxysme de leur préparation, entourés des performers les plus pointus du Team, Antoine Koch, Robin Salmon et Leo Le Coz aux côtés de Sam, Morgan Lagravière, Ronan Deshayes et Pierre Denjean avec Thomas.
Thomas Gavériaux , CEO TR Racing “Le remplacement du mât du VULNERABLE de Sam n’a, en définitive, fait que décaler nos chantiers de l’été. Sam est entré et sorti plus rapidement que prévu de nos bâtiments, avec un mât flambant neuf, et Thomas a mis à l’eau 6 jours plus tard. On a ainsi moins navigué ensemble que prévu, et nous nous sommes concentrés sur l’essentiel des mises au point. Le calendrier s’accélère et nous sommes, en termes de préparation, là où nous souhaitions être à l’entrée de la dernière ligne droite. Le Défi Azimut vient à point, pour continuer d’avancer dans nos micro-préparations, tout en profitant de nos partenaires, au coeur de la base et de nos installations propres.”
Le Programme du défi Azimut – agglomération de Lorient :
MERCREDI 11 SEPTEMBRE 2024
RUNS AZIMUT EN ÉQUIPAGE À partir de 11h00 : Départ du port 12h00 : Ouverture de la ligne de départ pour les runs À partir de 18h00 : Retour de mer des IMOCA au port Lorient – La Base 19h00 : Remise des prix des runs sur invitation
JEUDI 12 SEPTEMBRE 2024
48H D’AZIMUT EN SOLITAIRE 14h00 : Départ du port des IMOCA 15h30 : Départ des 48h
VENDREDI 13 SEPTEMBRE 2024
LES ATELIERS Tables rondes organisées par Bretagne Sailing Valley, Bretagne Développement Innovation & Lorient Technopole 9h00 – 16h00 ”Les dernières innovations technologiques en vue du Vendée Globe.” ”Le modèle du sponsoring voile” avec la participation de Thomas Gavériaux
SAMEDI 14 SEPTEMBRE 2024
RETOUR DES 48H 10h00 – 18h00 : Arrivées des bateaux 19h00 : Remise prix des 48h & Soirée des Équipages sur invitation
DIMANCHE 15 SEPTEMBRE 2024
TOUR DE GROIX AZIMUT & REMISE DES PRIX 11h00 : Départ du port des IMOCA 12h30 : Départ du Tour de Groix Azimut 17h30 : Remise des prix sur les quais de Lorient – La Base
De marin pressé, capable en quelques saisons seulement de cumuler avec succès des expériences au grand large en Figaro, Open Fifty et d’acquérir un titre de champion du Monde IMOCA, le Britannique mâtiné de Breton Sam Goodchild se meut, à l’approche de son tout premier Vendée Globe, en gentleman débonnaire, apparemment hermétique et étanche à toute pression, qu’elle fut intérieure ou extérieure. Immensité du défi sportif à relever, frénésie populaire et médiatique annoncée, concurrence exacerbée au sein de la flotte, rien de tout cela ne semble troubler son sommeil, ou perturber son approche professionnelle de son sport. Son secret ? une approche pragmatique, au jour le jour, des mille et une particularité de son métier de marin de l’extrême. Un certain fatalisme aussi, né de son immense humilité face à la puissance des éléments.. Fort de l’expertise de son Team TR Racing, Sam avance ainsi sereinement vers l’échéance du 10 novembre, bien décidé à prendre la vie au jour le jour, et à profiter à plein et sans parasite du rêve de toute une vie.
Un nouveau mât pour VULNERABLE
Un petit tour en Angleterre, en famille, et Sam Goodchild a vite rejoint son IMOCA VULNERABLE en ses locaux Lorientais. On se souvient peut-être de l’infortune de mer qui avait frappé Sam lors de la Transat New-York Vendée le 6 juin dernier. Les équipes de TR Racing, son CEO Thomas Gavériaux en tête, s’étaient immédiatement activées pour rapatrier le bateau depuis les Açores, et surtout trouver un nouvel espar. Grâce à la solidarité de la Classe IMOCA et particulièrement du navigateur Armel Tripon, la société Lorima, avait pu livrer très rapidement un mât tout neuf, rapidement installé et testé sur le plan Verdier de 2019. Sam navigue ainsi depuis déjà plusieurs jours avec un VULNERABLE au pinacle de sa préparation. « Nous sommes contents de nous !» avoue Sam sans faux fuyant. « L’équipe a remarquablement travaillé pour gommer toute trace de notre infortune de mer. Nous avons mis à l’eau courant aout avec ce nouveau mât et de nouvelles voiles. Je me suis accordé quelques jours de repos en Angleterre et suis revenu pour entamer les navigations de mises au point. Nous rentrons dans cette phase si particulière qui précède le Vendée Globe. Cela s’annonce intense, mais aussi passionnant. Le Défi Azimut, du 12 au 15 septembre va nous permettre d’entrer dans une phase « performance ». Il y aura des stages à Port La Forêt, beaucoup de navigations pour arriver avec un gros capital confiance fin octobre aux Sables d’Olonne. »
Entre pression et plaisir
« Je ne ressens pas de pression, ni de tension particulière. Je redoute la surcharge de rendez-vous et obligations médiatiques et publiques. Il ne faut pas se « crâmer » mais dans le même temps, c’est aussi mon premier Vendée Globe, cette course qui m’a fait rêver et qui est à l’origine de mes choix de vie. Je veux en profiter à plein. Il faudra savoir doser l’implication et trouver le bon équilibre entre pression et plaisir. J’ai avec moi une belle équipe, très expérimentée, qui connait les rouages de la grosse mécanique du Vendée Globe. C’est rassurant. D’ici là, j’affine ma préparation physique avec Stéphane Elliot, je travaille la météo avec Marcel van Triest et le team TR Racing, et je consulte mes notes prises in situ lors de The Ocean Race l’an passé. On fait de moi un Challenger sérieux… why not? En ce qui me concerne, je ferai ma course, comme je sais faire… »
De l’eau, de l’air, du vent, du soleil, l’éclat des îles de Bretagne, les sourires de ses enfants… Thomas Ruyant a, tout l’été, fait le plein de saveurs, de paix, de contemplations océanes, avant d’entrer dans la frénésie du Vendée Globe. Fort de tant d’images, il repousse ces moments inéluctables où la pression de ce tour du monde annoncé hors catégorie s’emparera de lui. Le plus tard possible. Toutes les équipes de TR Racing et de son partenaire Advens y veillent, bichonnant son plan Koch-Finot Conq VULNERABLE jusque dans les détails les plus singuliers, pour donner à leur Dunkerquois de skipper ce capital confiance déterminant à l’approche d’un gigantesque et planétaire défi. Pour son troisième départ des Sables d’Olonne en solitaire et en circumnavigation, Ruyant s’appuie sur le savoir-faire unique de son équipe, qui lui a donné toutes les clés pour sentir, ressentir et ingérer les moindres soubresauts du bateau de toutes ses aspirations marines. En cette fin d’été, Thomas Ruyant et son équipe glissent imperceptiblement dans le long tunnel des dernières semaines d’avant Vendée Globe, un tunnel dont il lui tarde tant d’émerger le 10 novembre prochain, peu après 13 heures, enfin seul, libre et heureux.
Un break salutaire et bienfaisant
Les vacances idéales de Thomas Ruyant ? En bateau bien sûr ! Oh, pas sur son IMOCA VULNERABLE, demeuré sagement à Lorient aux bons soins des spécialistes de TR Racing, mais sur un voilier de plaisance parfaitement adapté pour permettre au prétendant au 10ème Vendée Globe de rester « connecté tout en déconnectant. » « En croisière, en famille, avec canne à pêche et maillot de bain, entre île d’Yeu et Glénans, j’ai totalement « coupé du bureau » muse Thomas. Ces 10 dernières années ne lui ont en effet guère offert l’occasion de vraiment souffler, d’arrêter la certes passionnante mais si prenante spirale du montage, aux côtés d’Alexandre Fayeulle et de Thomas Gavériaux, d’une équipe de course au large à deux bateaux performants, porteuse des messages et des visions sociétales de son partenaire Advens. « TR Racing est une équipe solide, avec à chaque poste de responsabilité, de grands professionnels » poursuit Thomas. « J’ai ainsi pu m’offrir un véritable break de 5 semaines avant la douce folie du Vendée Globe. »
La machine de ses rêves
Serein, reposé, motivé comme jamais, il a en début de semaine dernière retrouvé son VULNERABLE au moment de sa mise à l’eau, consécutive à un profond chantier estival. « Un gros travail de fiabilisation sur tous les postes essentiels du bateau a été réalisé. Nous ne sommes plus en phase de développement, et j’ai la conviction d’avoir entre les mains la machine ultime, celle dont j’ai rêvé, et que nos équipes ont parfaitement optimisé dans la perspective d’un tour du monde sans escale. Le prochain vainqueur du Vendée Globe sera le marin qui aura connu le moins de problèmes techniques. J’ai la chance, grâce à Advens, d’avoir à bord les outils pour disposer en instantanée d’une image précise de ce que vit le bateau, en termes de pression, de charges. A moi de ne pas me mettre dans le rouge, de naviguer en finesse, en étant rapide quand il faut, à l’instar de ce que j’ai réalisé en établissant ce record des 24 heures en décembre dernier lors de « Retour à la base » (539,94 milles, soit 22,49 noeuds de moyenne ndlr). »
Le Vendée Globe, dans la dynamique de Paris 2024…
Dégagé de toute tension, Thomas Ruyant aborde avec méthode les semaines qui le séparent des impératifs Sablais. « Nous allons valider tous les travaux effectués cet été par des navigations thématiques » explique-t’il. Validation des foils, des voiles, ajustement des réglages, mais aussi stage à Port La Forêt et sessions météos avec Marcel van Triest sont au menu des prochains jours, avant l’intéressant interlude du Défi Azimut (du 10 au 15 septembre à Lorient) … « On va jouer à la maison !» poursuit Thomas, « On va recevoir nos amis et partenaires, pour une belle fête à Lorient, avec des confrontations toujours intéressantes avec la concurrence. C’est l’occasion aussi de remettre toute notre équipe dans le bain technique et événementiel des impératifs qui nous attendent aux Sables d’Olonne pour le départ du Vendée Globe. Il n’y a pas de pression particulière, autre que notre volonté de toujours bien faire les choses. » La pression va monter avec l’arrivée de l’automne, et une saine émulation va s’installer. « Je sais que j’ai un statut à assumer, et j’ai désormais l’expérience nécessaire pour y faire face. Je pense que le Vendée Globe peut s’inscrire dans cet engouement, cette fraternité, cette envie d’être ensemble observés en France durant les Jeux. J’ai grand hâte ! Vivement le départ ! »
L’IMOCA VULNERABLE, plan Verdier de Sam Goodchild, victime le 6 juin dernier d’un démâtage dans le Sud Est des Açores, a été rejoint lundi par le Merida, bateau spécialement conditionné par Adrien Hardy pour remorquer sur de longues distances des voiliers en avarie. Passé au large de Santa Maria aux Açores samedi dernier sous gréement de fortune, Sam, a ensuite rallié Sao Miguel où le spécialiste de la Coupe de l’America, résident Açorien, Giovanni Mascetti, l’a aidé à remettre le bateau en état dans la perspective d’un rapide retour vers la France et Lorient. Adrien Hardy et son équipe ont procédé lundi à la prise en charge de VULNERABLE, et vont profiter d’une météo favorable pour entamer la traversée de 1 200 milles vers Lorient. VULNERABLE est attendu d’ici quelques jours à son port d’attache Lorientais.
Sam Goodchild :
« C’est la voile ! » Sam Goodchild demeure dans l’adversité stoïque et réaliste. Cette fortune de mer n’entame en rien son moral ni sa détermination à performer dans son premier Vendée Globe en novembre prochain. « Je n’aime pas casser et ce démâtage est une déception. C’est le lot des marins de course au large. On s’adapte. On a conscience de notre vulnérabilité en mer, et c’est ce qui fait la beauté de notre sport. Avoir conscience de cette vulnérabilité c’est aussi la possibilité d’être plus fort ensemble, c’est le sens du nom de nos bateaux avec Thomas et de la campagne que nous allons porter avec notre partenaire Advens. On a ramené le bateau à Sao Miguel. Giovanni m’a bien aidé à ranger le pont. J’ai pu dresser une liste relativement exhaustive de ce que j’ai pu sauver et de ce que l’on a perdu. Je relativise ce qui m’arrive en me disant que c’est mieux que cela se passe maintenant, plutôt qu’à l’automne prochain. Je rentre en France, pendant que Adrien Hardy gère le retour du bateau. »
Thomas Gavériaux, CEO TR Racing
« Toute l’équipe TR Racing a déployé dès l’annonce du démâtage, une incroyable énergie pour aider Sam à rallier l’archipel des Açores et trouver des solutions de rapatriement. La présence aux Açores de Giovanni Mascetti est une chance. Il était le chef de projet chez Persico lors de la construction de VULNERABLE lancé en 2019. Il connait donc parfaitement le bateau. C’est un garçon très compétent, très disponible et généreux qui nous a évité le coût environnemental d’envoyer notre propre équipe aux Açores. Sam a fait un super boulot pour nettoyer la plate-forme. On dispose déjà d’un inventaire précis de ce qu’il nous faut remplacer. Nous étudions toutes les possibilités et options de remplacement du mât. Dès son arrivée en nos nouveaux locaux de Lorient, toute la plateforme sera minutieusement inspectée et contrôlée. Le démâtage contrarie notre planning d’entraînement et de préparation cet été. Le changement de mât est une opportunité d’optimiser encore un peu plus notre préparation. TR Racing est calibré pour répondre à ce genre de challenge. Nous allons rapidement débriefer des raisons de cette avarie et sur la course côté sportif et performance. Toute l’équipe a hâte de revoir dès la fin août nos deux voiliers VULNERABLE bord à bord. »
Thomas Ruyant à bord de l’Imoca VULNERABLE s’est adjugé hier soir la 5ème place de la transat New York Vendée, parmi les 28 navigateurs engagés. Il a franchi la ligne d’arrivée mouillée au large des Sables d’Olonne à 23 heures et 57 minutes. Son temps de course est de 12 jours, 3 heures, 57 minutes et 10 secondes. Il a parcouru sur l’ortho 3 170 milles à la vitesse moyenne de 10,9 noeuds. Il a en réalité couvert sur le fond la distance de 4 221,8 milles à la vitesse moyenne de 14,5 noeuds.
Je suis à ma place…
Ses premiers mots résonnent d’un réalisme assuré : « Je suis à ma place ». Le Dunkerquois redoutait en effet dès le départ au large de New York ce scenario d’une navigation au plus près du lit du vent, peu favorable à la carène, au jeu de voiles et à la forme des foils de son plan Koch Finot Conq de 2023, tous taillés dans la perspective des allures portantes attendues sur le parcours du Vendée Globe. Il a su jouer crânement sa carte dès que les circonstances de course s’y sont prêtées, et on pense naturellement à cette partie du parcours sous la zone de protection de la biodiversité quand, en compagnie de son compagnon d’écurie Sam Goodchild, les deux skippers VULNERABLE apparaissaient en deuxième et troisième place du classement provisoire.
Ca s’est joué à rien…
« Je suis naturellement déçu de cette 5ème place, car je visais mieux » poursuit Thomas, « mais l’analyse des circonstances de course ne me laissent aucun regret. J’aurai pu jouer avec Charlie et forcer le passage de ce front qui a déterminé l’issue de la course, mais l’état de la mer sur cette partie du Gulf Stream était vraiment casse bateaux et je n’ai pas voulu jouer à ce jeu. Ce front ondulait curieusement. Je pensais bien l’avoir passé un temps, sous la pluie et dans du Sud Ouest, mais il m’est revenu dessus et je n’ai plus réussi à l’accrocher. Ca s’est joué à rien. On a rarement eu des conditions conformes à nos fichiers meteos, et il a fallu en permanence s’adapter, reprendre la main sur nos routages. Bref, s’adapter et je crois que dans cet exercice de la navigation à court terme, Sam et moi nous en sommes bien sortis en approche des Açores.»
1 500 milles au près pour finir !
« J’attends avec impatience le débriefing avec Sam, mon équipe de TR Racing et les ingénieurs de chez Advens. Il y a beaucoup d’enseignements à tirer et on ramène énormément d’informations positives de cette transat. On a vraiment utilisé nos bateaux à 100%. Je ne déplore aucune casse malgré des conditions parfois très dures. Il m’aurait fallu plus de vent pour le type de J2 que j’ai, en connaissance de cause, choisi. Les derniers 1 500 milles au près ont été favorables à Jérémie (Beyou Charal) et Seb (Simon – Groupe Dubreuil) dont le J2 est mieux adapté au près. J’assume mes choix. Je n’ai ni la carène ni les foils pour me battre au près dans moins de 16 noeuds de vent. Pour toutes ces raisons, je pense être à ma place dans cette transat. Je n‘en nourri aucune inquiétude ni appréhension, surtout pas dans la perspective du Vendée Globe. C’était une forme de vulnérabilité que j’assume car elle met en lumière et par contraste de nombreux points forts de notre projet. »
Cette expérience d’une vulnérabilité assumée est une force de l’écurie TR Racing. Elle permet à l’équipe d’être mieux préparé et meilleur collectivement dans l’optique du Vendée Globe. Une belle illustration de la campagne sur la vulnérabilité que portent Advens et ses partenaires Entourage, Team for the Planet et l’Institut Curie.
Le skipper Britannique de VULNERABLE Sam Goodchild s’est installé hier dans un fauteuil qu’il connait, bien celui de troisième d’une course transatlantique majeure. On se souvient que lors de l’exercice 2023 du championnat IMOCA, il était, lors de chacune des 4 courses au programme, monté sur la troisième marche du podium. Bien calé « dans la roue » de son camarade d’écurie Thomas Ruyant, il suit depuis 24 heures une route efficace plein Est, à belle allure travers à un flux Nord de plus en plus tonique. Il devra, après avoir contourné le sud de la zone de protection des cétacés des Açores, serrer davantage le vent, et entamer un pénible et redouté épisode de près pour orienter progressivement son étrave vers le cap Finisterre et la France. ETA Les Sables : lundi 10 juin ?
Thursday 6 June 2024
Sam holds his rank
The British skipper of VULNERABLE Sam Goodchild , settled yesterday into a position he knows well, that of third in a major transatlantic race. One may remember that during the 2023 IMOCA championship, he finished third in each of the 4 races on the programme. Closing on his Team mate Thomas Ruyant, he has been following an efficient course due east for the past 24 hours, making good speed through an increasingly brisk northerly flow. After rounding the south of the Azores biodiversity protection zone, he will get into a rougher breeze and begin a painful and dreaded upwind spell to gradually turn his bow towards Cape Finisterre and France. ETA Les Sables: Monday 10 June ?
Mercredi 5 juin 2024
VULNERABLE, 4ème à mi parcours
Un peu par choix, beaucoup par contrainte, VULNERABLE et Sam Goodchild attaquent en ce 7ème jour de mer, le contournement de la zone d’exclusion des baleines autour de l’archipel des Açores. Une route certes pas envisagée au départ de New York, mais que les circonstances météos ont imposé aux solitaires. Sam a tiré avec beaucoup d’à propos, parti des belles conditions de navigation des dernières 24 heures, glissant au portant et sur mer plate avec une belle efficacité pour s’emparer ce matin d’une très provisoire 4ème place, à vue de Thomas Ruyant sur l’autre VULNERABLE. Il se prépare désormais à une succession d’allures et configurations météos très diverses, avant de pointer son étrave vers les Sables d’Olonne. Le contournement des Açores par le Sud se fera via une zone de transition peu ventée après un épisode de reaching, et se concluera par une longue phase au près, dans de la mer et du vent soutenu. Un profil de course que Sam, toujours aussi affable et serein, aborde avec le sang froid et la distance émotionnelle qu’on lui connait, et qui sont aussi sa marque de fabrique.
Sam Goodchild
« On est au Sud un peu par choix et beaucoup par contrainte. Le vent qu’on avait n’était pas celui de nos fichiers, et on a un peu subi, à cause de ce fameux front qui a dicté ce choix de route. Il y a une dépression qui se creuse sur les Açores. On va passer près de l’archipel. On attend du vent fort et de la mer. On est au portant au jourd’hui mais on a une zone de transition au sud des Açores. Il restera ensuite 1 000 milles au près. J’aime bien aller vite. C’est intéressant d’être au contact avec Jérémi, Seb et Thomas. On soigne les réglages, surtout sur mer plate. Le vent monte, la mer se forme et cela deviendra plus difficile de faire marcher le bateau, aller vite sans planter dans les vagues. »
Mardi 4 juin 2024
Passionnément déconcertante!
En son 6ème jour de course, la New York Vendée offre le déconcertant visage d’une flotte éparpillée du confins de l’Atlantique Nord aux Açores. Trois groupes tentent de déchiffrer la meilleure trajectoire vers Les Sables d’Olonne, encore distante ce matin pour les leaders de plus de 1 300 milles. Les leaders échappés il y a 48 heures derrière un front aussi rétif que velu, ne suivent désormais plus le même destin. Si l’échappée belle continue pour Charlie Dalin (MACIF -Santé Prévoyance), la trajectoire plein Nord de Boris Herrmann (Malizia Seaesplorer) loin dans l’est de Terre Neuve, a ravivé les espoirs de leurs poursuivants. Scindés en deux groupes distincts, les solitaires aux appétits retrouvés doivent cependant se torturer les méninges pour trouver la meilleure voie face aux vents d’Est en circulation sur leur route Vendéenne. Sam et son VULNERABLE ne manquent certes pas de motivation, « coincés » entre Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) à bâbord, et Jérémi Beyou (Charal) sur tribord, avec son compagnon d’écurie Thomas Ruyant à portée VHF sous son vent. Au terme du 6ème jour de course, bien malin qui pourrait désigner les dauphins d’un Charlie Dalin intouchable dans l’esprit de chacun. Revenus sur une route désormais rapprochante, les solitaires partisans contraints du Sud se reprennent à y croire. ils vont chercher à se rapprocher aujourd’hui de l’archipel des Açores où un régime d’Est Nord Est leur imposera un nouvel exercice dans cette transat de toutes les configurations, celui du près.
Tuesday 4 June 2024
Passionately disconcerting!
In its 6th day of racing, the New York Vendée is showing the disconcerting face of a fleet scattered from the farthest horizons of the North Atlantic to the Azores. Three groups are trying to decipher the best course towards Les Sables d’Olonne, this morning still over 1,300 miles away for the leaders. The leaders who escaped 48 hours ago behind a retiree front are no longer following the same destiny. While Charlie Dalin (MACIF -Santé Prévoyance) continues to make good his breakaway, Boris Herrmann’s (Malizia Seaesplorer) trajectory due north a long way east of Newfoundland has rekindled the hopes of those chasing after him. Split into two separate groups, the solo sailors with their new-found appetites are struggling to find the best route in the face of the easterly winds circulating on their Vendée route. Sam and his VULNERABLE are certainly not lacking in motivation, stuck between Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) to port, and Jérémi Beyou (Charal) to starboard, with his stable mate Thomas Ruyant within VHF range to leeward of him. At the end of the 6th day of racing, it’s hard to say who will be the runner-up to the untouchable Charlie Dalin. Back on a route that is now closing in, the solo sailors forced to head south are starting to believe again in their chances. Today, they will be looking to get closer to the Azores archipelago, where an ENE’ly pattern will force them into a new exercise in this transatlantic race of all configurations, upwind sailing.
Lundi 3 juin,
2 élus et 26 recalés…
Si en course au large, rien n’est jamais tout à fait joué avant le franchissement de la ligne d’arrivée, force est de constater en ce 5ème jour de course que dès hier matin les Dieux Eole et Neptune avaient choisi leurs lauréats. Ils ont jeté leur dévolu sur l’Allemand Boris Herrmann (Malizia- Seaexplorer) et sur le Havrais Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), « autorisés » à se glisser sous une barrière de péage, matérialisée par un vaste front actif ,avant qu’elle ne se referme devant les étraves des 26 autres concurrents. Sam Goodchild et son VULNERABLE cherchent depuis, sur une voie très éloignée de la route directe, un passage leur permettant à la fois de se sortir de conditions de navigation impropres à la glisse et à la vitesse, et de progresser enfin avec un gain significatif vers la Vendée et Les Sables d’Olonne. Les écarts en faveur du duo échappé ne cessent de croitre, et c’est bien pour le gain de la 3ème place que les 26 solitaires « laissés pour compte », vont désormais se battre. 5ème ce matin, Sam a en ligne de mire Jérémi Beyou (Charal) et évolue désormais à la latitude des Açores, à 2 000 milles de l’arrivée. Il sait ne pas en avoir terminé avec les difficultés de cette étrange transat et que de nouvelles zones de transition sont à négocier, avant d’entamer, au près, des épisodes plus ventés. Le nez dans les nuages, souvent hors de son cockpit à observer courants et masses d’air, Sam et ses compagnons d’infortune délaissent souvent leurs outils informatiques pour naviguer, un peu à l’ancienne mode, au ressenti et au feeling. Une configuration qui ne déplait pas à notre British qui jamais ne boude son plaisir d’être en mer.
Sam Goodchild :
« Les prévisions changent toutes les douze heures et on n’a jamais tout à fait ce qui était annoncé. Le Golfe Stream ne nous a pas permis d’avancer comme nous le souhaitions et de suivre nos routages. On n’a pas pu rejoindre le front qui a continué d’avancer devant nous vers l’Est. C’est difficile de trouver le bon choix de voiles. »
Monday 3 June 2024
2 elected and 26 rejected…
In ocean racing, nothing is ever completely decided until the finish line is crossed, but on this 5th day of the race, it seems like, as early as yesterday morning, the gods Aeolus and Neptune had chosen their winners. They set their sights on Germany’s Boris Herrmann (Malizia- Seaexplorer) and Le Havre’s Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance), who were ‘authorised’ to slip under a toll barrier, materialised by a vast active front, before it closed in on the bows of the 26 other competitors. Since then, Sam Goodchild and his VULNERABLE have been looking for a route, a long way from the direct course, which will enable them to escape rough sailing conditions, unsuitable for speed and gliding, and to finally make significant headway towards the Vendée and Les Sables d’Olonne. The gaps in favour of the escaped duo are widening by the hour, and the 26 solo sailors ‘left behind’ will now be fighting it out for 3rd place. 5th this morning, Sam has Jérémi Beyou (Charal) in his sights and is now sailing at the latitude of the Azores, 2,000 miles from the finish. He knows that he is not done with the difficulties of this strange transatlantic race and that there are new transition zones to negotiate, before the upwind sections of the race get into their stride. With his nose in the clouds, often outside his cockpit observing currents and air masses, Sam and his fellow sailors often abandon their computer tools to sail, a bit in old-fashioned ways, by feel and gut feeling. A configuration that does not displease our British sailor, who never shies away from the pleasure of being at sea.
Sam Goodchild:
“The forecasts change every twelve hours and we never quite get what was predicted. The Gulf Stream didn’t allow us to make as much headway as we’d hoped and follow our routing. We weren’t able to join the front, which continued to move eastwards ahead of us. It’s difficult to find the right choice of sails. »
Dimanche 2 juin 2024
Regroupements…
Conséquence attendue du rapprochement de la flotte d’un centre dépressionnaire et ses vents erratiques, un certain regroupement aux avant-postes est observé ce matin, après 3 jours et demi de course. Sam Goodchild voit revenir dans son tableau arrière nombre de concurrents, tandis que l’élastique des écarts s’est de nouveau tendu, à l’avantage des leaders, premiers non seulement à retrouver un vent plus stable et plus soutenu, mais surtout en capacité d’orienter leur étrave vers la route directe, avec un maximum d’efficacité en termes de gain sur la route. Ce n’était pas encore le cas pour le VULNERABLE du Britannique de l’écurie TRRacing pointé ce matin à près de 80 milles du leader Boris Herrmann (Malizia Seaexplorer) lancé a plus de 17 noeuds sur la route directe. Ciel bouché, mer creusée, vent instable, la New York Vendée affiche un jour bien éloigné des physionomies envisagées. Peu de répit pour les solitaires qui, à l’instar de Sam, attendent les vents de Sud soutenus pour espérer pouvoir enfin, avec une vitesse stabilisée, retrouver leurs rythmes de navigateur solitaire.
Sam Goodchild :
« Je ne suis pas surpris du rythme de la course, Je n’en attendais pas moins de mes camarades de jeu qui vont très vite. La météo est instable au possible, et il n’est pas facile de trouver le bon passage autour du centre de la dépression. Le vent ne reste pas stable très longtemps et il faut manoeuvrer en permanence. Difficile de dormir dans ces conditions, de 15 à 25 noeuds de vent en quelques minutes. Quelques grains aussi. J’essaie de rattraper let de contourner le centre de la dep. C’est intéressant. Je suis content de mon placement sur l’eau. J’ai du mal à faire le même cap que les autres, n’ayant plus la bonne voile. J’ai eu du mal à trouver le sommeil et à bien m’alimenter. J’espère que dans le vent mieux soutenu, je parviendrai à faire quelques vraies siestes. »
Sunday 2 June 2024
Bunching up…
The expected consequence of the fleet’s approach to a low-pressure centre and its erratic winds is a certain regrouping at the front this morning, after 3 and a half days of racing. Sam Goodchild is seeing a number of competitors piling up to his rear, while the elastic of the gaps has tightened once again, to the advantage of the leaders, first not only to find a more stable and steady wind, but above all able to direct their bows on a direct course, with maximum efficiency in terms of gains along the way. This was not yet the case for the VULNERABLE of the British sailor from TRRacing Team, clocked up this morning nearly 80 miles behind the leader Boris Herrmann (Malizia Seaexplorer), who was making over 17 knots on the direct route. Cloudy skies, deep seas, unstable winds, the New York Vendée appears far removed from the physiognomy envisaged. There’s little respite for the solo sailors who, like Sam, are waiting for the steady southerly winds so that they can finally get back into their solo sailing rhythm at a steady speed.
Sam Goodchild:
“I’m not surprised by the pace of the race. I expected no less from my fellow competitors, who are going very fast. The weather is as unstable as it gets and it’s not easy to find the right passage around the centre of the low. The wind doesn’t stay steady for very long and you have to manoeuvre constantly. It’s hard to sleep in these conditions, with 15 to 25 knots of wind in just a few minutes. A few squalls too. I’m trying to catch up and get around the centre of the low. It’s interesting. I’m happy with my position on the water. I’m finding it hard to rest and feed properly. Maybe when the wind picks up a more steady pace…. »
Saturday June1st 2024
The calm before…
The 28 solo sailors in the New York Vendée, who set off from the United States last Wednesday, are discovering with some surprise the rather unusual face of the Atlantic Ocean at this time of year. There is no question of large depressions descending from Labrador, but rather ridges of high pressure to deal with, the prelude to a rapid strengthening of the wind from the South. The solo skippers finished off an interesting sprint yesterday evening, which they also used to position themselves for the crossing of the ridge of high pressure which complicated and enlivened their night. Changes of course and sail combinations kept them busy, as they were unsure of the wisdom of their choice of route. Boris Herrmann (Malizia Seaexpolore), once a strong leader, has left his N° 1 ranking to Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) to leeward of him, while Sam Davies (Initiatives Coeur) is attempting a passage to the south. Sam Goodchild, 25 miles from the leader, in a more conservative mode is pursuing an intermediate route under the low-pressure centre developing beneath Newfoundland. Strong Southerly winds are kicking in to the east of this trough and the first to jump in will find a fast pace on the direct route. The sea remains favourable for working the magic of the foils, at least until the next slowing down envisaged in the heart of the Atlantic and foreshadowed by a new ridge of high pressure. To the whims of the ocean, the solo sailors are responding with a fine display of energy on deck, and imagination at the chart table to make the most of this decidedly uncooperative weather…
Samedi 1er juin 2024
Le calme avant…
Les 28 concurrents de la New York Vendée, partis des Etats-Unis mercredi dernier, découvrent avec un peu d’étonnement le visage assez inhabituel de l’océan Atlantique en cette saison. De grosses dépressions descendues du Labrador, il n’est pas question, mais plutôt de dorsales anticycloniques à gérer, préludes à des renforcements rapides d’un vent venu.. du Sud. Les solitaires en ont terminé hier au soir avec un intéressant sprint de vitesse pure, qu’ils ont aussi mis à profit pour se placer en vue du franchissement de la dorsale qui est venue compliquer et animer leur nuit. Changements de caps et de combinaisons de voiles les occupent, dans l’incertitude du bien fondé de leurs choix de route. Boris Herrmann (Malizia Seaexpolore), longtemps leader à laisser son siège à Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) sous son vent, tandis que Sam Davies (Initiatives Coeur) tente un passage par le Sud. Sam Goodchild, à 25 milles du leader, évite de tenter le diable et poursuit une voie intermédiaire sous le centre dépressionnaire en voie de développement sous Terre-Neuve. De forts vents de secteur Sud s’activent à l’Est de se creux et le premier à s’y jeter retrouvera une allure rapide sur la route directe. La mer demeure propice à faire parler la magie des foils, au moins jusqu’au prochain ralentissement envisagé au coeur de l’Atlantique et préfiguré par une nouvelle dorsale. Aux caprices de l’océan, les solitaires répondent par une belle débauche d’énergie sur le pont, et d’imagination à la table à cartes pour tirer le meilleur d’une météo décidément peu coopérative…
Vendredi 31 mai 2024,
Garder la cadence
Journée bien chargée que celle de Sam Goodchild hier. Le skipper Britannique du plan Verdier VULNERABLE a dû, à au moins deux reprises, mettre sa course entre parenthèses, pour gérer de menus soucis techniques hélas très chronophage. Réparation sur sa grande voile d’avant déchirée, puis un peu de mécanique moteur ont scandé sa journée. Dans le même temps, le groupe de tête, auquel il appartient toujours ce matin, allongeait la foulée dans un bon flux de Nord, certes instable en direction mais propice cependant à jouer avec les angles les plus favorables à la vitesse des foilers. En tête depuis le passage à la marque obligée dénommée « share the ocean », l‘allemand Boris Herrmann ne semble précisément pas d’humeur à « partage quoi que ce soit. Il imprime un rythme soutenu à la course et donne clairement le ton. Les solitaires sont pied au plancher, aiguillonnés par la faiblesse des écarts, et par cette course contre la montre et l’établissement devant leurs étraves d’une dorsale anticyclonique sous Terre Neuve, qui risque dès ce soir de leur barrer la route vers des vents portant de Sud Ouest. Toute le monde cravache et Sam peut se matin se féliciter de demeurer au contact du petit groupe de 6 IMOCAS légèrement détachés du gros du peloton sous son vent et sur une route plus Sud. Les foilers mangent encore aujourd’hui leur pain blanc, mer plate et allures favorables aux décollages des coques. Priorité encore aujourd’hui à la vitesse avant le franchissement plus stratégique de la dorsale.
Keeping up the pace
Sam Goodchild had a busy day yesterday. The British skipper of the Verdier design VULNERABLE had to put his race on hold on at least two occasions to deal with some minor technical issues, which unfortunately took up a lot of time. Repairs to his torn headsail, followed by a little engine work, were the order of the day. At the same time, the leading group, to which he still belongs this morning, was pushing hard in a good northerly flow, yet unstable but nonetheless interesting to playing with the most favourable angles for the foilers. In the lead since passing the obligatory ‘share the ocean’ mark, Germany’s Boris Herrmann doesn’t seem to be in the mood to ‘share anything’. He is setting a steady pace for the race and clearly setting the tone. The solo sailors are pushing hard, spurred on by the narrowness of the gaps, and by this race against the clock and the establishment ahead of their bows high pressure ridge under Newfoundland, which is likely to block their route to downwind SW’ly winds later on this evening. Everyone is on attack mode, and Sam can congratulate himself on remaining in contact with the small group of 6 IMOCAS slightly detached from the main pack to leeward of him and on a more southerly course. The foilers are still enjoying favorable conditions today, with flat seas and great sailing and foiling angles. The priority today is still speed before the more strategic crossing of the ridge of high pressure.
Sam Goodchild:
“A busy day. The first night was very sporty with the wind changing all the time. Then there was this tear in the quad (large gennaker). A lot of energy spent on small repairs. The frontrunners go very fast and with these little setbacks, I couldn’t keep up the pace. Otherwise all’s well. I didn’t sleep much and didn’t eat much. I’m going to make up for it.”
Jeudi 30 mai,
Sam Goodchild et la polyvalence
Départ hier soir 20 heures de la New York Vendée, course en solitaire longue de 3 200 milles depuis le large de Long Island, en direction des Sables d’Olonne. Des 28 concurrents lancés à petite allure sur une ligne de départ virtuelle, Sam Goodchild peut se targuer d’une excellente entrée en matière, parfaitement dans le timing GPS de la procédure inhabituelle de ce lancement de course. Il privilégie depuis un placement de son VULNERABLE au vent de la flotte, le plus à l’Ouest. Son plan Verdier de 2019 si parfaitement optimisé qu’il semble taillé pour le profil de cette édition de la transat d’Ouest en Est. Point de grandes dépressions à chevaucher le plus longtemps possible pour les solitaires, mais un panaché de toutes les allures, du petit temps du départ, à un épisode de portant vite bloqué par la présence en Atlantique d’une vaste dorsale anticyclonique, à peine bousculée par un train de dépression positionné très Sud et qui va contraindre un contournement par le Nord aux allures proches du lit du vent. Un mix de régîmes de vents qui pourrait faire les affaires du champion du monde IMOCA en titre. Sam délaisse pour l’heure le classement général, évoluant loin de la route directe d’où sont relevés les classements. Sa route météo lui impose de nombreuses manoeuvres et virements de bord et le Britannique espère bien toucher avant ses camarades de jeu le Sud Ouest attendu du côté de la marque de parcours virtuellement positionnée ce matin quelques 120 milles dans son Sud Est.
Thursday 30 May 2024
Sam Goodchild and versatility
The start of the New York Vendée, a 3,200 mile solo race off Long Island, bound for Les Sables d’Olonne, was given at 8pm yesterday evening. Of the 28 competitors set off at a slow pace along a virtual start line, Sam Goodchild can claim an excellent start, perfectly in line with the GPS timing of the unusual procedure for this race launch. Since then, he has favoured placing his IMOCA VULNERABLE to windward of the fleet, the furthest to the west. His 2019 Verdier design is so perfectly optimised that she seems to have been cut out for the profile of this edition of the transatlantic race from west to east. There will be no major lows for the solo sailors to straddle on, but a mix of all boat speed, from light airs at the start, to a downwind episode quickly blocked by the presence in the Atlantic of a vast ridge of high pressure, barely disturbed by a train of lows positioned way South, which will force them to round to the North in upwind conditions. A mix of wind regimes which could do the reigning Imoca world champion some good. For the time being, Sam is leaving the general ranking to the side, as he is sailing far from the direct route from which the rankings are drawn up. His weather route is forcing him to make a lot of manoeuvres and tack changes, and the Briton is hoping to reach the expected SW’ly before his fellow competitors, close to the course mark virtually positioned this morning some 120 miles to his SE.
After a break of five months to recharge his batteries, and for his boat to complete its winter re-fit, the British IMOCA star Sam Goodchild returns to competition this week at the start of a solo transatlantic race.
Alongside 29 other IMOCA skippers, Goodchild, at the helm of VULNERABLE, will take on the daunting challenge of the 3,600-nautical mile New York Vendée-Les Sables d’Olonne race, which promises to be a fast and furious dash across the north Atlantic.
The west-east transat is the final qualifier for this year’s Vendée Globe and the last big offshore test before the “Everest of the Seas” sets sail from Les Sables d’Olonne in November, when Goodchild makes his debut on the solo round-the-world course.
For the British skipper, who sails alongside Thomas Ruyant in the Lorient-based TR Racing team, this is quite a return to competition after an astonishing first year in IMOCA in 2023. During that season Goodchild took part in The Ocean Race and then compiled four consecutive third place finishes in his first four races in the class to become IMOCA Globe Series Champion.
The ever-modest and understated 34-year-old British skipper, who lives with his French wife and two children in Brittany, is aware that even though his boat is no longer at the very leading edge in terms of its age, he has quite a record to live up to.
“Yeah definitely, I can feel the pressure of expectation a bit, but it’s more from myself than anyone else,” he said in New York, relaxing after completing an early morning run in Central Park with other members of the TR Racing team. “There’s no one outside saying ‘yes Sam, you’ve gotta do what you did last time.’ But, for sure, in a way, the 2023 season set a bit of a precedent.”
Reflecting on his constant presence on the podium, which included third place in the two-handed Transat Jacques Vabre alongside co-skipper Antoine Koch, Goodchild added: “We knew we were punching above our weight last year, and we were helped out by other boats having issues one way or another. So there are no illusions as to where our – or my – place in the fleet is. But that doesn’t stop me from enjoying finishing third…”
In preparation for the start of this race, Goodchild and Ruyant’s boats were delivered to New York by members of the TR Racing technical and shore team. This allowed both skippers to sit out The Transat CIC race, part of a strategy to ensure they are fresh and properly rested for the challenge of the Vendée Globe in the autumn.
It also means both skippers are fully charged up for this race. Same time last year Sam sailed west-east across the Atlantic as part of the crew of Holcim-PRB in last year’s Ocean Race, when that team set a remarkable outright monohull 24-hour distance record of 640 miles. He knows this can be a blisteringly fast downwind thrash, which is likely to see the 2016 winning time – nine days and 16 hours set by Jérémie Beyou – broken.
“A year ago we broke the 24-hour record on basically the same course on an IMOCA so yes, this could be a pretty fast and impressive ride. That was a five or six-day transat, before the finishing section into Denmark and, OK, we were fully-crewed, but this race has also got the potential to be pretty impressive,” said Goodchild.
Under the qualification rules for the Vendée Globe, Goodchild needs to complete the first 860 miles of this race to make absolutely certain of his place on the startline in November, so he may hold back a bit in the early stages. “The first two or three days I might have to bear that in mind, depending on the conditions, but once I’m past that 860-odd miles threshold, I can chill out a bit more,” he said.
Goodchild’s VULNERABLE – the 2019-vintage Guillame Verdier foiler, formerly LinkedOut and For The Planet – is in excellent condition. For its skipper, this race is all about one last chance to settle in, in solo mode, for the big one in November.
“I want to feel that we are in a good place for the Vendée basically,” explained Goodchild. “I want to be comfortable on board, comfortable with the sails and just be comfortable on my own and managing sleep and food and nutrition. My aim is to use this race, not quite as a dry run for the Vendée Globe, but to feel as comfortable as possible so the next time I go for a big offshore – which will be the Vendée Globe – everything is as prepared as can be.”
In terms of his rivals, on a mainly downwind course that is likely to feature one or more low pressure systems driving the fleet eastwards, Goodchild is well aware that Yoann Richomme is currently setting the benchmark after two consecutive race wins.
“I think for most people in the fleet his performance has not at all been a surprise, given his sailing CV, his team and his boat,” he said of the Paprec Arkéa skipper. “He’s got a pretty deadly combo, so it’s not a massive surprise to see him up there. But I think we’ll see Thomas Ruyant back up at the front too, alongside Charlie Dalin (Macif Sante Prévoyance) as well, while I’ll be there to get in the way,” he noted laughing.
This is the first race under the new VULNERABLE identity, with both TR Racing boats sailing under the same name, a first in IMOCA. It’s a unique campaign devised by Alexandre Fayeulle, founder and president of Advens, a European flagship in cyber security, founding and title partner of TR Racing.
Goodchild is fully behind the new concept. “Alexandre is an ambitious person who has always tried to think outside the box and do things differently,” he said. “He’s been very successful at that, whether it’s been in business or with his sailing projects.
“The vulnerable idea is bringing together all the vulnerabilities of the planet, of our boats, of us as people and our vulnerability in terms of cyber security online. So it brings all that together under the same umbrella and with the tagline ‘embrace your vulnerability.’ It’s about putting it all in the forefront of our minds and not sweeping it under the carpet, embracing them and making them a strength.”
Goodchild added that the decision to name the team’s two boats the same has already proved a big talking point in world sailing and within the IMOCA class. “That’s mission accomplished,” he said. “If you’ve got everyone talking about the boats and their names and what that means, then that’s the whole idea, isn’t it?”
Sam Goodchild débutera mercredi sa saison IMOCA, avec pour prélude à son premier Vendée Globe, sa première transat en solitaire de l’année, la New-York Vendée Les Sables, aux intenses senteurs Sablaises. Le skipper VULNERABLE va additionner les milles nécessaires à sa qualification définitive à cette circumnavigation de tous ses rêves. Il va aussi s’attacher à retrouver tous ses réflexes de navigateur solitaire, dans la droite ligne de la remarquable saison 2023 qui l’a porté en tête du championnat IMOCA. Toujours aussi maitre de lui-même, imperméable à toute forme de pression, le Britannique endosse avec flegme une casaque d’outsider qui le fait sourire, tant sa vérité propre réside dans sa capacité à s’enfermer dans la bulle de ses certitudes, rétif au doute et autres sentiments toxiques à la performance.
Une route météo peu commune…
« Pas de pression particulière quant à ma qualification. Je dois rajouter quelques milles à mon total actuel et cela ne me préoccupe pas outre mesure. J’ai surtout grand hâte de partir naviguer, en solitaire, sur l’océan. » explique avec désinvolture « Cool hand Sam ». Le skipper de VULNERABLE, le plan Verdier de 2019 profite d’un estival séjour New Yorkais pour entrer avec calme et concentration dans son premier rendez-vous océanique de l’année, ayant, à l’instar de son compagnon d’écurie Thomas Ruyant, choisi de faire l’impasse sur The Transat en mai. « Le bateau est arrivé en parfaite condition à New York. Mes équipes ont fait un travail exemplaire lors du convoyage. Le bateau est dans une configuration solitaire, et n’a nécessité aucun travail de fonds à New York. Même l’avitaillement a été fait, en partie à New York, l’autre à partir de produits maison. Cette Transat constitue un exercice très intéressant en termes de route météo. On va naviguer dans le sens des grands systèmes météos, ce qui n’exclue pas quelques transitions. Il y a des zones d’exclusion aux glaces et aux cétacés qui influent sur nos choix de route, mais le jeu consistera pour chacun des 29 concurrents à accrocher une dépression descendue d’Amérique du Nord, et de la chevaucher le plus longtemps possible vers l’Europe. Facteurs contrariant, les mouvements des grands courants Américains, Gulfe Stream et du Labrador, qui nous vaudront certainement quelques perturbations en chemin, en plus des inévitables et légendaires brumes et brouillards sous Terre Neuve. »
Une ligne de départ quasi-virtuelle !
Autre curiosité et de taille de cette transat d’Ouest en Est, la ligne de départ, mouillée virtuellement à quelques 100 milles dans l’Est de l’embouchure de l’Hudson. « Cela va être un moment particulier, puisque la ligne est figurée virtuellement sur une heure GPS. Certes, elle sera très longue, mais il n’y aura pas de bateau comité pour la matérialiser. Ce sera sur nos écrans que nous jugerons du passage de ligne, avec une balise haute fréquence pour assurer le Comité de course du bon franchissement de ligne de chaque concurrent. »
Un bateau abouti et au meilleur de sa préparation, un skipper surmotivé, un plateau de très haut niveau, 3 600 milles d’Atlantique à traverser, et une arrivée dans la ville symbole du Vendée Globe. Pas mal pour lancer la saison d’un Sam Goodchild désormais installé parmi les coureurs qui comptent dans la très élitiste classe IMOCA.
Thomas Ruyant ouvre sa si importante saison 2024, celle qui culminera le 10 novembre prochain avec le départ de la 10ème édition du Vendée Globe, par un format de course transatlantique parfaitement dans ses préférences. 3 600 milles nautiques d’océan Atlantique, à disputer d’Ouest en Est depuis New York City, avec une arrivée jugée aux Sables d’Olonne, où le skipper Dunkerquois de l’IMOCA VULNERABLE, accéléré par Advens, donne rendez-vous aux amoureux du tour du monde en solitaire à la voile et sans escale. Une transat en forme de sprint pour les monocoques de 18,28 mètres, prompts à dévorer les vastes espaces océaniques pour peu que l’habituel jeu des dépressions venues du Groenland se mette en place, et propulse en une grosse semaine les solitaires vers les rivages Vendéens. A quelques jours du départ, Thomas entre sereinement dans cet état d’esprit si particulier aux navigateurs solitaires au très long cours. Il va renouer avec cette complicité si exclusive qu’il entretient avec son bateau, et réciter la partition singulière de l’homme de mer en quête d’harmonie entre performance et science du marin.
43 ans à New York !
Profiter d’une ville escale comme New York n’est pas si habituel dans la vie d’un marin. Thomas Ruyant et les 28 autres protagonistes de la New York – Vendée deuxième du nom se laissent volontiers conquérir par le charme de la ville qui ne dort jamais. Un peu de sport, des Relations Publiques, une once de tourisme, et Thomas cède petit à petit à l’appel de ses fichiers météos, à son imaginaire déjà tout entier tourné vers les scenarii à venir de la transat. « Je commence inconsciemment à répéter mentalement mes gammes, envisager mes manoeuvres, changements de voiles, choix de routes… » avoue le Skipper du plan Koch-Finot Conq de 2023, qui a fêté dans la mégalopole Américaine ses 43 ans.
Une transat au demeurant très complète
Car si elle annoncé comme majoritairement marquée du sceau des allures portatives, cette course du Nouveau vers le Vieux monde recèle nombre de pièges et de spécificités propices à rebondissements. « On voit à ce jour qu’il existe au milieu de l’Atlantique des zones de transition. Le printemps est particulièrement chaud actuellement sur la Nouvelle Angleterre, et les trains de dépressions annoncés ne sont pas clairement au rendez-vous. De nombreux cas de figure sont encore à envisager pour les premiers jours de course » souligne Thomas. « Le courant du Labrador va rafraîchir l’atmosphère, et si le vent se cale au Nord Est à l’approche du continent Européen, ce ne sera pas une transat de tout repos, mais froide et avec du près à l’arrivée. Rien n’est encore totalement défini, mais c’est bien un exercice très complet qui nous est proposé, sous forme de sprint débridé. »
Thomas sera officiellement qualifié pour le Vendée Globe dès son franchissement de cette étrange ligne virtuelle qui préfigurera le départ de la New York-Vendée, quelques 100 milles dans le Sud Est de l’embouchure de l’Hudson. « Personne sur l’eau, pas de bateau comité, juste 29 solitaires… » C’est bien l’esprit libre qu’il pourra donner libre court à ses désirs de grands espaces, de course débridée et de compétition exacerbée, aiguillonnée par une concurrence plus aguerrie que jamais. « Tout ce que j’aime! ».
Thomas Ruyant et VULNERABLE devraient en finir demain à l’aube avec cette New York Vendée truffée d’imprévus et de surprises météos. Jérémie Beyou et son Charal décidément très à l’aise dès qu’il s’agit de serrer le vent, se sont échappés et devraient, sauf surprise, s’octroyer la nuit prochaine le gain de la troisième place. Thomas va jusqu’au bout tenter de résister aux assauts de Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), dont le décalage à son vent lui offre un meilleur angle aux flux de secteur Nord. Bien calé sur la route directe, Seb tire sur sa barre et accélère au reaching quand Thomas peine à une allure plus lofée. VULNERABLE devrait se présenter sur la ligne d’arrivée demain matin au terme de quasiment 12 jours de Transat durant laquelle son skipper ne se sera qu’épisodiquement fait plaisir au portant. Un exercice cependant riche d’enseignements que tous les acteurs de TR Racing et les experts d’Advens vont ces prochaines semaines disséquer et analyser, en se projetant cette fois dans le schéma ultime et extrême d’un tour du monde en solitaire et sans escale.
Dimanche 9 juin,
En ballotage pour la 3ème place
Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) s’est adjugé hier soir la victoire dans la New York Vendée. Il a su capitaliser de belle manière son in extremis passage du front qui a irrémédiablement, et dès le 4ème jour de course, éliminé l’ensemble de ses adversaires. Tous, sauf un , l’Allemand Boris Herrmann attendu ce soir en Vendée, qui pourra se targuer d’avoir profité loin dans son option Nord d’allures rapides et portatives quand tous les autres protagonistes de l’épreuve auront majoritairement navigué contre le vent. Reste donc à octroyer, demain soir ou mardi matin, la troisième place du podium. C’est Jérémie Beyou (Charal) qui est ce matin en ballotage favorable. Son plan Manuard a déjà prouvé sa redoutable efficacité au près et Jérémie en fait depuis les Açores la démonstration. Avec une quarantaine de milles de retard, Thomas Ruyant et VULNERABLE ne peuvent guère compter sur un bouleversement météo pour se refaire. Le vent est au Nord Nord Est et va y demeurer jusqu’à la ligne d’arrivée, avec seulement quelques variations en force et en direction à se mettre sous l’étrave. Thomas s’attache donc à clore sa deuxième transat en solitaire à bord de son plan Koch Finot Conq proprement, accumulant les enseignements en vue de son grand pari de la fin de l’année, le Vendée Globe.
Samedi 8 juin,
Louvoyage Ibérique
10 jours de course dans cette transatlantique New York Vendée aux improbables tournures. Le leader Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) progresse au louvoyage, en tirant des bords de près à l’entrée du golfe de Gascogne, riche d’un joli matelas d’avance qu’il a su entretenir depuis sa prise de pouvoir du 3 juin dernier. Boris Herrmann touche les bénéficies d’une option Nord qui l’a vu tutoyer les 57 degrés de latitude Nord. Il est depuis 24 heures l’unique solitaire à profiter d’allures portantes. Les prétendants à la dernière marche du podium, comme l’intégralité du reste de la flotte, se font secouer face au vent de Nord Est pour les plus sudistes, d’Est pour les autres. Thomas Ruyant, quelques 15 milles sous le vent de Jérémie Beyou (Charal) est encore en mesure de jouer ce podium. Avantage Beyou ce matin, en situation de contrôle. Les prochains virements de bord seront décisifs.
Vendredi 7 juin,
Speed tests Atlantique
Thomas Ruyant et VULNERABLE ont entamé peu avant minuit hier au soir, la remontée de l’Atlantique au large du Portugal, laissant loin dans l’Ouest l’archipel des Açores. Ils ont perdu leur compagnon de route et d’écurie Sam Goodchild, victime d’un démâtage. Thomas trouve sans surprise en Jérémie Beyou (Charal), l’adversaire idéal pour jauger et peaufiner les performances de son plan Koch Finot-Conq aux allures de près. Les deux hommes naviguent bord à bord, et Jérémie, en glissant cette nuit au vent de Thomas, s’est emparé de la deuxième place d’un classement toujours outrageusement dominé par Charlie Dalin. Le skipper de MACIF Prévoyance Santé, bien que moins rapide que ses adversaires ces dernières 24 heures, dispose toujours de 280 milles d’avance sur ses dauphins. Thomas Ruyant, à son corps défendant peut-être, se voit en ce 9ème jour de course proposé d’épuisantes sessions de navigation au plus près du lit du vent. La proximité immédiate du voilier de Jérémie, reconnu pour son aisance à cette allure, constitue un intéressant repère et le speed test en cours permet, à n’en pas douter, à Thomas de progresser toujours et encore dans ce domaine. Une nouvelle journée d’inconfort de brutalité s’avance, au près dans un vent de Nord Est tonique, et sur une mer dégradée plus on s’approche du Portugal. La progression vers le golfe de Gascogne se fera à coups de petits décalages qui pourraient engager Thomas et Jérémie dans un exercice proche du match race. Le scenario inattendu de la New York Vendée n’a certainement pas fini de nous surprendre.
Jeudi 6 juin 2024
La Transat la plus longue…
8 jours déjà que les 20 solitaires de la New York Vendée ont quitté les Etats Unis. L’intouchable leader Charlie Dalin (MACIF Prévoyance Santé) est encore à 900 miles du but. Loin derrière, en son Sud et Ouest, ses adversaires se déchirent en une quête de trajectoires les plus favorables vers une Europe qui se refuse obstinément, arc boutée derrière des trains de dépression qui transforment ce qui devait être une cavalcade au portant, en une harassante escalade d’abruptes talus dépressionnaires aux plus près du vent.
Thomas Ruyant et son VULNERABLE vont poursuivre toute la journée le contournement par le Sud de la zone de protection de la diversité des Açores. Ils se sont hissés hier à la faveur d’une belle journée de glisse sur la seconde marche du podium, aiguillonnés par leur camarade d’écurie Sam Goodchild, cramponné à son tableau arrière. L’heure du près s’avance, une allure pour laquelle le plan Koch Finot Conq de 2023 n’a pas précisément été dessiné. Totalement en phase avec sa course et sa vie de solitaire, Thomas dispose pourtant des armes pour défendre âprement son classement lors de la remontée vers les côtes du Portugal. Il devra batailler ferme face à un impressionnant groupe de 7 poursuivants, tous donnés au départ comme vainqueurs potentiels.
Thomas Ruyant :
« On est en position pour faire un podium avec Sam. On va avoir maintenant beaucoup, beaucoup de près et j’espère que l’on arrivera à tenir la cadence de Charal (Jérémie Beyou) qui va bien à cette allure qui est un peu moins faite pour mon voilier. Le bateau est nickel. J’ai mis un peu de temps à entrer dans ma course mais là je suis totalement dans le rythme. Le passage du front a été un moment difficile de la course. Je pensais l’avoir passé et être en mesure d’être avec Charlie mais le front m’a rattrapé. Cela s’est joué à rien. C’est comme ça. Je n’ai pas dormi beaucoup la nuit dernière. J’ai récupéré ce matin. Sam est dans mon tableau arrière actuellement, je le vois. C’est très intéressant d’avoir des bateaux autour de moi pour faire des speed tests et en vue du Vendée Globe.”
Mercredi 5 juin 2024
Thomas se place !
Thomas Ruyant et son VULNERABLE ont retrouvé cette nuit, au terme d’une jolie empoignade avec leurs compagnons de route Jérémi Beyou (Charal), Seb Simon (Groupe Dubreuil) et Sam Goodchild (VULNERABLE) une petite place sur le très provisoire podium de la New-York Les Sables. Le voile tombe sur le 7ème jour d’une course totalement folle, à l’imprévisible scenario qui laisse grand ouverte la porte du suspens, dans le sillage d’un Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) certes ralenti, mais solidement accroché au fauteuil de leader. Restent trois choix de route en concurrence ; celui un peu étonnant de Boris Herrmann, toujours pointé en deuxième position mais isolé et, oserions nous dire, un peu perdu dans son contournement d’un centre dépressionnaire par 53 ° de latitude Nord. Plus de 500 milles en son Sud, James Harayda ouvre au près, une voie intermédiaire à pas moins de 13 concurrents. Le reste de la flotte est donc emmenée ce matin par Thomas au niveau des Açores. Transat au portant avait-on annoncé, et c’est bien ces allures rapides pour lesquelles son plan Koch-Finot Conq a été dessiné que le Dunkerquois cherche, au sud de l’archipel Portugais, quitte à effectuer un grand détour par le sud de la zone de protection de la bio diversité. Une dépression s ‘y renforce dans l’Est de ce secteur et Thomas et ses compagnons de route, au premier rang desquels son camarade d’écurie Sam Goodchild, y voient une belle opportunité d’allonger la foulée vers les rivages portugais. Route longue et portative au Sud, plus poche de l’ortho mais au près au Nord, les jeux sont faits, à 1 500 milles de l’arrivée aux Sables d’Olonne.
Mardi 4 juin 2024
Décalages….
L’étrangeté des schémas météos qui règnent en Atlantique Nord en ce printemps conduit les solitaires de la New York Vendée à des choix de route extrêmes. Ceux ci se matérialisent sur l’échiquier océanique par d’impressionnants écarts en latitude. Boris Herrmann (Malizia-Seaexplorer), longtemps leader, évolue ce matin par plus de 51° de latitude Nord. (Par comparaison le Titanic a coulé par 41° Nord!). Il cherche dans l’ouest d’un anticyclone une solution “culottée » pour revenir vers l’Europe et faisait ce matin l’admiration étonnée de son « pote » Thomas Ruyant. Le skipper de VULNERABLE a, lui, retrouvé glisse et bonne allure quelques… 960 milles en son Sud, à la latitude du détroit de Gibraltar! La route du Dunkerquois et de son redoutable groupe où figurent quelques « clients » du calibre de Jérémi Beyou (Charal), Samantha Davie (Initiatives Coeur) ou Johann Richomme (Paprec Arkea) pour ne citer qu’eux, va flirter avec l’archipel des Açores et sa vaste zone interdite à la navigation dans cette New York Vendée, protection de la bio diversité oblige. Avec un Malizia en errance Labradorienne, nombreux sont, à l‘instar de Thomas, les coureurs à de nouveau rêver à un podium, Charlie Dalin semblant ce matin définitivement inaccessible, avec ses 470 miles d’avance sur le groupe sudiste, et autant sur un groupe intermédiaire. Désormais bien entré dans sa course, mieux en jambe et en maitrise de sa gestion du rythme de vie en solitaire, Ruyant se prend à y croire et laisse imperceptiblement son esprit de chasseur et de compétiteur l’envahir….
Thomas Ruyant
“Belle journée hier. Je suis un peu revenu sur les 4-5 bateaux qui me précèdent, après une nuit pas très rapide, avec une mauvaise combinaison de voiles. Je prends bien mes marques à bord. Ca m’a pris du temps mais je trouve des astuce qui me serviront pour le Vendée Globe. Il y a de bonnes conditions de glisse, un peu plus de vent que prévu. On va passer proche des Açores. Charlie est bien parti mais pour la deuxième place, tout est encore possible. Boris suit une option intéressante, mais osée. Je me vois arriver vers le 11 après midi.”
Lundi 3 juin 2024
La barrière d’un véritable passage à niveaux préfiguré par un vaste front en évolution au travers de l’Atlantique demeure obstinément baissée devant le gros de la flotte de la New York Vendée. Seuls deux bateaux, Malizia Seaexplorer de Boris Herrmann, et MACIF Santé Prévoyance de Charlie Dalin sont parvenus à se glisser en son Est. Ces deux marins cavalent depuis dans des vents soutenus sur une route efficace au Nord Est, et engrangent heure après heure les milles, portant ce matin leur avance sur le gros des troupes à plus de 250 milles. L’addition est donc salée pour les infortunés toujours aux prises en ce 5ème jour de course avec le contournement du front. Régime double peine pour Thomas Ruyant et son VULNERABLE, confrontés depuis 36 heures à d’infectes conditions de navigation, qui le contraignent à subir les éléments, et des choix de route absolument pas choisis, ainsi qu’il le décrivait hier :
« Pas simple cette transat. Mer compliquée avec le Golfe Stream. On a buté dans le front toute la journée d’hier. Charlie et Boris on réussi à traverser sur une route plus nord. Derrière le front, il y a des zones peu ventées, et le front continue d’avancer et on n’arrive pas à le traverser. C’était violent sur une mer casse bateaux, très pénible, pas propice à la vitesse… »
VULNERABLE a, dans ces conditions où préserver le bateau était souvent l’ordre du jour, rétrogradé à la 7ème place, au contact d’un gruppetto d’une dizaine de coureurs contraints de chercher sur une route au Sud Est, à 90° de la trajectoire directe, un très relatif salut. Boris Herrman et Charlie Dalin évoluent désormais dans un autre système météo sur un large boulevard, tandis que Thomas et consort cherchent toujours leur voie sur des chemins de traverse. L’addition, déjà salée, n’a pas fini d’enfler.
Dimanche 2 juin 2024,
Gulf Stream destructeur !
A l’instar de ses compagnons de route aux avant-postes de la new York Vendée, Thomas Ruyant se fraie un chemin bien chaotique en limite du centre dépressionnaire en fuite devant l’étrave de son VULNERABLE et face à un Gulf Stream qui lui barre la route, 4 à 5 nœuds de courant de face.
Il bataille dans des vents instables qui imposent à son foiler d’incessants changements de rythmes et de vitesses. En s’éloignant cette nuit de la route directe, il a lâché quelques milles à ses adversaires directs, accusant ce matin 70 de milles de retard sur les leaders ex aequo Boris Herrmann (Malizia -Seaexplorer) et Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance).
Des écarts qui se défont selon les caps choisis pour rallier au mieux des flux annoncés de Sud Sud Est propices à revenir rapidement sur la route orthodromique. Patience et sang-froid sont les ingrédients du jour dans l’exaspérant cocktail proposé, quand la multiplication des efforts sur le pont aux réglages et changements de voiles ne se concrétisent au final que par un faible gain sur la route. Thomas ne franchira que ce matin la barre des 1 000 milles parcourus, sur les 3 200 à franchir, après 3 jours et demi de mer.
Thomas Ruyant :
« C’est vraiment une course atypique. Etonnant de traverser dans ce sens ! Rien ne ressemble à ce que l’on imaginait. Déjà, cet étrange départ nous a mis dans une humeur très différente de celle de nos habituels début de course. Et les enchaînements météos que nous connaissons depuis sont vraiment déconcertants. Je ne peux pas dire que j’ai trouvé mon rythme de course. Mes phases de sommeil et de récupération sont réduites au minimum. Il faut constamment veiller aux oscillations du vent, en force comme en direction et les variations de vent sont brutales et imprévisibles. C’est pourquoi on ne peut se permettre de se relaxer. Il faut à tout moment être prêt à renvoyer ou réduire la toile. Le courant du Gulf Stream n’est pas fait pour arranger les situations. On essaie de ne pas trop y rentrer car la mer y devient vite mauvaise, et perturbe les bons réglages du bateau. Nous poursuivons le centre dépressionnaire qu’il nous faut traverser mais qui s’éloigne devant mon étrave. On va trouver du vent fort derrière, et un nouveau schéma de course va s’ouvrir… »
Samedi 1er juin 2024
Coup de frein
Le ralentissement envisagé de la flotte sous Terre-Neuve a débuté sans grande surprise hier soir pour les leaders de la New-York Vendée, avec l’entrée dans cette zone de haute pression peu ventée, premier péage sur la route de l’Europe. Chacun avait anticipé son point de traversée de cette langue de calmes en voie de comblement et l’heure est ce matin aux premières sentences. L’Allemand Boris Herrmann (Malizia Seaexplorer) auteur d’un remarquable début de course doit céder à Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) le leadership provisoire, mieux inspiré quelques 30 milles sous son vent. VULNERABLE de Thomas Ruyant a choisi une trajectoire similaire à celle du leader, imité en cela par ses deux prédécesseurs, Nico Lunven (Holcim PRB) et Jérémi Beyou (Charal). Un choix qui le porte à la 5ème place ce matin, avec un déficit de 13 milles au comptage effectué par rapport à la route directe. Comme le craignait le Dunkerquois la veille du départ à l’analyse de cette situation météo inhabituelle en Atlantique, les écarts demeurent faibles entre les protagonistes, et ce ralentissement observé tout au long de la nuit favorise le regroupement de la flotte. Question du jour : qui de la route sud empruntée par Samantha Davies (Initiatives Coeurs), ou de la route nord de Boris, espacée de plus de 100 milles, repartira le premier avec l’arrivée de flux de secteur Nord Nord Est? La route plus « conservatrice » suivie par VULNERABLE permettra t’elle de rallier les forts vents de Sud observés plus loin en Atlantique et propices à retrouver des vitesses dignes de ces étonnants foilers de la Classe IMOCA? C’est tout l’objet de cette quatrième journée de transat qui s’avance.
Vendredi 31 mai 2024
Les favoris au rendez vous
Pas moins de 7 IMOCAS, dernière ou avant dernière génération parfaitement optimisés impriment, depuis le passage à la marque « share the ocean », un rythme tonique à la transat. Ils trouvent dans un bon flux d’Ouest Nord Ouest tout le carburant nécessaire pour lâcher les chevaux et allonger la foulée. Charlie Dalin (Macif Santé prévoyance), ayant volé la vedette à l’Allemand Boris Herrmann (Malizia Seaexplorer)) ouvre la marche en costaud au vent d’un groupe qui comprend tous les favoris identifiés de cette transat vers la Vendée et les Sables d’Olonne. Thomas Ruyant s’y est fait une place à une dizaine de miles du leader, légèrement décalé sous le vent et tient la cadence endiablée des foilers. A l’évidence, nul ne veut rater le train des flux de Sud Ouest établis sous Terre Neuve, promesses de longues et belles cavalcades aux allures portatives, sur un Atlantique à l’humeur modéré et qu’aucune dépression n’a encore bouleversé. Des conditions typées pour VULNERABLE, et Thomas ne s’économise guère pour jouer au mieux sa partition, dans l’incertitude d’une deuxième partie de course peut-être moins favorable. Chacun soigne sa trajectoire dans la perspective d’une zone de transition à venir avec des vents de secteur Sud Ouest soutenus. Un empannage en aile de mouette permettra à tous ces protagonistes de poursuivre leur belle progression vers l’Est. La course de vitesse pure va se prolonger aujourd’hui. Les solitaires tirent sur leur machine, souvent au détriment du sommeil et de la nourriture. Les écarts sont ténus. La pression énorme.
Jeudi 30 mai,
Pour tous les goûts
Drôle de départ hier soir 20 heures, au milieu de nulle part, au large de Long Island, pour les 28 solitaires de la New York Vendée. Point de bateau comité, et une direction de course bien au chaud dans un bureau New Yorkais. Les navigateurs, GPS à l’appui, ont eux-mêmes géré leur compte à rebours pour franchir dans les règles une ligne de départ virtuelle. Sous un grand soleil et dans un vent plus que modéré d’Ouest Sud Ouest, ils sont entrés avec appétit dans leur dernier grand rendez-vous océanique avant le Vendée Globe (Départ 10 novembre.) Une partie hautement stratégique débutait alors, avec pour premier objectif un point de passage obligé marqué virtuellement quelques 173 milles dans leur Sud Est. Un détour bien volontiers admis par tous puisqu’il permet de s’éloigner d’une large bande de mer très fréquentée au plus près des côtes américaines par des cétacés de toutes sortes. C’est donc au près et au petit trot que Thomas et ses 27 concurrents entament leur périple de 3 200 milles théoriques. Des allures sur mer plate pour lesquelles le plan Koch-Finot Conq VULNERABLE n’a pas vraiment été conçu. Thomas soigne donc son placement, plutôt au vent du gros des troupes. Il entame en vérité sa deuxième nuit en mer, après cet étonnant stand by d’avant course hier. La flotte demeure très groupée, et les voiliers à dérives droites, dont aucun foil ne vient, en trainant dans l’eau, ralentir la marche, occupent les premières places, à la faveur de route au plus près de la route directe. L’épisode de près dans les petits airs va se prolonger toute la journée et c’est avec envie que les solitaires vont lorgner vers la marque à laisser à bâbord. Elle marquera l’entrée dans un flux de Sud Sud Est plus soutenu, favorable après un nouvel empannage salvateur, à enfin allonger la foulée. Thomas attend ce prometteur épisode avec impatience, car il fournira à son VULNERABLE le type de carburant qui lui sied. Cette Transat New York Vendée en offre décidément pour tous les gouts. Puis qu’à cette phase de portant, succéderont phases de transition, et longue épreuve au près pour se rapprocher de la vieille Europe. Point de record en vue dans ces circonstances, mais plutôt une course hachée, loin des scénarios habituellement envisagés en la présence de fortes dépressions descendues du Groenland. Celles-ci évoluent pour l’heure du côté des Açores, et vont offrir en leur façade Nord, des vents forts et contraires pour rallier Les Sables d’Olonne.